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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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sous les cris de victoire des Toulousains bernés par la ruse. Elles reformèrent leurs rangs avec discipline et, sous le regard stupéfait de leurs adversaires, s’élancèrent à toute vitesse, les contournèrent sans leur accorder la moindre attention et se dirigèrent vers le pont qu’avait repéré Montbard, et que les défenseurs de la cité n’avaient pas encore eu le temps d’incendier. Voyant cela, les cathares, dirigés par des officiers à cheval qui hurlaient leurs ordres, retraversèrent en désordre le pont qu’ils défendaient maintenant pour rien et firent de leur mieux pour atteindre le nouveau point d’attaque et en barrer le chemin. Mais il était trop tard. Ils avaient été pris par surprise et en payaient le prix. Les croisés avaient franchi la rivière et se massaient déjà sur l’autre rive. Avant que les Toulousains ne soient regroupés, on sonna la charge. Les croisés enfoncèrent sauvagement le centre de leurs adversaires. Le tintement des armes, le choc des écus, les cris de douleur, de rage et d’agonie montèrent jusqu’à nous. En quelques minutes à peine, les troupes de Toulouse furent mises en déroute.
    —    La bataille est perdue, déclara Montbard. Sous peu, les bonshommes vont se retrancher derrière leurs murs. Si nous voulons entrer dans Toulouse avant qu’elle ne soit fermée et assiégée, nous devons le faire maintenant. Par la suite, il sera toujours temps de nous glisser hors des murs afin de te livrer à Montfort.
    Il fallait être aveugle pour ne pas voir la même chose que lui. Si je n’agissais pas immédiatement, nous nous retrouverions coincés à l’extérieur de Toulouse. Pernelle serait sans doute la seule femme sur un champ de bataille couvert d’hommes en proie à cette frénésie que seul le combat fait naître et qui s’assouvit trop souvent dans le rapt et le pillage. Je ne doutais pas du sort qui l’attendait si je ne la protégeais pas. Et surtout, le chemin de la Vérité me serait bloqué. Je devais à tout prix entrer dans Toulouse avant qu’elle ne soit inaccessible.
    —    Retirez vos habits templiers, ordonnai-je. Les Toulousains ne doivent pas nous prendre pour l’ennemi.
    Memento bien en main, j’éperonnai Sauvage et lui fis dévaler la côte en direction de la bataille. Tels les membres d’une garde rapprochée, nous encadrâmes Pernelle, moi devant, Ugolin sur sa gauche, Raynal à droite et Montbard fermant la marche. Je me dirigeai vers le pont que les cathares venaient d’abandonner et nous franchîmes la rivière sans coup férir. Une fois sur l’autre rive, cependant, je dus me rendre à l’évidence : la bataille s’était déplacée et nous coupait l’accès aux portes de la cité. Je jetai un coup d’œil derrière moi et Montbard me fit comprendre qu’il voyait les choses de la même façon.
    —    Essayons de contourner les combats, proposa-t-il.
    Nous nous lançâmes au galop, poussant nos montures aussi
    vite qu’elles pouvaient courir. Je sentais entre mes cuisses les muscles puissants de Sauvage qui travaillaient sans relâche. Gardant les combats sur notre gauche, nous décrivîmes un large demi-cercle. C’était toutefois sans compter avec la fuite des cathares, qui reculaient sans cesse vers la muraille, et la poursuite qu’engageaient les croisés, de sorte que, malgré notre vitesse, les abords furent bientôt bloqués. Pour rejoindre les forces cathares, nous devrions traverser l’ennemi avant qu’il ne soit trop compact.
    —    Protégez Pernelle de votre vie ! hurlai-je en me retournant vers les autres pour me faire entendre malgré le vacarme.
    —    Par là ! fit Montbard en indiquant la direction.
    Je repérai ce qu’il avait vu : une brèche venait de s’ouvrir parmi les combattants, telle la mer Rouge devant Moïse. Sans hésiter, je m’y engouffrai, les autres sur mes traces. Notre élan nous permit de franchir le gros des combats sans être inquiétés, mais un officier à cheval finit par nous remarquer. Il aboya un ordre et une dizaine de ses hommes nous bloqua le chemin. Je freinai Sauvage pour éviter qu’il ne s’empale le poitrail sur les épées qui étaient brandies contre nous. Dès lors, je fus absorbé dans un tourbillon de violence et de mort que je connaissais trop bien, n’existant plus que par mon instinct. Faisant virevolter Memento, je frappai et tranchai avec fureur et méthode, ouvrant des gosiers, éventrant, perçant, me laissant

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