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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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les hommes de Foix, superbement entraînés et loyaux, étaient prêts, eux aussi. Après quelques minutes, sous la lune, nous vîmes les silhouettes du comte de Toulouse et de sa petite troupe passer lentement devant nous.
    —    Mécréant ! pesta le vieillard de cette voix irritante qui me faisait grincer des dents.
    Il adressait des reproches à l’homme qui chevauchait à ses côtés, la tête penchée, honteux.
    —    Je m’en excuse, sire. Le départ a été précipité et.
    —    Je ne peux croire que personne n’a songé à emmener quelques chevaux de rechange. Nous voilà avec non pas une mais deux bêtes boiteuses. Imbécile ! Coquebert ! Si ce n’était ton incurie, nous serions arrivés depuis une heure au moins.
    —    Nous y serons tout de même bientôt, sire, dit l’autre pour amadouer le comte.
    —    Trêve de contrition ! Je réglerai ton cas à notre retour à Toulouse !
    Nous laissâmes la petite troupe défiler devant nous jusqu’au dernier soldat. D’un toucher sur l’avant-bras, je fis signe à Roger Bernard que le moment de l’attaque était venu. Le jeune Foix mit deux doigts dans sa bouche et émit un sifflement aussi puissant qu’aigu qui fendit le silence de la nuit. Puis nous surgîmes à l’unisson.
    Pris par surprise, les soldats qui formaient l’arrière-garde n’eurent même pas le temps de tirer leur épée que nous leur tombions dessus comme la vengeance divine sur Sodome et Gomorrhe. Je crois qu’Ugolin, qui ressemblait à un molosse lâché contre des lapins, serait aisément venu à bout de la majorité d’entre eux à lui seul. Tout en fonçant vers le comte de Toulouse, je l’aperçus qui tranchait et piquait à qui mieux mieux, les adversaires tombant de leurs montures comme autant de papillons trop près des flammes. Profitant de l’effet de surprise, les hommes de Foix ne se privaient pas, eux non plus. Foix me suivit. Nous les contournâmes sans nous arrêter.
    Lorsque nous fûmes à proximité du traître, il ne lui restait déjà que cinq hommes. L’un d’eux se précipita vers Roger Bernard et en fut quitte pour une lame au travers de la gorge. Pour ma part, malgré mes côtes douloureuses, j’écartai sans trop de mal celui qui m’attaqua au moyen d’un revers qui lui arracha la moitié du visage. Les hommes de Foix se chargèrent des autres, si bien que le comte de Toulouse se retrouva seul. Avec satisfaction, je le vis tourner sur lui-même, en proie à la panique. La noirceur aidant, il était clair qu’il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Puis il sembla se ressaisir et réaliser que, s’il ne s’enfuyait pas, sa dernière heure était arrivée. Lorsqu’il reconnut mon visage, il comprit qui la lui apporterait.
    Il allait éperonner sa monture lorsque, d’un serrement de cuisses, je poussai Sauvage et fondis sur lui. Allongeant mon bras libre, je frappai brutalement le vieux filou au torse et le délogeai de sa selle. Mes côtes me firent souffrir le martyre, mais je n’en eus cure. Certaines douleurs sont proches de la jouissance et celle-là en était. Il se retrouva sur le dos, sonné. Je fis un demi-tour brusque, revins vers lui et mis pied à terre. J’atterris près de lui et, amusé, je le vis tenter de tirer son arme. Mon arme. Memento. Je lui posai le pied sur le bras et l’écrasai cruellement, ce qui le fit gémir de douleur et de terreur à la fois.
    —    Cette épée est à moi, si je ne m’abuse.
    Au son de ma voix, il cessa de se débattre.
    —    Mais. Comment. ? Renat... ? demanda-t-il d’une voix tremblante de peur.
    —    Renat est sans doute en enfer et te réchauffe une place avec son gros cul.
    Je me penchai pour reprendre mon bien et remis l’autre épée à l’un des hommes de Foix, qui nous entouraient, victorieux et à peine essoufflés. Parmi eux se trouvait Ugolin, heureux comme un enfant qui vient de trouver la cachette de sucreries. Roger Bernard et lui vinrent me rejoindre pendant que je soupesais Memento, ravi de l’avoir enfin retrouvée. Puis je reportai mon attention sur le vieux comte, qui s’était rassis. Sans prévenir, je lui écrasai mon pied dans la poitrine et l’envoyai choir sur le dos, ce qui lui coupa le souffle. Je m’agenouillai près de lui, l’empoignai par la chevelure et lui ramenai la tête vers l’arrière. Je lui appliquai le tranchant de Memento sur la gorge. Je ressentis aussitôt l’indicible satisfaction que seul procure le

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