Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
Vom Netzwerk:
Oui, ça ira. Tu te rappelles la dernière fois? En quelques
jours c'était terminé. Oublie ce que tu as vu. C'est tout ce que je t'ordonne.
»
    Thepine laissa la petite esclave désemparée nettoyer le
plancher et partit en trottinant dans les appartements de la reine princesse.
Elle se demandait pour quelle raison précise on l'avait convoquée, mais elle se
doutait que cela devait avoir un rapport avec Chao Fa Noi. Le bruit courait
dans tout le palais que la princesse était follement amoureuse de l'oncle qu'il
ne fallait pas. Peut-être avait-elle besoin d'un conseil. Thepine sourit malgré
sa souffrance. Peut-être avait-elle aussi besoin d'un service? Rares étaient
ceux au palais qui ne s'adressaient pas à Thepine quand il s'agissait de
problèmes de cœur — ou, songea-t-elle en souriant, de problèmes de corps.
    Devant la porte de teck sculptée de l'appartement de la
princesse, un eunuque vêtu d'un panung noir de femme l'arrêta. Puis, la
reconnaissant, il s'inclina et l'escorta jusqu'à une antichambre. Même si des
soldats armés gardaient le Palais extérieur, aucun d'eux n'était autorisé à
approcher du Palais intérieur : là, des eunuques sans armes les remplaçaient
car nul ne pouvait porter d'arme dans les appartements royaux.
    Les appartements de la reine princesse étaient somptueux
: jonchés de tapis persans aux vives couleurs, avec partout de magnifiques
vases Ming en porcelaine blanc et bleu et des paravents japonais au tissage
délicat. Plusieurs portes en teck donnaient sur le couloir principal. Dans
l'antichambre où l'on fit entrer Thepine se trouvaient des coffres laqués d'or,
un rayonnage empli d'ouvrages de littérature bouddhiste minutieusement recopiés
par des moines dévots, et quelques tables basses ovales délicatement sculptées
par les plus grands artisans d'Ayuthia.
    La princesse ne tarda pas à entrer dans la pièce et
Thepine aussitôt se prosterna. La princesse la dévisagea un moment. Comme
toujours, elle était impressionnée par la beauté de la concubine. Cela faisait
quelque temps qu'elle ne l'avait pas vue. Pas une ride sur le visage de
Thepine, et pourtant elle devait approcher du troisième cycle. Comment
faisait-elle?
    « Je suis heureuse de te voir, Pi », dit la princesse en
souriant.
    Bien qu'elle occupât un rang supérieur dans la hiérarchie
du palais, la princesse était plus jeune et elle s'adressait poliment à Thepine
en l'appelant Pi, ou sœur aînée.
    « Mais qu'est-il arrivé à ton genou ? lui demanda-t-elle
d'un ton inquiet. Tu t'es blessée? » Du sang suintait de la plaie et coulait en
un mince filet sur la jambe brune et bien tournée de Thepine. Du moins ma peau
est-elle plus claire que la tienne, songea Yotatep, en se demandant soudain ce
que son bien-aimé prince Chao Fa Noi pourrait bien penser du physique de
Thepine.
    « Ce n'est rien, Votre Altesse, j'ai trébuché et je suis
tombée sur une pierre dans le jardin. J'allais appeler un médecin quand j'ai
appris que Votre Altesse me faisait mander.
    — Oh, ciel », fit Yotatep qui se sentait coupable.
Elle se tourna vers une servante accroupie dans le couloir. « Plern, va me
chercher du baume de coco et une serviette propre. Cours !
    — Moi, un grain de poussière, reçois vos ordres,
Grande Majesté. » Plern rampa précipitamment à reculons et disparut. Les grands
yeux noirs de la princesse se tournèrent de nouveau vers Thepine.
    « Je ne vais pas te retenir longtemps, sœur aînée, car je
vois bien que tu souffres et il faut soigner ta blessure.
    — J'attends vos ordres, Altesse Royale », répondit
Thepine d'un ton déférent.
    La princesse hésitait. « Il paraît que tu étais avec le
Seigneur de la Vie. Comment va mon estimé père?
    — Le Maître de la Vie va bien, Votre Altesse. Et,
comme toujours, il est fort gracieux avec moi, son indigne esclave. »
    La princesse sourit. C'était vrai, son père était plein
de bienveillance. Plein de tendresse aussi pour Thepine, suffisamment pour
prêter l'oreille à ses conseils.
    « Je sais, Thepine, que tu es sa concubine favorite. »
Elle marqua un temps. « Et c'est bien normal. » Il y avait dans son ton juste
ce qu'il fallait de flatterie. « Je sais aussi qu'il a davantage confiance en
toi qu'en toute autre. » Thepine gardait le silence. « Est-ce que, poursuivit
Yotatep d'un ton haletant, est-ce que Sa Majesté a parlé de projets de mariage
pour son successeur? » Elle se sentait mieux maintenant qu'elle l'avait dit.

Weitere Kostenlose Bücher