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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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m’a laissé faire pour déterminer si j’étais digne de la demande que je lui faisais ! J’ai eu ma chance et j’ai échoué ! Seul celui qui prouvera sa valeur peut prétendre au titre de Lucifer. De toute évidence, je ne suis pas celui-là ! La seule chose que j’ai réussi à faire, c’est de passer à un cheveu de perdre le message et de mettre la Vérité en péril ! J’ai tout gâché ! Il se tiendra loin de moi comme d’un pestiféré !
    Pendant ma tirade, elle était restée devant moi, immobile, et ses yeux au regard serein n’avaient jamais quitté les miens.
    —    Je te le concède, le résultat n’est pas celui que tu souhaitais, dit-elle d’un ton apaisant. Mais réfléchis, mon ami. Rien n’est perdu. Rien n’a changé. La seconde part reste en sécurité, dans un endroit qui nous est inconnu. Et la première est toujours à Montségur, sous la garde des Neuf.
    —    De ce qu’il reste de l’Ordre.
    —    Soit, nous devrons remplacer Raynal. Et après. Ce ne sera pas la première fois qu’un nouveau frère est initié, non ? Tout est comme avant, Gondemar. Ton seul échec est de ne pas avoir progressé. Mais tu n’as pas reculé non plus.
    —    Bien sûr, mais.
    Ma colère tomba aussi vite qu’elle s’était levée. Pernelle avait raison, évidemment. La Vérité était toujours en sécurité. Pour l’Ordre des Neuf et pour les cathares, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais pour moi ? J’avais réussi à assurer la protection de la Vérité de Montségur, alors qu’elle était à un cheveu de tomber entre les mains des croisés. J’étais parvenu à récupérer le message du Cancellarius Maximus, aussi insignifiant soit-il. J’avais maintenu le statu quo ante 1 , rien de plus. Cela signifiait-il que j’avais failli à la tâche que m’avait confiée Dieu par l’intermédiaire de son archange ? Cette courte victoire suffisait-elle ou constituait-elle la fin de mon parcours ? Les portes de l’enfer étaient-elles déjà ouvertes pour moi ? Je ne pouvais le dire.
    Je portai mon attention vers Roger Bernard.
    —    Merci de ton aide, dis-je. À cause de moi, ta famille aurait pu payer un tribut élevé. Pour rien du tout.
    Puis je tournai les talons et sortis en trombe, laissant derrière moi mes compagnons, qui ne comprenaient pas pourquoi j’étais dans un tel état. Pour eux, tout allait bien. Pour moi, la fin du monde était proche.
    Pendant trois jours entiers, je restai enfermé dans ma chambre. Désespéré de ma situation et dégoûté par ma propre insuffisance, je ne voulais voir personne. Pernelle, Ugolin et Roger Bernard vinrent tour à tour frapper, mais je les renvoyai sans leur ouvrir. Tout au plus m’assurai-je auprès de mon amie que Cécile allait mieux, ce qu’elle me confirma à travers la porte.
    J’avais dû relire cent fois le message du Cancellarius Maximus, sans y trouver le moindre espoir. Désabusé, j’avais fini par le chiffonner et le lancer avec rage de l’autre côté de la pièce. Il m’opposait un refus, clair et final, me laissant coincé entre la part de la Vérité que je possédais et celle que je devais retrouver. Après plus de deux longues années de tourment depuis ma résurrection, je me sentais las, vide, indifférent. Je m’attendais à tout moment à voir apparaître Métatron pour m’annoncer mon châtiment et je n’en avais cure. Il pouvait venir. Je retournerais en enfer avec lui sans résister.
    Etrangement, le fait d’accepter enfin ma damnation éternelle me donnait l’impression d’être délivré d’un poids énorme. Ma voie avait été tracée dès ma naissance. Dieu m’avait voulu damné et m’avait formé en vue de ma quête. Tels étaient les faits et je n’y pouvais rien. Il est futile de se rebeller contre l’omnipotence.
    J’étais dans cet état d’attente résignée lorsqu’une nuit, alors que je somnolais, la porte de ma chambre s’entrouvrit sans bruit. Je reconnus les pas dans le noir et le froissement d’une robe qui glisse le long d’un corps. Lorsque Cécile se glissa sous les couvertures, je l’accueillis dans mes bras, où elle se réfugia. Pendant longtemps, nous ne dîmes rien, goûtant le simple plaisir de nous retrouver seuls, nos corps blottis l’un contre l’autre.
    —    Je me demandais si tu étais toujours vivant, murmura-t-elle après un moment, en posant un doux baiser dans mon cou.
    —    Comme tu vois, je le suis.

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