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Le fantôme de la rue Royale

Le fantôme de la rue Royale

Titel: Le fantôme de la rue Royale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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événements à venir, dans la construction dramatique des conséquences, possédait au plus haut point le sang-froid et la rapidité de décision qui s’imposent dans les graves occurrences. Après l’avoir laissé reprendre souffle, il interrogea Poitevin. M. de Noblecourt était sorti très tôt, accoutumé à faire sa marche matinale, depuis que M. Tronchin, son médecin de Genève, lui avait prescrit cet exercice destiné à combattre son embonpoint et fluidifier ses humeurs. À peine avait-il franchi la porte cochère que plusieurs individus — le détail de l’agression avait été rapporté par le mitron de la boulangerie du rez-de-chaussée — s’étaient jetés sur lui, le rouant de coups. M. de Noblecourt s’était effondré et sa tête avait heurté une borne. Le mitron ayant donné l’alarme, on avait porté le vieux magistrat dans sa chambre et appelé un docteur du voisinage. Catherine avait demandé à Poitevin d’aller quérir en voiture Nicolas, rue Saint-Honoré. Il était dans l’incapacité de donner de plus amples détails sur l’état de son maître et suppliait M. Nicolas de venir à son chevet.
    — Il va t’accompagner sur-le-champ, s’écria une voix forte.
    Semacgus venait de faire son entrée. Il s’inclina devant Mme Galaine qui le considérait avec irritation.
    — Mille pardons, madame, je me suis cru autorisé d’entrer, la porte étant ouverte.
    Il se tourna vers Nicolas.
    — J’ai jugé bon, après les occupations heureuses de la nuit, de venir vérifier si les vôtres vous avaient tout autant satisfait.
    Nicolas l’entraîna à l’écart.
    — Guillaume, la nuit a dépassé tout ce que je vous ai conté hier. Vacarme dans ma chambre et crise terrible de la Miette. Elle a parlé avec la voix des morts.
    — Des quoi ? Que me chantez-vous là ?
    — Je n’ai guère le temps de vous détailler la chose. Qu’il vous suffise de savoir que par la voix de cette servante, Mauval — vous vous souvenez ? —, et mon père, le marquis de Ranreuil, m’ont parlé ! Et de surcroît, ces voix ont révélé des secrets connus de moi seul.
    — Diable ! Diable ! fit Semacgus. Quel mistigri vous a-t-on repassé là ! Et Cyrus, au fait ?
    — Il en a éprouvé une peur extrême. Je n’ai pas le temps d’en discuter. Je dois aller rue Montmartre. Je vous demande de rester ici. Je crois qu’en premier lieu la cuisinière requiert vos soins ; nous l’avons trouvée sans connaissance. Pour la Miette, la journée est calme, d’habitude. Eh oui, nous en sommes à l’habitude !
    — Comptez sur moi, dit Semacgus, courez chez notre ami, je suis tout aussi impatient que vous de connaître son état.
    Nicolas annonça aux Galaine son absence momentanée et les pria de s’en remettre au docteur Semacgus pour tout ce qui intéressait l’état de la Miette. Charles Galaine parut vouloir lui parler, mais se ravisa. En bas de l’escalier, Nicolas heurta la petite Geneviève, assise sur la dernière marche dans sa longue robe de nuit.
    — La Miette est bien méchante, dit-elle. Elle m’a réveillée. J’ai eu très peur avec ses cris.
    — Ma foi, vous écoutez et entendez tout, ici !
    — Ce serait difficile de ne pas l’entendre.
    — Vous êtes une petite fille très intéressante, mais je dois vous quitter.
    — Tu as tort ; je connais des choses. Tu les sauras pas, tu les sauras pas !
    Nicolas hésita partagé entre l’urgence de l’heure et le risque de passer à côté d’informations utiles.
    — Écoutez, si vous connaissez des choses, je vous écoute, et tout cela restera entre nous.
    La précision était habile, mais il ressentait avec amertume la tromperie de son propos.
    La petite se leva, se haussa et glissa à l’oreille de Nicolas :
    — Voilà, j’ai entendu. J’ai entendu la Miette dire à Élodie qu’elle ne voulait pas s’engeancer d’un fardeau qui la ferait jeter dehors si on venait à le découvrir.
    — Et alors ? Qu’a répondu Élodie ?
    — Qu’il y avait moyen d’y pourvoir et qu’elle l’y aiderait.
    — Et ensuite ?
    — C’est tout. Quelqu’un est venu et je me suis sauvée.
    — Et vous ne l’avez dit à personne ?… À vos parents ?
    — Non… non.
    Il perçut une hésitation chez l’enfant.
    — Oui, je comprends, mais vous me devez tout dire.
    — Je l’ai dit à tante Camille et à papa.
    Elle parut contrite d’avoir laissé échapper cet aveu.
    — C’est bien naturel, la

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