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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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que je la voie. C'est
urgent. Je suis chrétienne », assura-t-elle sans vergogne. On pouvait supposer
qu'en plein quartier portugais la dame de la maison serait chrétienne.
    Le serviteur hésita. « Attendez ici, je vous prie »,
dit-il en refermant la porte sur elle. Thepine resta dehors, jetant des regards
anxieux de part et d'autre de la rue. Elle était blottie près de la porte, les
pensées se bousculaient dans son esprit. On la recherchait maintenant, c'était
clair. Quelqu'un avait dû la voir la veille. Elle frémit à l'idée de ce qu'on
allait lui faire.
    Elle trouvait stupéfiant d'avoir laissé son désir
l'emporter sur sa peur d'être découverte, d'autant plus qu'elle avait toujours
su quelles pourraient en être les conséquences.
    Elle trembla en voyant la porte s'ouvrir de nouveau. Puis
une voix douce l'invita : « Entrez, je vous en prie, et asseyez-vous. Vous
semblez désemparée. En quoi puis-je vous être utile ? »
    Thepine se glissa rapidement par l'entrebâillement de la
porte, tout en examinant la femme qui allait peut-être lui sauver la vie. Elle
était jeune, sans doute guère plus de seize ou dix-sept ans. Elle n'avait pas
l'air d'une Portugaise et pas davantage d'une Siamoise, même si elle était
habillée à la mode du pays et parlait couramment le siamois. En tout cas, elle
était résolument jolie et elle avait un air décidé. Thepine allait devoir la
persuader de faire venir ici le chirur-gien hollandais : c'était son seul
espoir. Il serait trop risqué maintenant de s'aventurer dans les rues sans lui
et il était le seul à pouvoir l'escorter jusqu'au palais. Elle avait eu déjà
deux fois recours à ses bons offices, juste avant le départ de son amant pour
Pattani : elle savait au moins qu'il ne refusait pas de se laisser acheter. Peut-être
pourrait-il l'aider encore. Elle suivit la dame dans une antichambre et s'assit
sur le siège qu'on lui offrait.
    « Vous avez l'air angoissé, Pi. Vous devriez vous reposer
un moment, dit la dame de la maison. Qu'est-il arrivé à votre genou ?
    — J'ai eu un accident, ma Dame. Je suis tombée sur
une pierre acérée.
    — Vous devriez voir un médecin.
    — Je vais le faire, ma Dame. Je vous en prie, ne
vous inquiétez pas.
    — Laissez-moi faire venir des rafraîchissements.
    — Merci, ma Dame. » Thepine était contente que la
fille l'eût appelée Pi, ou sœur aînée. C'était en tout cas un signe de respect.
Elle jeta un coup d'œil gêné à sa tenue : sa blouse blanche trempée lui collait
à la peau, accentuant la courbe de ses seins, et les pans de son panung étaient
desserrés.
    Elle se leva et rajusta sa toilette. Puis, du mieux
qu'elle put, elle remit son corsage en place et sourit à la jeune fille qui
était allée demander des rafraîchissements.
    « Voudriez-vous que je vous trouve des vêtements propres
? proposa son hôtesse. Je crois que j'ai quelque chose qui vous ira.
    — C'est très aimable à vous. J'accepte volontiers. Il
fait si chaud dehors », expliqua Thepine. Elle avait besoin de temps pour
réfléchir et le départ de la jeune fille lui laisserait au moins quelques
instants de répit.
    « Bien sûr, Pi, je reviens dans un moment. »
    Thepine suivit du regard la jeune fille : elle avait une
démarche gracieuse, même si la concubine royale aurait pu la rendre rapidement
plus majestueuse. Thepine se demandait qui elle était. Son physique exotique et
l'exquise pâleur de sa peau auraient pu sans mal lui ouvrir les portes du harem
du palais.
    Quelle serait la meilleure attitude à adopter envers
elle? se demanda Thepine. La flatterie? Le repentir, que les chrétiens
semblaient adorer?
    Une servante apporta du thé, avec les célèbres gâteaux
portugais au kanom, si populaires maintenant au Siam, tout comme le chile
épicé, introduit précédemment par les Portugais, et qui avait désormais sa
place dans la cuisine siamoise. Même si Thepine n'avait guère d'appétit, mieux
valait faire tous les efforts nécessaires pour plaire à son hôtesse.
    Celle-ci revint bientôt avec une blouse et un panung
propres. Thepine la remercia et fit lentement glisser de ses épaules son
échaipe, révélant ses seins bien ronds. Elle fut stupéfaite de voir la jeune
fille baisser les yeux. C'est délicieux, songea Thepine, ce doit être une vraie
farang. Seuls les farangs trouvaient honteux de montrer ses seins. La prude
attitude de la jeune fille l'excita. Quand celle-ci lui montra un paravent
japonais au bout de

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