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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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sur le sol avec la grâce d'une biche qui se blottit
dans un coin d'ombre.
    « Quel est ton nom ? demanda Thepine, en s'effor-çant de
retrouver son sang-froid.
    — Sunida, Honorable Maîtresse. Le divin Seigneur de
la Vie m'a ordonné de vous attendre ici. Les messagers de Son Infinie Majesté
vous ont cherchée partout. Je ne voulais pas être la cause de tant d'ennuis »,
ajouta-t-elle, l'air soudain inquiet.
    Une vague d'espoir déferla en Thepine. Peut-être était-ce
la raison de la convocation du roi ? La fille du Sud était arrivée. Défaillant
de soulagement, Thepine s'appuya contre la porte.
    Le visage de Sunida prit aussitôt une expression
soucieuse. « Vous ne vous sentez pas bien, Honorable Maîtresse ?
    — Je vais bien, merci. C'est juste la chaleur et la
fin d'une journée épuisante. » On entendit un froissement venu d'en haut. On
aurait dit qu'il provenait d'un endroit du mur lambrissé, vers la gauche.
Thepine se demanda si c'était l'un des espions de Sa Majesté, ou peut-être même
le Seigneur de la Vie en personne qui observait la scène par un petit judas.
Dès l'abord, le Maître de la Vie avait manifesté un intérêt inhabituel pour
toute cette histoire.
    Au prix d'un effort, elle se reprit.
    « Sunida, on t'a choisie pour une mission royale,
commença-t-elle d'un air important. Le Seigneur de la Vie lui-même, le plus
grand roi sur terre, a demandé à être informé de tous les détails. Je n'ai
guère besoin de te dire l'honneur qui t'est échu. »
    Sunida s'aplatit encore davantage et reprit d'une voix
frémissante : « Le Seigneur de la Vie en personne s'est déjà adressé à ce grain
de poussière, Honorable Maîtresse. Son Infinie Majesté m'a confié que j'avais
été choisie pour servir le pays. Si je n'ai pas l'air aussi reconnaissante que
je le devrais, c'est seulement parce que je suis étonnée qu'un tel honneur
arrive à l'indigne esclave que vous voyez devant vous. Mais sachez bien, Honorable
Maîtresse, que ma vie, ma loyauté et mon amour appartiennent à mon souverain. »
    Thepine sourit et s'approcha d'elle. « Eh bien, alors,
petite souris, dit-elle en la prenant par la main, nous allons faire de toi une
vraie courtisane. »
    17
    Il faisait chaud dans la pièce et l'eau étincelait sous
la lumière qui pénétrait par la fenêtre ouverte. Thepine souleva le couvercle
de bois de la grande jarre en terre dont les côtés étaient couverts de dessins
de dragons. Par une telle chaleur, l'eau semblait d'autant plus appréciable.
Thepine se pencha, ramassa une coupe d'argent et la remplit d'eau pour s'en
asperger copieusement. Elle eut un soupir voluptueux en sentant la fraîcheur du
liquide ruisseler sur son corps nu et la ranimer peu à peu. Pendant dix bonnes minutes,
elle se lava longuement, puis se frictionna d'huile par-fumée : quand elle eut
terminé, elle se sentit purifiée, absoute enfin des épreuves de la ville.
    Du coin de l'œil, elle observa Sunida, qui se tenait
debout auprès de la petite commode laquée à l'autre bout de la pièce. Elle
détournait timidement les yeux du recoin qui servait de lieu de bain.
    « Viens, petite souris, à ton tour maintenant. Tu dois
apprendre à baigner un homme. Les hommes adorent être dorlotés, tu sais. »
    Sunida s'approcha à petits pas. Elle s'arrêta près de la
jarre, toujours vêtue de son panung, en se demandant quand Thepine allait
s'éloigner et la laisser se dévêtir en paix. Ce n'était pas l'idée de se
trouver les seins nus qui troublait Sunida : il était normal de ne pas se
couvrir la poitrine. C'étaient les régions inférieures et secrètes qui devaient
toujours rester cachées sous le panung, même pendant le bain. À moins, bien
sûr, d'être totalement seule. Toute la modestie d'une femme résidait dans ces régions
inférieures.
    « Ôte ton panung, petite souris. Il ne faut pas que tu
sois timide avec ton professeur. Nous avons tant d'expériences à partager. »
    Thepine sourit et un léger frémissement lui parcourut le
corps lorsqu'elle vit Sunida commencer à dénouer son panung.
    Sans cesser de jeter de timides regards à Thepine, comme
si elle espérait que sa maîtresse allait peut-être changer d'avis et la laisser
seule, Sunida se déshabilla. Mais Thepine restait là, à la contempler
calmement, jusqu'au moment où le panung eut glissé sur le sol et où Sunida se
tint nue devant elle, la tête baissée.
    « Tu dois apprendre à n'utiliser la timidité que comme
une arme, petite

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