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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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prisonniers seuls avec leur supérieur.
    —    Gondemar de Rossal, inpersonam 1 ... dit mon interlocuteur avec un sourire fatigué. Tu me vois honoré de faire ta connaissance. Les lettres de ma sœur parlent beaucoup de toi.
    —    Votre sœur ? répétai-je, interdit.
    Il se leva et déplia sa longue carcasse. Il était effectivement d’une grandeur phénoménale, me dépassant d’une bonne demi-tête, chose à laquelle je n’étais guère habitué. Cela le rendait encore plus intimidant.
    —    Je suis Raymond Roger V, comte de Foix. Et voici mon fils, Roger Bernard II. Dame Esclarmonde est ma sœur.
    Il me tendit la main et je la serrai chaleureusement, avant d’en faire autant avec son fils, qui s’inclina gravement. Je présentai Raynal et Pernelle, et ne fus pas vraiment surpris de voir les deux hommes s’agenouiller aussitôt devant mon amie.
    —    Bonne Dame, dit le vieux comte, donne-nous ta bénédiction et celle de Dieu. En ces temps difficiles, nous en avons grand besoin.
    —    Tenez-la de Dieu et de moi, rétorqua Pernelle avec simplicité en élevant les mains. Je le prie de vous faire bons chrétiens et de vous conduire à bonne fin.
    Ma cicatrice se mit à brûler et le souffle me manqua. Je baissai la tête et endurai sans rien trahir de ma souffrance, jusqu’à ce que la bénédiction cathare, heureusement courte, soit achevée. Les deux nobles se relevèrent, le plus vieux avec une certaine difficulté.
    —    Comment se porte ma chère sœur ? demanda-t-il.
    —    Nous l’avons laissée en bonne santé à Montségur voilà une semaine environ, répondis-je, en essuyant la sueur froide de mon front.
    —    Et elle n’en sortira pas de sitôt, il me semble, dit Foix en m’adressant un regard entendu.
    J’hésitai en le dévisageant. Il me laissait clairement entendre quelque chose, mais quoi ? S’agissait-il d’un piège destiné à me faire révéler l’existence de l’Ordre des Neuf ?
    —    Votre sœur prend son sacerdoce très au sérieux et c’est à Montségur qu’elle a choisi de l’exercer, dis-je avec prudence.
    Le comte m’adressa un sourire complice.
    —    Ne te ronge pas les sangs, me dit-il. J’en sais autant des activités d’Esclarmonde qu’il lui est permis de m’en dire. Le reste ne concerne qu’elle et elle a mon entière confiance. Elle est toute dévouée à notre cause et j’accepte le fait que certaines choses doivent demeurer secrètes. C’est pour cette raison que j’ai contribué de ma bourse à la fortification de Montségur lorsqu’elle me l’a demandé. Je constate par contre que tu sembles en savoir plus que moi. Cela me suffit amplement.
    Le comte de Foix frappa dans ses mains et un serviteur apparut comme par enchantement.
    —    Du vin pour mes invités, ordonna-t-il.
    L’homme disparut comme il était venu, puis revint avec un plateau chargé de gobelets d’étain et d’une cruche de terre cuite. Il nous servit et posa le tout sur une table non loin de là avant de s’évanouir à nouveau tel un fantôme. Faisant fi de la politesse, j’avalai aussitôt quelques gorgées qui humectèrent agréablement ma gorge asséchée par la poussière de la bataille. Le comte prit nos armes et nous les rendit. Je remis Memento au fourreau et me sentis à nouveau entier.
    —    Vos chevaux sont à l’étable. Ils ont été nourris. En vous arrêtant, Cesari ne faisait que son devoir, dit le comte sur un ton d’excuse. Ne lui en tenez pas rigueur.
    —    J’ai vu bien pire.
    —    Si je ne m’abuse, tu as sauvé la vie de ma sœur entre Quéribus et Montségur, non ?
    —    Je n’ai fait que mon devoir, moi aussi, sire.
    —    Et pour cela, tu as ma reconnaissance éternelle. Esclarmonde m’est très chère.
    Il leva son gobelet et but une gorgée à ma santé. J’en fis autant.
    —    Alors, reprit-il, comment vous êtes-vous retrouvés parmi nous ?
    Malgré l’accueil chaleureux que Foix nous offrait, je m’en tins au scénario mis au point avant notre départ. Les raisons qui m’amenaient à Toulouse étaient les miennes seules. Je lui expliquai notre projet d’assassiner Montfort et comment l’apparition soudaine de Pernelle nous avait contraints à revoir nos plans et à nous réfugier dans la cité.
    —    Assassiner Simon de Montfort ? Morbleu, personne ne te reprochera jamais un manque d’ambition ! Ou es-tu plutôt simplet ? s’esclaffa le comte.
    —

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