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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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en plus agité. Je parvins à entraîner Pernelle près d’un bâtiment et nous nous collâmes contre le mur, laissant la foule de soldats éclopés passer près de nous. À plus d’une reprise, je dus la retenir par ses vêtements pour éviter qu’elle ne tombe de cheval et soit piétinée par les soldats affolés. Avec soulagement, j’aperçus Raynal qui se frayait un chemin à travers la foule, jouant des coudes et des poings pour nous rejoindre. Il avait une vilaine entaille au-dessus de l’œil droit et la moitié de son visage était ensanglantée. Sa cotte de mailles lui avait protégé le torse, mais il ne restait rien des manches de sa chemise.
    Je fouillai frénétiquement la foule du regard, mais nulle part je ne vis Montbard et Ugolin. Je me retournai vers Pernelle et le monde se mit à tourner. Seuls les bras d’acier de Raynal m’empêchèrent de m’écraser sur le sol et d’être piétiné.
    Je dus perdre conscience car, quand je rouvris les yeux, Pernelle se tenait à mes côtés, les sourcils froncés par la concentration. La langue entre les lèvres, elle regardait mon bras. L’esprit confus, je tentai de trouver des repères. Le visage toujours luisant de sang, Raynal était agenouillé près d’elle et tenait son coffre ouvert. J’étais adossé à quelque chose de dur et froid. Un mur, sans doute. Je tournai un peu la tête et vis Sauvage et les deux autres chevaux, à l’écart, attachés à une petite rampe de bois qui menait à la porte d’un édifice. Tout autour, des soldats couraient dans tous les sens et la cohue était indescriptible. Une vive douleur à l’épaule me fit reprendre complètement mes esprits.
    — Cesse de grouiller, que je te recouse convenablement, dit Pernelle sans me regarder. J’ai vu assez de blessures se mortifier ces derniers temps et je n’ai pas envie de couper un seul membre de plus.
    Pour bien appuyer ses dires, elle me perça la chair avec une grosse aiguille et fit un point de plus avec le fil.
    —    Tudieu, j’ai connu des femmes beaucoup plus douces, dis-je, les dents serrées.
    —    La chair, moi, je la répare au lieu d’en jouir. Et puis, un gros soldat viril comme toi devrait pouvoir supporter la douleur, non ?
    À mon grand soulagement, elle termina sa tâche et se consacra à Raynal, qui avait patiemment attendu son tour. Elle essuya avec un linge l’entaille qu’il avait au-dessus du sourcil puis la recousit sans que le templier ne montre la moindre émotion. Je me levai et fis rouler mon épaule pour la tester. Les pincements étaient secs, mais elle bougeait correctement. Au besoin, je pourrais tenir un écu.
    —    Montbard ? Ugolin ? m’enquis-je.
    Raynal secoua négativement la tête.
    —    Les portes sont refermées depuis une bonne demi-heure, dit-il d’une voix caverneuse. Aucune trace d’eux à l’intérieur.
    —    Tu as vérifié parmi les blessés ?
    —    Tous ceux qui pouvaient marcher sont rentrés. Montbard et Ugolin n’y étaient pas.
    J’accusai le choc de mon mieux. Les chances étaient grandes que mon maître et le géant de Minerve, coincés de l’autre côté de la muraille, aient été massacrés par les croisés. Je cherchais à comprendre ce qui s’était passé. Avaient-ils été séparés de nous dans la pagaille et incapables d’entrer à temps ? Mon maître avait-il plutôt cédé à la tentation d’occire Montfort sur-le-champ ? Dans un cas comme dans l’autre, le résultat final serait le même. Les croisés ramasseraient les cadavres pour éviter la contagion et les brûleraient, mes compagnons comme les autres.
    Dès que Raynal fut rapiécé, Pernelle rattacha son coffre à sa selle.
    —    Allons voir du haut de la muraille si nous ne les apercevrions pas, suggérai-je.
    —    Oui, Magister, répondit le templier, me rappelant le rôle dont j’avais hérité malgré moi et la mission qui était réellement la mienne.
    Nous laissâmes nos montures là où elles se trouvaient, trouvâmes un escalier et le gravîmes, Pernelle traînant un peu derrière en claudiquant. Une fois sur le chemin de ronde, je m’orientai et me dirigeai vers la section qui faisait face au champ de bataille, me frayant un chemin à travers les hommes qui allaient et venaient dans tous les sens. Une vision d’apocalypse m’attendait.
    À l’horizon, sur des centaines de toises, le sol était jonché de cadavres entremêlés. Les ennemis s’entretuaient pour les raisons les

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