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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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seulement d'informations vous concernant.
    - Alors, dis-m'en davantage sur mon compte. De qui dois-je me méfier? Qui songe à me trahir?»
    Elle le regarda avec douceur.
    « Puissant Maître, ceux qui jetaient de la terre dans le tombeau étaient des gens de ma race. Tous les farangs ne comptent pas non plus parmi vos alliés. Certains de vos ennemis vous sont connus mais pas tous. C'est le cas, notamment, pour deux d'entre eux. Il s'agit d'un farang de grande stature... et aussi d'une femme.
    - Une femme ? Mais à quoi ressemble-t-elle donc ?
    - Elle est... très belle. Mais pas comme l'une des nôtres. »
    Phaulkon réfléchit. «Une Eurasienne? Tu n'es tout de même pas en train de parler de ma femme?»
    L'idée même était absurde, pensa-t-il.
    «Noble Seigneur, je n'ai que des visions confuses et je ne connais pas votre épouse.
    - Décris-moi au moins ce que tu vois.
    - Puissant Seigneur, elle est de ceux qui... »
    La vieille Somkit s'interrompit et ferma étroitement les yeux pour se concentrer. Manifestement, elle semblait avoir de plus en plus de mal à parler.
    «Allons, achève! s'impatienta Phaulkon.
    - ... qui vous trahiront.»
    Nouveau silence. La vieille femme rouvrit les yeux et regarda le Barcalon.
    «Auguste Seigneur, je vous ai dit tout ce que j'avais à dire. Il est temps, à présent, de vous rendre votre bague. »
    Phaulkon prit l'anneau avec un sourire et le remit à son doigt. Puis il sortit de sa sacoche une bourse remplie de pièces d'argent. La vieille femme s'était trompée dans ses prédictions, pensa-t-il, mais il ne lui en voulait nullement. Car elle n'avait rien de commun avec ces charlatans qu'étaient les brahmanes.
    « Mère, je sais que tu ne recherches pas la richesse pour toi-même. Toutefois, je te prie d'accepter cette récompense. Tu la distribueras dans ton village à ceux qui en ont le plus besoin.
    - Que le Seigneur Bouddha vous bénisse, Puissant Seigneur. Lorsque je quitterai cette terre, ma joie sera grande d'avoir eu la chance de rencontrer un homme tel que vous. On parlera de vous au Siam et votre destin demeurera encore dans tous les esprits bien après que vous aurez, vous aussi, abandonné ce monde. Car ce pays n'aura jamais qu'un seul Barcalon farang. »
    2
    Thomas Ivatt, gouverneur de la province stratégique de Mergui, était un mandarin de première classe possédant huit mille marques de dignité.
    Perplexe, il haussa un sourcil. Une Européenne? Ici? Et qui veut me voir? Une mem ? Un événement rare, en vérité ! Il passa une main dans ses boucles brunes indisciplinées tout en réfléchissant. Avait-il jamais vu, jusqu'ici, une mem au Siam ? Ah oui... une fois. Il s'agissait d'une Hollandaise, épouse de l'agent principal des Pays-Bas à Ayuthia. Une femme grande et osseuse qui passait son temps à cuisiner ou à se plaindre de la chaleur. Ivatt sourit. Étant lui-même de petite taille, il s'était senti un véritable nain à côté d'elle. De toute façon, elle n'avait pas tenu longtemps sous les tropiques.
    Il se demanda si cette mem- là serait aussi grande et dégingandée que l'autre. Dieu que ces Européennes semblaient disgracieuses au regard des fines et sensuelles Siamoises ! Comme quelque pachyderme égaré au milieu d'une troupe de biches graciles.
    Ivatt se mit à rire. Voilà qu'il était de parti pris, maintenant! Il aimait trop le Siam, tout comme son ami et mentor Constant Phaulkon. Des hommes comme eux ne pouvaient plus vivre en Occident car le Siam avait étendu sur eux ses ailes magiques pour les envelopper de sa grâce. Une fois, même, Phaulkon avait comparé les charmes de ce pays à ceux des sirènes. Pour résister à leur séduction, Ulysse et ses compagnons n'avaient eu comme unique solution que de s'attacher au mât de leur bateau. La même attraction fatale s'était exercée sur Phaulkon et lui. Désormais, ils étaient devenus les prisonniers consentants de ce pays.
    Car Ivatt savait pertinemment qu'il ne quitterait jamais plus le Siam. Il s'y marierait et engendrerait sa descendance. D'ailleurs, à l'approche de la trentaine, il était temps qu'il s'établisse, même si ici les femmes ne semblaient guère se préoccuper de l'âge d'un homme. Cependant, malgré le grand nombre de femmes séduisantes dans ce pays béni, malgré aussi son rang élevé de gouverneur qui lui permettait d'obtenir toutes celles qu'il désirait, aucune ne lui paraissait rivaliser avec son idéal, Sunida, la maîtresse de
    Phaulkon - ou,

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