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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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de là.
    —    Comment se porte sire Bertrand ? J’entends dire qu’il est mal.
    Je hochai tristement la tête.
    —    Son ventre semble bien guérir, mais il fait toujours de la fièvre.
    —    Dame Pernelle est très capable, dit Jaume en prenant un air rassurant. Ne te fais pas trop de mauvais sang.
    Eudes m’enveloppa l’épaule de son bras et m’entraîna vers la cour.
    —    Allez, viens t’entraîner, mon frère. Cela te fera du bien.
    —    Mais. dis-je en regardant vers l’infirmerie.
    —    Viens, je te dis. Pernelle ramènerait un mort à la vie. Si Montbard a la moindre chance, elle saura la saisir. Sinon, son passage sur cette terre sera terminé et la Lumière divine l’attendra.
    À court d’arguments, je suivis Eudes et Jaume. Nous traversâmes la forteresse vers la cour, où l’entraînement débutait.
    —    Quand tout sera terminé, attends-nous. Nous avons affaire à toi, dit Eudes.
    —    À quel sujet ? m’enquis-je, un peu perplexe.
    —    Tu verras.
    Je passai quelques heures à affronter des soldats au hasard, leur tenant tête sans trop de mal malgré la distraction qui m’assaillait. En réelle situation de combat, ce luxe m’aurait été fatal. Après l’entraînement, les deux templiers vinrent me rejoindre et m’entraînèrent avec eux à travers la forteresse. Au pied du mur, à l’ouest, se trouvait un bâtiment en planches. De l’intérieur provenaient des chocs métalliques que je reconnus aisément. Nous nous tenions devant la forge de Montségur. Eudes ouvrit la porte et s’écarta pour me laisser passer.
    J’entrai, intrigué, et fus accueilli par des coups secs et puissants et des jets d’étincelles dans le noir. Il fallut quelques instants à mes yeux pour s’habituer à la pénombre. Lorsque je pus y voir quelque chose, j’aperçus sire Ravier. Le vieux templier portait un tablier de cuir par-dessus son torse nu luisant de sueur. Avec des pinces de métal, il tenait plaqué contre une enclume un long morceau d’acier rougi, qu’il frappait énergiquement à coups de marteau. La chaleur étouffante s’expliquait par le feu allumé dans l’âtre, que Raynal attisait à l’aide d’un grand soufflet. Véran, la chemise collée sur le dos par la sueur, le nourrissait de bûches.
    Tous s’arrêtèrent et m’accueillirent d’un geste de la tête. De toute évidence, ils m’attendaient. Ravier souleva avec les pinces ce qui s’avéra être un embryon de lame d’épée, la tendit à bout de bras et l’examina d’un œil critique en levant le nez. Il la plongea dans les charbons ardents, que Raynal fit rougir de plus belle. Puis, il se tourna vers moi.
    —    Tu sais forger, sire Gondemar ? demanda-t-il à brûle-pourpoint.
    —    Euh. J’ai observé le forgeron de Rossal quand j’étais jeune, répondis-je, pris de court.
    —    Tu saurais y faire ?
    —    Je suppose.
    Le Magister des Neuf soupesa pensivement son marteau.
    —    J’aime forger, dit-il. Il y a quelque chose de très satisfaisant à créer une arme à partir d’un morceau d’acier informe. À lui donner une personnalité, des caractéristiques, jusqu’à ce qu’elle soit parfaite. Une âme, presque. M’est avis que la forge tient davantage de l’art que du métier. Et puis, l’exercice répétitif clarifie l’esprit. De temps à autre, cela fait le plus grand bien, même si, à mon âge, j’en sors à bout de forces.
    En souriant, Ravier me tendit l’outil.
    —    Tiens, essaie.
    —    Là ? Maintenant ?
    —    Pourquoi pas ? Tu as mieux à faire ?
    —    Euh. C’est que je prévoyais aller prendre des nouvelles de Montbard.
    —    Tu pourras le faire après. Allez, prends. Cela te fera du bien.
    Interdit, j’acceptai le marteau. Ravier savait que j’étais inquiet et semblait m’offrir une façon de me calmer un peu. Qu’avais-je à perdre ? Je posai le marteau près de l’enclume, retirai ma chemise et le repris. Le Magister saisit les pinces, retourna près du feu, retira la lame encore embryonnaire des braises et la considéra à nouveau en relevant le sourcil.
    —    Parfait, dit-il, satisfait, en la déposant sur l’enclume. L’acier doit être rouge, mais jamais blanc car il deviendra cassant et l’épée sera gâchée.
    Je pris les pinces, attrapai la lame et tendis le bras pour l’examiner à mon tour.
    —    Si elle était pour toi, tu la ferais comment ? s’enquit le

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