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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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crachai négligemment, léchai lascivement le sang sur mes lèvres et lui souris. Sa bouche n’était plus qu’un trou béant et ensanglanté, mais dans ses yeux, l’effroi l’emportait sur la souffrance. En piquant les talons dans la terre battue, il recula en se traînant sur le derrière dans une futile tentative de m’échapper. Les chevilles entortillées dans les braies qu’il n’avait jamais pu remonter, il était ridicule et je ne pus m’empêcher de ricaner. Il geignit comme une femmelette apeurée en portant les mains devant son visage, comme si cela pouvait le protéger de mon ire.
    — Te voilà soudain moins brave, maudite chiasse, murmurai-je.
    De la tête, je fis signe au Minervois de me rejoindre. Blanc comme un linge, Ugolin me regardait avec un mélange de respect et de frayeur, se demandant sans doute si j’avais perdu la tête. Il m’obéit néanmoins et l’enserra dans un bras aussi solide qu’un étau et plaqua sa grosse patte sur sa bouche. J’empoignai à pleine main la modeste verge et les génitoires avec lesquels Raynal avait martyrisé Pernelle, je les étirai cruellement et j’appuyai la lame à la base.
    —    Celui qui vit par l’épée périra par l’épée, dis-je d’une voix sombre en vrillant mes yeux dans les siens.
    Je serrai et j’attendis. Je désirais qu’il comprenne bien ce que j’allais lui faire, qu’il en imagine la douleur et les conséquences. Lorsque je vis ses yeux s’écarquiller d’effroi, je tranchai d’un coup sec. Puis, pour étouffer son cri, je lui fourrai l’organe inerte dans la bouche, là où sa langue aurait dû se trouver. Après, seulement, sans jamais que mes yeux ne quittent les siens, j’empoignai sa chevelure blonde et lui ouvris la gorge d’une oreille à l’autre. Pour Pernelle, chez laquelle il avait ranimé un cauchemar si difficilement surmonté. Pour Bertrand de Montbard, qu’il avait torturé jusqu’aux portes de la mort sans jamais briser son courage. Pour Ravier de Payns, qu’il avait si vilement trompé. Pour Daufina, l’innocente qu’il m’avait fait assassiner. Pour l’Ordre des Neuf, cette organisation à la mission si pure qu’il avait pourri de l’intérieur. Et pour tous les autres dont il avait causé la perte pour préserver sa propre vie. Je savais mieux que personne que Dieu s’occuperait de son châtiment. Mais j’étais ravi d’y avoir participé, même si cela s’ajoutait sans doute à mes fautes.
    Je restai longtemps à admirer la scène, comme le célébrant exalté d’une macabre cérémonie. Si le Mal avait toujours été en moi, jamais il ne m’avait possédé aussi complètement qu’à ce moment. Ce fut la main d’Ugolin posée sur mon épaule qui m’extirpa de ma contemplation.
    —    Nous devons sortir d’ici avant que le jour se lève, dit-il. Viens. Nous n’avons plus rien à faire ici.
    Il avait raison, évidemment. Déjà, à tout moment, des gardes pouvaient surgir dans la tente, croyant y trouver Montfort et son chien fidèle en train de torturer leurs prisonniers hérétiques, ou simplement dans l’espoir lubrique de prendre leur tour entre les cuisses ou les fesses de leur petite victime. Le couvert de la nuit représentait notre seule chance de sortir vivants du camp des croisés.
    Je me dirigeai vers la pauvre Pernelle, qui gisait toujours sur le lit. Lorsque je fus près d’elle, elle tourna la tête. Je la dévisageai sans savoir quoi dire. Je n’ignorais pas que, malgré les sévices qu’elle avait subis, elle désapprouvait mes gestes de tout son être. J’aperçus le sang qui mouillait son entrecuisse bafoué et je fis mine de détourner le regard, mais elle tendit la main et la posa sur mon visage, digne dans sa douleur. Sur sa bouche se dessina un sourire presque serein.
    —    Merci, murmura-t-elle simplement.
    Puis elle se souleva et se blottit contre ma poitrine. Je sentis les sanglots silencieux qui secouaient son petit corps. Je la serrai fort, les yeux fermés, le cœur gonflé du remords de n’avoir pu, une fois encore, la protéger.
    —    Maintenant, insista Ugolin en se penchant sur nous.
    Il m’enleva délicatement Pernelle et l’assit sur le lit. Comme une mère s’occupant de son enfant, il passa par-dessus sa tête la bure dont je m’étais affublé et couvrit sa nudité. Puis il la ramassa dans ses bras et se redressa.
    Il me suffit de quelques secondes pour retrouver nos armes. Je remis celle d’Ugolin dans son

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