Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
des ouvertures à coup de maillet et de ciseau pour ouvrir la voie aux croisés. Lorsque ce sera fait, les troupes tenteront de s’y engouffrer. C’est ainsi qu’on pénètre dans une forteresse, mon ami.
    Je restai coi, notant soigneusement la leçon de stratégie militaire que je venais de recevoir d’un homme qui en avait vu d’autres.
    —    Sauf si on les en empêche, poursuivit-il. Leur assurance est leur plus grande faiblesse. Ils s’activent comme des diables et ne pensent même pas que nous pourrions résister autrement que du haut des murs. Laissons-les travailler pendant quelques jours tout en donnant l’impression de tout faire pour les en empêcher. Nous les frapperons lorsqu’ils s’y attendront le moins.
    Foix me posa une main sur l’épaule et je retins une grimace de douleur lorsqu’il appuya sans le savoir sur ma blessure encore fraîche.
    —    Nous accompagneras-tu, Gondemar de Rossal ?
    —    Ce sera un honneur. J’ai moi-même quelques griefs à régler avec cette pourriture de Montfort... dis-je.
    Les visages de Montbard, d’Ugolin et la tête de la fillette que le chef des croisés m’avait fait envoyer par-dessus la muraille de Cabaret dansèrent devant mes yeux. Trop de gens avaient payé de leur vie la haine que Montfort me portait. Si j’en avais la chance, je lui causerais autant de tourments que je le pourrais.
    — Alors, donnons-nous deux jours pour les laisser macérer dans leur certitude et nous préparer, dit le comte.
    Je n’étais pas à Toulouse pour combattre les croisés, mais je ne voyais aucune raison de ne pas participer. Je ne craignais pas la mort. Depuis ma résurrection, les événements m’avaient prouvé plus d’une fois que, pour le moment, elle m’était interdite. Je craignais beaucoup plus la vie.
    Je ne revis pas Pernelle car, comme je m’y attendais, mon amie se consacra tout entière à sa tâche de guérisseuse. Par contre, je fis la connaissance d’un ange.
    Le soir même, je participais à une première rencontre en compagnie des deux comtes et de leurs principaux officiers. Attablés dans une grande salle du châtelet, nous avions tous convenu qu’une sortie en force de Toulouse signerait l’arrêt de mort de la ville et que le succès résidait dans l’effet de surprise. Le comte de Foix dirigea les discussions avec doigté et respect, donnant la parole à tous, prêtant attention à leurs remarques et suggestions. Il me traita comme un membre à part entière de son état-major et je m’efforçai d’apporter une contribution à la mesure de cette attention.
    Alors que nos palabres allaient bon train, la porte de la salle s’ouvrit doucement et une jeune femme se présenta, portant un plateau chargé de victuailles et de deux cruches de vin combles qu’elle déposa discrètement sur la table. Dès que je la vis, je perdis le fil de la conversation. Elle avait seize ou dix-sept ans. Ses cheveux étaient blonds comme les blés mûrs au soleil. Elle était toute menue dans sa robe bourgogne, mais sa démarche trahissait une grande détermination. En déposant le plateau, elle se tourna vers moi et nos yeux se croisèrent. Les siens étaient d’un bleu pâle presque surnaturel et dégageaient à la fois douceur et assurance. Elle m’adressa un sourire dénué de timidité et j’eus l’impression que mon cœur cessait de battre. Puis elle me salua de la tête et se retira. Malgré moi, je la regardai s’éloigner jusqu’à ce qu’elle referme la porte derrière elle. S’il était possible d’être ensorcelé pour l’éternité par un regard, je venais de l’être.
    Je me fis violence pour chasser de ma mémoire le doux visage de l’ange qui venait de disparaître. J’avais plus important à faire. Les discussions se poursuivirent jusqu’à la nuit et, à la fin de la rencontre, tous étaient satisfaits. Nous convînmes de nous revoir dès le lendemain matin pour peaufiner les détails, mais en gros notre première sortie était minutieusement planifiée et, si les troupes faisaient preuve de la discipline et de la retenue nécessaires, nous avions bon espoir qu’elle serait un succès.
    Les deux jours de délai que nous nous étions fixés avant de tenter la sortie faisaient mon affaire. Ils me donnaient un peu de temps pour découvrir où se trouvait le moyen de communication avec le Cancellarius Maximus. Pour en avoir la chance, j’avais déjà dû payer un tribut obscène : la vie de mon maître et celle

Weitere Kostenlose Bücher