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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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parlons pas religion : j'entends ça toute
la journée, fit Maria en riant. Pourquoi pas un autre sujet passionnant, comme
Luang Sorasak, par exemple? » Elle lança un coup d'œil espiègle à son oncle,
qui mordit aussitôt à l'hameçon.
    « Oh, cette canaille prétentieuse, attends un peu que je
le rencontre, fit le doutor d'un ton pincé.
    — Vous seriez aussi chaleureux et courtois que vous
l'êtes avec tout le monde, mon oncle, fit Maria en le taquinant. Mais puis-je
raconter l'histoire à oncle Constant ?
    — Je pense que oui, répondit Phanik à contrecœur.
    — Eh bien, commença-t-elle d'un ton enjoué, Luang
Sorasak — qui n'est rien moins que le fils du général Petraja, lequel était
présent ce soir — a écrit une lettre à mon oncle — du palais, qui plus est — me
proposant de devenir concubine dans son harem. Vous auriez dû voir le visage de
mon oncle ! Les rares cheveux qui lui restent sur la tête se sont dressés comme
pour s'apprêter à la bataille ! »
    Phaulkon éclata de rire. Il trouvait fort séduisant le
style de Maria, cette étonnante combinaison de vivacité et de fine observation.
    « Comment ? continua-t-elle en imitant son oncle. Doit-on
nous traiter ainsi, nous, une des familles catholiques les plus anciennes et
les plus respectées du royaume? Ils ne savent donc pas que les jeunes filles
catholiques n'entrent pas dans des harems ?
    — Où as-tu rencontré ce Luang Sorasak? interrogea
Phaulkon.
    — C'est cela qui est bizarre, je ne l'ai même jamais
remarqué. Apparemment, il m'a repérée à une réception où j'accompagnais mon
oncle, et je ne sais même pas qui c'était. C'est décevant !
    — Elle adore me taquiner, dit mestre Phanik.
Mais, c'est la vérité, j'étais absolument scandalisé.
    — Vous vous êtes conduit en parfait rabat-joie, mon
oncle. » Elle se tourna vers Phaulkon. « Il est si jovial et si large d'esprit
avec tout le monde, déplora-t-elle. Mais quand il s'agit de sa petite nièce...
Il y a une loi pour la pauvre Maria et une autre pour le reste du monde. »
    Phaulkon avait également remarqué à quel point son ami se
transformait chaque fois qu'il était question de Maria.
    « Mon oncle, poursuivit-elle sans en démordre,
vou-drez-vous admettre, maintenant qu'un mois tout entier s'est écoulé, qu'il a
fait cette proposition dans des intentions tout à fait honorables ? Après tout,
aux yeux des Siamois, être une seconde épouse représente une position très
respectable. Et l'on me dit que toutes les concubines doivent être traitées
équitable-ment. Chaque cadeau que l'on fait à l'une, il faut le faire à
l'autre. C'est juste, n'est-ce pas ? » Elle fit une dernière tentative pour le
provoquer. « Tenez, même les enfants nés de concubins sont considérés comme
parfaitement légitimes. En vérité, ajouta-t-elle en se retournant vers
Phaulkon, mon oncle est simplement agacé parce que Luang Sorasak ne m'a pas
proposé la position de première épouse. » Cette fois, les deux hommes
éclatèrent de rire.
    Elle se leva et les serra l'un après l'autre dans ses
bras.
    « Alors tu l'as éconduit ? demanda Phaulkon.
    — Je ne l'ai pas encore fait », répliqua-t-elle avec
un sourire moqueur.
    Il se faisait tard. Phaulkon se leva pour prendre congé.
Il sentit alors le regard de Maria sur lui. Elle était d'une maturité
exceptionnelle pour son âge, se dit-il de nouveau. Manifestement, elle avait
appris beaucoup de choses auprès de son oncle, tout en gardant des opinions
bien à elle. Il se promit de revenir bientôt leur rendre visite à tous deux.
    Maria, de son côté, observait Phaulkon avec curiosité.
Elle savait maintenant pourquoi son image n'avait cessé de la troubler depuis
leur première rencontre. Il comprenait, comme elle, les deux faces du monde,
l'Ouest et l'Est. Il était, au fond, aussi peu conventionnel et ambitieux
qu'elle. De surcroît, il était très bel homme. Elle lui fit un grand sourire.
Elle sentait monter en elle une excitation croissante et prenait étrangement
conscience d'impressions nouvelles dans son corps. Aujourd'hui, elle avait
seize ans, elle était enfin une femme. Maria se sentait à l'aube d'une période
merveilleuse.
    16
    Pour le second jour consécutif, Thepine présenta son
sauf-conduit et passa en claudiquant devant les gardes du palais surpris. Pour
faire bonne mesure, elle glissa quelques coquilles de cauris dans la paume du
capitaine et le vit sourire. C'était toujours utile de se

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