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Le fantôme de la rue Royale

Le fantôme de la rue Royale

Titel: Le fantôme de la rue Royale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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l’ensemble :
    Charles Henri Sanson, né à Paris le 15 février 1739 de Charles Jean-Baptiste Sanson et de Madeleine Tronson, Exécuteur des Hautes Œuvres. Courtise des femmes et voit des filles. Marque ses prétentions en portant l’épée sous le nom de chevalier de Longval. S’est rangé depuis son mariage. Passe pour sorcier et rebouteux. A rencontré sa femme, Marie-Jeanne Jugier, fille d’un maraîcher du faubourg Montmartre en allant à la chasse, dont il raffole. Un de ses témoins est Martin Séguin, artificier chargé des fêtes du roi, rue Dauphine, paroisse Saint Sulpice. Il possède une maison à l’angle de la rue Poissonnière et de la rue d’Enfer et une ferme à Brie-Comte-Robert. A connu J. B. G. D. D. L. d. B. qu’il aurait eue. Très introduit auprès du commissaire Le Floch qui lui réserve ses ouvertures clandestines au grand détriment des médecins en quartier (plaintes jointes au dossier).
    Dans tout ce fatras, rien ne surprit Nicolas, qui sourit de s’y voir inclus. Quant aux initiales mystérieuses, elles désignaient à l’évidence Mme du Barry. Rien, non plus, qui fût de nature à déprécier Sanson à ses yeux. Nicolas réfléchit à la vie souterraine des archives qui sous-tendaient et armaient le bras de la police et de la justice. Il travailla tout l’après-midi, méditant et écrivant tout en recevant des émissaires qui lui étaient dépêchés par ses confrères des vingt quartiers de la capitale. Messages oraux et écrits convergeaient vers lui. Les heures passaient sans qu’il s’en rendît compte. La faim qui finit par le tenailler lui fit consulter sa montre. Il rassembla ses papiers et gagna à pied la rue Montmartre.

    La nuit tombait sur une ville qui resplendissait. L’année précédente encore, des lanternes mal conçues, suspendues à tout vent au milieu des rues, procuraient aux passants un éclairage médiocre. De plus, les chandelles n’étaient allumées qu’au déclin du jour et jusqu’à deux heures du matin. Ayant beaucoup consulté, M. de Sartine avait consacré tous ses soins à établir des réverbères. On trouva les moyens de mieux fixer les lanternes et d’améliorer le délicat mélange des huiles afin d’en augmenter la combustion. Les artistes Argant et Quinquet, renommés pour l’invention et la fabrication de lampes servant à éclairer l’intérieur des maisons, avaient participé à l’entreprise. Non seulement l’éclairage durait toute la nuit, mais désormais la grand’route de Paris à Versailles était également illuminée, procurant sécurité et émerveillement aux occupants des carrosses qui circulaient la nuit entre la Ville et la Cour.
    Parvenu à l’hôtel de Noblecourt, Nicolas gagna son appartement, agrandi par l’adjonction d’un petit bureau conquis sur une réserve de livres en vrac, qui décoraient maintenant de belles étagères en bois cérusé. D’agréables fumets laissaient présager un souper fin. Il supposa que le maître de maison recevait. En dehors de ces moments privilégiés, le vieux procureur était, plus souvent qu’à son tour, condamné à la portion congrue par Marion, sa vieille gouvernante, soucieuse d’éviter à son maître, si affriandé aux bonnes choses, le réveil de sa goutte. Nicolas soigna sa tenue et enroula autour du cou une fine cravate de dentelle. C’est un homme élégant, reflet du classicisme de Maître Vachon, qui se dirigea vers l’étage de M. de Noblecourt.
    Il demeura un moment à l’ombre d’une armoire-vitrine afin de se faire une idée des invités du soir, et nota que le vieux procureur s’adressait à l’un des hôtes présents sur un ton plus déférent qu’à l’accoutumée avec ses habituels commensaux.
    — Je suis heureux, Monseigneur, de vous retrouver en si parfaite condition. La dernière fois que j’eus l’honneur de vous recevoir dans mon humble demeure, vous souffriez d’une montée d’humeurs fort contrariante…
    — Plus que cela, cher Noblecourt, beaucoup plus que cela. Une vraie peste, et votre rappel me fait songer que je ne vous demande pas assez souvent à souper. J’étais couvert de dartres. C’est le veau qui m’a sauvé. On m’appliquait cette viande tous les jours. J’y ai ajouté de mon cru des bains de lait d’amandes et une bonne cure de tisane de vinache. On disait à Bordeaux que je prenais des bains de lait et que je me faisais tailler le cul pour restaurer mon visage ! Cette charogne m’a purgé pour

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