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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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fièvre. Tu veux bien me préparer une décoction de feuilles de saule ? demanda-t-elle. La plus puissante possible. Et rapporte aussi un peu de bouillie de blé tiède. Il doit manger avant de n’avoir que la peau sur les os. De surcroît, pendant qu’il aura la bouche pleine, il ne dira pas d’âneries.
    L’autre Parfaite s’éloigna aussitôt. Pernelle rabattit le drap qui couvrait mon maître et défit délicatement le pansement qu’elle avait changé à plusieurs reprises depuis l’opération.
    —    Comment vous sentez-vous ? s’enquit-elle en travaillant.
    —    Faible. comme. un nourrisson.
    —    C’est normal. Vous n’avez mangé que du bouillon depuis presque deux semaines. Vous êtes déjà chanceux d’être encore en vie.
    Lorsque les bandages furent retirés, Pernelle examina la plaie, puis tâta doucement le ventre de Montbard du bout des doigts.
    —    Hmmm. La blessure est bien refermée. Elle n’est même plus chaude. C’est bon signe.
    Elle appuya un peu autour de la fente recousue et je vis que Montbard retenait une grimace.
    —    Vous avez mal ?
    —    Pas plus que. la première fois.
    —    Vous avez faim ?
    —    Euh. Ma foi, un peu.
    —    Voilà qui fait plaisir à entendre. Nous allons vous nourrir et voir comment ça passe.
    Montbard se contenta de sourire faiblement pendant que Pernelle étendait sur sa plaie une couche d’onguent dont elle laissait en permanence un pot sur une petite table basse près du lit. Puis elle y appliqua un pansement propre.
    —    Reposez-vous, dit-elle. Daufina viendra s’occuper de vous dans un instant. Et promettez-moi d’avaler la décoction qu’elle vous donnera. C’est important.
    —    Mrmppph.
    Elle se releva, s’approcha de moi et m’entraîna à l’écart.
    —    Alors ? m’enquis-je anxieusement. Il ira mieux ?
    —    Je crois, dit-elle d’une voix traînante, le regard perdu dans le vague.
    —    Que se passe-t-il ?
    —    Je n’en suis pas certaine. La plaie ne donne aucun signe de mortification. Elle est bien fermée et fraîche. Après qu’il aura mangé, on verra s’il évacue. Si oui, cela voudra dire que ses tripes ont bien repris. Mais.
    —    Mais quoi ?
    —    Il ne devrait plus avoir une telle fièvre. Cela m’inquiète. Il pourrait s’être gangrené de l’intérieur.
    —    Tu pourrais le guérir ?
    Elle hocha solennellement la tête.
    —    J’ai fait tout ce que je pouvais, et même un peu plus. S’il se faisande en dedans, c’en est fini de lui. Je ne peux tout de même pas l’ouvrir pour lui rincer les entrailles.
    À mon air éperdu, elle posa sa main sur mon bras.
    —    Ne perds pas espoir, Gondemar. Nous verrons si la décoction de saule a de l’effet. En attendant, laisse-nous travailler et va faire autre chose. Tu n’es pas utile ici. Prends l’air et essaie de dormir un peu. Je te tiendrai au courant. D’accord ?
    —    Bien, dis-je à contrecœur, sachant qu’il était inutile de s’opposer à la volonté de Pernelle lorsqu’il s’agissait d’un de ses patients. Mais s’il se passe quoi que ce soit, je tiens à en être averti immédiatement.
    —    Promis. Maintenant, ouste. Hors d’ici.
    En m’éloignant, je croisai Daufina qui ramenait un bol en bois, une cuillère et un gobelet rempli d’un liquide verdâtre.
    —    Occupe-toi bien de lui, plaidai-je.
    —    Il est entre les mains de Dieu, rétorqua-t-elle.
    L’état de Montbard ne fit qu’empirer. Six jours durant, je tentai de me raisonner en me répétant que Pernelle savait ce qu’elle faisait, mais mon amie en perdait son latin et se déclarait impuissante, tout en insistant pour me rappeler que son ventre guérissait. Je me contentais donc de visiter mon maître avant chaque entraînement, lui dont l’état s’aggravait de jour en jour. Chaque matin, en entrant dans la chambre du vieux templier, j’avais l’impression que l’odeur de la mort y était plus épaisse que la veille. Mon maître se mourait et je ne pouvais rien faire d’autre qu’assister, impuissant, à son agonie. J’aurais voulu prier, mais je n’en avais pas le droit.
    Un matin, alors que je me dirigeais vers l’infirmerie, la tête basse, je faillis me cogner à Eudes, qui se tenait devant moi avec Jaume.
    —    Te voilà, dit le jeune templier.
    —    Comme tu vois, rétorquai-je.
    Il porta son regard vers l’infirmerie, à quelques pas

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