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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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la
tradition.
    Allait-elle donc être forcée de devenir la compagne de
Chao Fa Apai Tôt? Il était vieux et difforme. Il la battrait si elle lui
déplaisait, ce qui ne saurait manquer d'arriver puisque, rien qu'à le voir,
elle en éprouvait du dégoût.
    Cette dernière pensée réveilla son énergie. Si elle ne
pouvait se risquer à affronter elle-même son père, du moins pouvait-elle sonder
ses sentiments par des voies détournées. Elle résolut d'en parler à Thepine, de
lui demander son avis, peut-être même de lui suggérer d'aborder le problème —
de façon plutôt détournée — avec le roi.
    De toutes les femmes du harem de son père, aucune n'était
plus voluptueuse que Thepine, sœur du général Petraja, commandant en chef du
régiment royal des éléphants. Elle était aussi sage que belle et nulle autre
concubine n'avait comme elle l'oreille du roi. Elle était sans conteste sa
favorite, mais elle était aussi une fidèle amie de la reine princesse. C'est ça
: Yotatep allait se servir de sa vieille amitié avec la favorite de son père
pour obtenir son aide. Bien sûr, elle devrait prendre garde à ne pas avoir
l'air de lui demander un service. Pas question pour une princesse royale de
paraître supplier, surtout pas une simple concubine, même si elle jouissait des
bonnes grâces du roi. The-pine était en effet celle qui pourrait lui venir en
aide.
    Brusquement, Yotatep congédia Lek. Une fois la fillette
partie, la princesse ajusta son panung brodé d'or et reboutonna les deux
premiers boutons de son corsage de soie blanche. Elle se blanchit les lèvres,
se recoiffa et ajouta sur ses joues et sur son front un peu de poudre de
curcuma. Puis elle se dirigea vers les appartements des femmes pour se mettre
en quête de Thepine.
    Lentement, la tête haute, la silhouette majestueuse de la
princesse descendit vers les appartements du niveau inférieur qui abritaient
les concubines, les esclaves et les eunuques du plus grand palais du royaume.
Les pieds nus de la princesse foulaient sans bruit d'épais tapis persans. Sur
son passage se prosternaient esclaves et eunuques — ceux-ci vêtus exactement
comme des femmes : panungs flottants et écharpes drapées sur les épaules — la
face contre terre, tout en gardant respectueusement cette position quelques
instants après le passage de Sa Majesté. Elle finit par descendre une dernière
volée de marches jusqu'à l'étage inférieur et pénétra dans les appartements des
concubines. Là, les pièces étaient simples et peu meublées : quelques coussins,
une ou deux tapisseries birmanes, une penderie laquée, une cruche d'eau pour
s'asperger le visage, une ou deux images en bois ou en bronze du Seigneur
Bouddha.
    En approchant de la porte de la chambre de Thepine, la
princesse s'interrogea sur la meilleure façon de l'aborder. Elle allait être
polie mais ferme. Quelle absurdité, songea-t-elle, que la fille unique du roi,
le plus beau parti du pays, eût à souffrir de cette façon : ne même pas savoir
si son amour était payé de retour. Tout homme du royaume devrait être à ses
pieds.
    À la porte de la chambre de Thepine, une jeune esclave se
prosterna nerveusement devant la princesse. Elle avait les cheveux coupés court
à la paysanne, était torse nu, n'ayant pour tout vêtement qu'un simple panung.
    « Je suis venue voir ta maîtresse, petite souris. » La
princesse utilisait le mot noo qui signifiait petite souris : c'était la
façon convenable de s'adresser à une jeune fille de basse extraction.
    La jeune esclave tremblait un peu. « Grande Majesté, je
reçois vos ordres. Ma maîtresse a été convoquée par le Seigneur de la Vie
lui-même. » Malgré sa nervosité, on sentait la fierté percer dans la voix de la
petite esclave à l'idée de l'endroit où s'était rendue sa maîtresse.
    « Dis-lui que je désire la voir pour une affaire urgente,
petite souris. Qu'elle se rende dans mes appartements dès son retour.
    — Grande Majesté, la poussière de vos pieds reçoit vos
ordres. »
    La princesse tourna les talons et sortit.
    La concubine favorite du roi Naraï le Grand quitta
d'excellente humeur les appartements du Seigneur de la Vie. Voilà qui était une
perspective nouvelle et excitante ! Mais comme il était frustrant d'avoir dû
jurer le secret. Sinon, quelle histoire à raconter! En échange de cela, elle
aurait pu obtenir n'importe quoi des courtisans avides de rumeurs. On n'avait
jamais vu ça, se dit-elle, depuis l'affaire

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