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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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penses-tu ?
    Je sautai sur cette occasion inespérée. Cette suggestion me permettait de me rendre à Toulouse, comme je l’avais prévu, au lieu de partir à la recherche du chef des croisés.
    —    Partons immédiatement, alors. Plus vite nous nous délesterons de ce colis indésirable, mieux ce sera, dis-je en adressant un regard noir à mon amie.
    —    Pfff! répliqua-t-elle, pleine de défi.
    Ravi de se joindre à notre petite troupe après avoir été laissé de côté, Ugolin disparut quelques minutes et revint avec deux chevaux chargés de bagages, dont le fameux coffre de Pernelle.
    Mon amie fouilla dans ses sacoches, en sortit des hardes et disparut dans le noir. Lorsqu’elle revint, elle avait abandonné sa robe noire de Parfaite pour des vêtements du Nord.
    — Tu vois ? dit-elle en souriant tendrement. Me voilà comme avant.
    Je souris en la voyant telle que je l’avais connue et nous retournâmes à notre campement. Après quelques brèves explications, nous enfourchâmes nos montures et nous mîmes en route dans la nuit noire. Si tout allait bien, nous atteindrions Toulouse en une journée.
    Si jamais nous rencontrions une patrouille ennemie, ou si les croisés étaient déjà installés devant Toulouse, nous devrions jouer notre comédie. Ugolin ferait le prisonnier comme moi. Pernelle, elle, avait dû accepter de prétendre, le cas échéant, être une marchande d’amour du Nord libérée par les soins de Montbard et de Raynal. Son accent assurerait sa survie. Elle avait vertement protesté contre un tel rôle, jusqu’à ce que mes admonestations la fassent taire.
    Une nuit et une journée durant, nous chevauchâmes au galop, ne nous arrêtant que brièvement pour abreuver et nourrir nos montures haletantes. Aux alentours de midi le quinzième jour de juin de l’An du martyre de Jésus 1211, nous arrivâmes en vue de Toulouse et nous arrêtâmes sur une hauteur, au Sud. Mes espoirs de pouvoir entrer avant l’arrivée des croisés furent aussitôt brisés. En bas, la bataille faisait rage. L’air empestait la fumée et la poussière. Les cavaliers et les fantassins à pied se mêlaient dans un joyeux massacre dont seul un œil exercé pouvait distinguer les parties. Retranchée derrière plus d’une lieue 5 de muraille de pierre pâle, parsemée de multiples tours et d’une douzaine de portes et encerclée par un profond fossé, la cité semblait observer le tout avec placidité.
    —    Mais à quoi joue donc Montfort ? grommela mon maître en observant le ballet sanglant d’un œil critique. Il n’a pas assez d’hommes pour prendre une cité pareille, c’est évident. Et il n’a aucune machine de siège. Que va-t-il lancer contre les murs ? Des pommes ? M’est avis qu’il s’est laissé mener par son orgueil et s’est lancé dans la bataille sans réfléchir.
    J’évaluai la scène. À voir les morts qui jonchaient le sol, le combat durait depuis plusieurs heures déjà. L’armée cathare défendait férocement un pont au sud-est de Toulouse. Loin derrière le front, des moines chantaient. Jamais je ne me ferais à la présence de tant de beauté au milieu de ce que l’homme pouvait produire de plus laid.
    —    Les hommes du comte de Toulouse essaient d’empêcher les croisés de franchir l’Hers-Mort, expliqua Ugolin en pointant la structure de bois. Ils brûlent leurs propres ponts. Tant qu’ils les maintiennent de l’autre côté, Toulouse est en sécurité.
    Sous nos yeux, les croisés de Montfort et du comte de Bar reculaient petit à petit sous les attaques soutenues des Toulousains.
    —    Montfort n’arrivera jamais à forcer le passage, dit Raynal, qui observait les choses d’un œil averti. S’il ne sonne pas bientôt la retraite, il va se faire tanner le cul.
    Mon maître hocha la tête en signe d’acquiescement. Toute son attention était concentrée sur ce qui se produisait devant Toulouse. Après quelques minutes passées à se frotter pensivement la barbe, il finit par grogner quelques mots.
    —    Ou alors, il s’agit d’une diversion. Si j’étais lui, maintenant que les Toulousains sont tous concentrés à cet endroit, je regrouperais mes troupes. Ensuite, je prendrais l’adversaire à contre-pied en me lançant vers ce pont qui n’est pas encore détruit.
    C’est exactement ce que firent les croisés. Le son des cors retentit et monta jusqu’à nous. Les troupes papales se mirent à reculer dans un ordre admirable,

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