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Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Titel: Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Lafargue
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ferme habitant chez le fermier) :
1 098 261 ;
    Ouvriers des fabriques de coton, de laine, de
lin, de chanvre, de soie, de tricotage : 642 607 ;
    Ouvriers des mines de charbon et de
métal : 565 835 ;
    Ouvriers métallurgiques (hauts fourneaux,
laminoirs, etc.) : 396 998 ;
    Classe domestique : 1 208 648.
    « Si nous additionnons les travailleurs
des fabriques textiles et ceux des mines de charbon et de métal,
nous obtenons le chiffre de 1 208 442 ; si nous additionnons
les premiers et le personnel de toutes les usines et de toutes les
manufactures de métal, nous avons un total de 1 039 605
personnes ; c’est-à-dire chaque fois un nombre plus petit que
celui des esclaves domestiques modernes. Voilà le magnifique
résultat de l’exploitation capitaliste des machines [16] . »
    À toute cette classe domestique, dont la
grandeur indique le degré atteint par la civilisation capitaliste,
il faut ajouter la classe nombreuse des malheureux voués
exclusivement à la satisfaction des goûts dispendieux et futiles
des classes riches : tailleurs de diamants, dentellières,
brodeuses, relieurs de luxe, couturières de luxe, décorateurs des
maisons de plaisance, etc. [17]
    Une fois accroupie dans la paresse absolue et
démoralisée par la jouissance forcée, la bourgeoisie, malgré le mal
qu’elle en eut, s’accommoda de son nouveau genre de vie. Avec
horreur elle envisagea tout changement. La vue des misérables
conditions d’existence acceptées avec résignation par la classe
ouvrière et celle de la dégradation organique engendrée par la
passion dépravée du travail augmentaient encore sa répulsion pour
toute imposition de travail et pour toute restriction de
jouissances.
    C’est précisément alors que, sans tenir compte
de la démoralisation que la bourgeoisie s’était imposée comme un
devoir social, les prolétaires se mirent en tête d’infliger le
travail aux capitalistes. Les naïfs, ils prirent au sérieux les
théories des économistes et des moralistes sur le travail et se
sanglèrent les reins pour en infliger la pratique aux capitalistes.
Le prolétariat arbora la devise :
Qui ne travaille pas, ne
mange pas
 ; Lyon, en 1831, se leva pour
du plomb ou
du travail ;
les insurgés de juin 48 réclamèrent le
Droit au travail ;
les fédérés de mars 1871
déclarèrent leur soulèvement la
Révolution du travail
.
    À ces déchaînements de fureur barbare,
destructive de toute jouissance et de toute paresse bourgeoises,
les capitalistes ne pouvaient répondre que par la répression
féroce ; mais ils savent que, s’ils ont pu comprimer ces
explosions révolutionnaires, ils n’ont pas noyé dans le sang de
leurs massacres gigantesques l’absurde idée du prolétariat de
vouloir infliger le travail aux classes oisives et repues ; et
c’est pour détourner ce malheur qu’ils s’entourent de prétoriens,
de policiers, de magistrats, de geôliers entretenus dans une
improductivité laborieuse. On ne peut plus conserver d’illusion sur
le caractère des armées modernes, elles ne se sont maintenues en
permanence que pour comprimer « l’ennemi
intérieur » ; c’est ainsi que les forts de Paris et de
Lyon n’ont pas été construits pour défendre la ville contre
l’étranger, mais pour l’écraser en cas de révolte. Et s’il fallait
un exemple sans réplique citons l’armée de la Belgique, de ce pays
de Cocagne du capitalisme ; sa neutralité est garantie par les
puissances européennes, et cependant son armée est une des plus
fortes proportionnellement à la population. Les glorieux champs de
bataille de la brave armée belge sont les plaines du Borinage et de
Charleroi ; c’est dans le sang des mineurs et des ouvriers
désarmés que les officiers belges trempent leurs épées et ramassent
leurs épaulettes. Les nations européennes n’ont pas des armées
nationales, mais des armées mercenaires, elles protègent les
capitalistes contre la fureur populaire qui voudrait les condamner
à dix heures de mine ou de filature.
    Donc, en se serrant le ventre, la classe
ouvrière a développé outre mesure le ventre de la bourgeoisie
condamnée à la surconsommation.
    Pour être soulagée dans son pénible travail,
la bourgeoisie a retiré de la classe ouvrière une masse d’hommes de
beaucoup supérieure à celle qui restait consacrée à la production
utile et l’a condamnée à son tour à l’improductivité et à la
surconsommation. Mais ce troupeau de bouches

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