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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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vieux templier, à quoi je compris qu’il profitait d’une conversation anodine pour enseigner, comme Montbard l’avait toujours fait.
    —    Aussi épaisse, dis-je après quelques instants, en la faisant pivoter pour en examiner toutes les faces. Mais un peu plus étroite.
    —    Pourquoi donc ?
    —    Pour qu’elle soit plus légère sans perdre sa résistance. J’aime utiliser le pivot complet, et sa réussite dépend parfois de quelques grains 4 de moins. Et puis, quand la fatigue s’installe, la légèreté devient un avantage. Par contre, sa longueur me plaît. Elle n’est pas tout à fait templière, sans être courte pour autant.
    Je continuai à examiner l’arme, essayant de percer le secret de ce qu’elle pouvait devenir.
    —    Je lui ajouterais surtout une pointe.
    —    Une pointe ?
    —    Je ne suis pas templier et je ne suis pas obligé d’utiliser une arme à bout arrondi qui, malgré ses qualités, impose des contraintes, expliquai-je. En limitant le combattant à trancher, il le rend trop prévisible. Je préfère de loin une épée qui me permet de changer d’approche au besoin et de piquer. J’ai grandi avec une épée semblable entre les mains.
    —    Je vois que sire Bertrand t’a donné un esprit critique. Terminons-la comme tu penses, alors. Qu’en dis-tu ?
    —    Pourquoi pas ? répondis-je en haussant les épaules, tout à coup enthousiasmé à l’idée de fabriquer une arme.
    À ces mots, Eudes, Raynal, Jaume et Véran nous laissèrent seuls. Intrigué par ce comportement qui me semblait entendu, je me mis au travail, martelant d’abord avec une certaine hésitation. Sous les conseils de Ravier, je pris de l’assurance et me surpris bientôt à prendre plaisir à l’exercice. Mes épaules et mes bras finirent par brûler agréablement, d’autant plus que je sortais de plusieurs heures d’entraînement. À maintes reprises, je m’interrompis pour rougir l’acier au feu avant de recommencer à le marteler de plus belle, repliant les bords pour les aplatir à nouveau jusqu’à ce que les tranchants soient aussi denses et forts que possible afin qu’ils puissent résister aux coups sans subir d’encoches.
    En travaillant, Ravier et moi discutions librement de la situation qui régnait dans le Sud. Le Magister me mit au courant des développements des dernières semaines.
    —    Pour le moment, tout est tranquille, m’apprit-il. Les seigneurs du Nord ont terminé leur quarantaine et sont retournés dans leurs terres. Mais dès le printemps, ils seront de retour et Montfort reprendra sa sale besogne.
    —    Au moins, les cathares ont un répit. Il faut en profiter pour s’organiser.
    —    Je ne vois pas ce qui peut être fait de plus. Les places fortes tiendront, certaines très longtemps, mais les bourgs et les villages sont vulnérables et seront pris sans coup férir. Et, en attendant le retour des croisés, l’évêque de Toulouse nous cause bien des soucis.
    —    Comment cela ?
    —    Voilà deux ans, ce maudit de Folquet de Marseille a prêché la croisade en compagnie d’Arnaud Amaury. Ils ont passé une année entière à convaincre les rois et les nobles d’Europe de les appuyer.
    —    Un autre bel exemple de prêtraille.
    —    Je ne te le fais pas dire. Et voilà maintenant qu’il a eu l’idée de former une fraternité qu’il a appelée les Frères blancs. Il y a regroupé des chrétiens laïques particulièrement fervents et les a affublés d’une robe noire ornée d’une croix blanche. Ils marchent en procession dans les villes et s’attaquent indistinctement aux cathares et aux juifs. Ils incendient leurs maisons en priant et en chantant, souvent avec des familles entières qui brûlent à l’intérieur, comme s’il s’agissait d’une action de grâces. Les bonshommes se défendent comme ils peuvent, mais.
    J’aurais voulu dire que cela était monstrueux, mais l’image de l’église de Rossal qui flambait m’en empêcha.
    —    Folquet aurait dû continuer à écrire des vers et à jouer au troubadour à la cour du comte Raymond, comme il le faisait dans sa jeunesse. Il était beaucoup plus doué pour louanger l’entrecuisse de ces dames que pour assurer le salut des âmes.
    —    Il a fait cela ? dis-je en m’esclaffant malgré moi.
    —    Oh oui ! Le principal fait d’armes du petit paillard a été de se faire chasser de la cour du vicomte de Barral après

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