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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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garde imposante. Après consultation, nous fûmes admis. L’officier et ses hommes nous menèrent sans rien dire dans un long corridor sombre puis nous firent descendre un escalier escarpé aux marches étroites qui s’enfonçait dans les profondeurs du bâtiment en tournant sur lui-même. Une fois en bas, nous fûmes accueillis par un geôlier qui se tenait les poings sur les hanches au milieu d’un couloir éclairé par deux torches à la flamme vacillante. Le crâne rasé et couvert de cicatrices, le nez épaté, une dent sortant entre ses lèvres épaisses, il était patibulaire à l’excès et nous toisait d’un regard où se mêlaient la cruauté et l’amusement.
    —    Des espions à mettre en cellule, expliqua sèchement l’officier.
    Le geôlier grommela quelques mots incompréhensibles et décrocha un gros trousseau de clés qu’il portait à la ceinture. Il se dirigea vers une des nombreuses portes qui perçaient les murs du couloir, la déverrouilla et l’ouvrit.
    —    Monsieur le comte décidera ce qu’il veut faire de vous quand il en aura le temps, dit l’officier.
    Sans plus de cérémonie, nous fûmes poussés avec rudesse dans la cellule sans fenêtre et la porte se referma derrière nous.
    —    Nous voilà dans de beaux draps, fit Pernelle en se frottant les bras pour contrer la froideur humide qui régnait dans le cachot. Tout cela à cause de moi.
    J’aurais voulu lui offrir un manteau, mais je n’avais qu’une chemise. À défaut de mieux, je lui offris donc mes bras, au creux desquels elle se blottit avec reconnaissance en grelottant.
    —    Ce qui est fait est fait, l’encourageai-je de mon mieux en lui frottant le dos.
    —    Mais nous sommes bien loin de Montfort, déplora Raynal, rageur.
    —    Pour l’instant, nous sommes loin de tout, rétorquai-je, songeur.
    J’avais donné mon nom à l’officier qui nous avait arrêtés et, secrètement, j’espérais que ma renommée nous permette d’être libérés sans délai. En prison, je ne pourrais jamais contacter le supérieur inconnu.
    Le temps perd vite son sens dans une pièce sans fenêtre. Je n’aurais su dire combien d’heures j’avais passées dans la torpeur et la somnolence, assis contre le mur froid et suintant, lorsque le raclement de la clé qui tournait dans la serrure me fit sursauter. J’étais debout avant même que la porte ne s’ouvre pour révéler le même geôlier, derrière lequel se tenaient cinq soldats.
    Il s’écarta pour laisser le passage à celui qui semblait être le responsable.
    —    Gondemar de Rossal ?
    —    Lui-même.
    —    Suivez-moi.
    Raynal, Pernelle et moi sortîmes avec soulagement de notre cachot et emboîtâmes le pas à notre escorte. Sans qu’un seul mot ne soit échangé, nous fûmes bientôt hors des caves et je constatai que le jour se levait.
    Nous fûmes conduits à travers un méandre de couloirs jusqu’à l’entrée d’une salle aux murs drapés de riches tapisseries. À l’autre bout, un homme était assis dans un fauteuil à haut dossier et lisait un parchemin. Lorsque nous arrivâmes devant lui, je pus l’observer. Il devait avoir la soixantaine, mais sa barbe et ses cheveux étaient encore noirs comme les ailes d’un corbeau. Son visage émacié au long nez aquilin était parcouru de profondes rides et il était maigre à faire peur. Grand, aussi, à en juger par la longueur de ses jambes et de ses pieds. Son manteau rouge et jaune était sale et taché, et toute sa personne était empoussiérée, révélant qu’il avait pris part au combat devant la muraille. À côté de son siège étaient déposés un plastron et un heaume bosselés. Il avait l’air profondément las. Près de lui se tenait un jeune homme d’une vingtaine d’années tout au plus, lui ressemblant comme deux gouttes d’eau, rides en moins. Son fils, de toute évidence. Sur une table, j’aperçus Memento et l’épée de Raynal.
    L’officier se racla la gorge pour signaler sa présence. Le vieil homme abandonna sa lecture et releva lentement la tête.
    —    Monsieur le comte, les prisonniers que vous avez demandés.
    Le comte releva un sourcil. Ses yeux sombres et pénétrants me toisèrent longuement.
    —    Je suis Gondemar de Rossal, sire, l’informai-je.
    D’un geste de la tête, il signifia à l’officier de disposer, ce qui fut fait. Je fus étonné de constater que lui et ses hommes quittaient la pièce, laissant trois

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