Le Druidisme
d’ailleurs plus complexe qu’on
l’imagine.
En effet, elle est unique, mais elle est multiple, à la fois
dans l’espace et dans le temps. À l’époque de César, c’est-à-dire au premier
siècle avant notre ère, les Galates d’Asie mineure, bien que constituant un
groupe homogène, sont intégrés dans un cadre de vie hellénistique, les Gaulois
de la Cisalpine (plaine du Pô) sont devenus des citoyens romains, ceux de la
Narbonnaise (Gaule du Sud) sont des viticulteurs, des marchands ou des légionnaires
romains, ceux de la Celtique (entre Seine et Garonne, plus la Suisse) sont
devenus des agriculteurs et ont abandonné, pour la plupart, le système de la
royauté, ceux de la Belgique (entre Seine et Rhin) sont en passe de devenir des
agriculteurs mais ont conservé plus que les autres leur état guerrier. Quant
aux Bretons de l’île de Bretagne, ils sont plus éleveurs qu’agriculteurs et ont
maintenu davantage leurs traditions anciennes, ainsi que la royauté. Et tout à
l’ouest, les Gaëls d’Irlande, qui ne parlent pas tout à fait la même langue que
les autres, se démarquent profondément : jamais touchés par la
romanisation, ils évoluent en vase clos et demeurent profondément attachés à
une société pastorale qu’ils maintiendront d’ailleurs plus tard, à travers le
Christianisme, jusqu’au XII e siècle. De
plus, la civilisation celtique apparaît, de façon repérable, aux alentours du V e siècle avant notre ère. Sur le continent,
elle disparaît peu à peu, englobée dans la synthèse gallo-romaine à partir de
la conquête de la Gaule par César. Dans l’île de Bretagne, elle perdure jusque
vers le VI e siècle après J. -C.
Refoulée par les Angles et les Saxons, elle se maintient encore de nos jours,
dans une certaine mesure, dans le Pays de Galles et dans la Bretagne
armoricaine. En Irlande, malgré les vicissitudes de l’Histoire, elle n’a jamais
cessé d’exister. Ces considérations témoignent de la complexité du phénomène.
Il y a pourtant des traits communs à cette civilisation et
que nous retrouvons à la fois dans le temps et dans l’espace. C’est d’abord une
tradition transmise de génération en génération, d’abord uniquement par voie
orale, puisque les Celtes prohibaient l’usage de l’écriture. C’est ensuite un
mode de vie, caractérisé par la pratique de l’élevage, bientôt complétée par
celle d’une agriculture très concurrentielle grâce à un outillage en fer
perfectionné, les Celtes étant d’excellents métallurgistes. C’est encore une
langue, d’origine indo-européenne, unique au départ, scindée ensuite en deux
rameaux, le gaélique et le brittonique (gaulois, breton, cornique, gallois).
C’est enfin un système philosophique, juridique, métaphysique et religieux,
commun à tous les Celtes sans exception jusqu’à la christianisation, et ce
système, c’est ce que nous appelons aujourd’hui le « druidisme ».
C’est dire l’importance des Druides dans la vie celtique. Et
disons tout de suite que leur rôle n’est pas seulement religieux. Le témoignage
de César est essentiel à ce sujet : « Dans toute la Gaule, on honore
particulièrement deux classes d’hommes, car la plèbe est à peine au rang des
esclaves… De ces deux classes, l’une est celle des druides, l’autre est celle
des equites . Les premiers veillent aux choses
divines, s’occupent des sacrifices publics et privés, réglementent ce qui
concerne la religion. Un grand nombre de jeunes gens viennent s’instruire chez
eux, et ils bénéficient d’une grande considération. En effet, ce sont eux qui
tranchent tous les différends, publics et privés, et lorsqu’un crime a été
commis, quand il y a eu meurtre, quand il y a contestation au sujet d’un
héritage ou de limites, ce sont eux qui décident, qui évaluent les dommages et
les peines. Si un individu ou un peuple n’accepte pas leur décision, ils lui
interdisent les sacrifices, châtiment qui semble, chez les Gaulois, le plus
grave… À tous ces druides commande un chef unique qui exerce sur eux l’autorité
suprême… Les druides ont coutume de ne pas aller à la guerre et de ne pas payer
d’impôts, comme le font les autres Gaulois. Ils sont dispensés de service
militaire et de toute autre obligation » ( De
Bello Gallico , VI, 13).
On peut parfois mettre en doute les assertions du proconsul
romain, surtout lorsqu’il justifie sa politique ou glisse
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