Le faucon du siam
second homme. Qui
était-il ? »
Sunida hésita. Elle sentait maintenant sur ses seins les
mains vagabondes de son professeur, occupées à la masser avec une lotion
qu'elle faisait pénétrer dans les boutons de ses seins. Elle sentait là un
picotement brûlant tandis que les plumes reprenaient leurs caresses provocantes
et lui faisaient ainsi oublier la brûlure. Ces sensations alternées de chaud et
de froid étaient exquises. Elle essaya de se concentrer sur la question que lui
avait posée Thepine.
« C'était... c'était un farang, Honorable Maîtresse. »
Un bref instant, les plumes arrêtèrent leur manège et
elle ne ressentit plus que la chaleur.
« Un farang, petite souris ?
— Oui, Honorable Maîtresse : j'ai dansé pour lui au
palais du gouverneur et ensuite... » La voix lui manqua.
« Si tu préfères, tu pourras me le raconter une autre
fois. » Elle allait garder pour plus tard ce morceau de choix. Seigneur
Bouddha, les sujets de conversation n'allaient pas leur manquer! Un farang!
Thepine était abasourdie. Où donc une fille comme ça avait-elle pu rencontrer
un farang ? Et dire que maintenant c'était à un farang qu'on la destinait. La
vie en vérité était pleine de surprises !
« Retourne-toi et allonge-toi à plat ventre, petite
souris. Et n'oublie pas de te détendre. » Les plumes commencèrent alors à lui
caresser le dos, chatouillant délicieusement son cou et ses oreilles en même
temps qu'elles plongeaient entre ses fesses. Son corps alternativement se
contractait et se détendait : les billes commençaient à faire leur effet.
Sunida se mit à gémir et, au même instant, les doigts habiles de Thepine
parcoururent le corps de la jeune femme : elle suivait les courbes de ce corps
le plus sensuel qu'elle eût jamais connu — hormis le sien.
« Sache bien que le corps d'un homme et celui d'une femme
réagissent de la même façon au toucher, petite souris. »
Sunida se mit à tourner la tête d'un côté puis de
l'autre. Elle ouvrit les paupières et s'aperçut avec consternation que c'était
sur elle-même que sa maîtresse utilisait maintenant les plumes. Sunida allait
se redresser, mais une main douce la repoussa sur la couverture et une voix murmura
à son oreille des paroles apaisantes. Puis elle sentit que de nouveau on lui
écartait les jambes et que l'on frictionnait les alentours de son céleste
jardin avec un onguent parfumé. Les plumes chatouillaient de façon exquise les
régions les plus sensibles : lorsqu'elles commencèrent à explorer et à titiller
ses cercles les plus intimes, l'envie la prit de crier de plaisir.
Soudain sa maîtresse vint s'allonger auprès d'elle : elle
sentait son souffle chaud, ses bouts de seins dressés.
« Maintenant, petite souris, nous allons voir si tu as
bien retenu ta leçon. Imagine simplement que je suis ce même farang dont tu
m'as parlé. — Oui, Honorable Maîtresse. » Sunida ferma les yeux et se mit à
penser à Phaulkon. Et tout devint merveilleux.
18
« Je vous en prie, monsieur Forcone, veuillez vous
asseoir. »
Avec un sourire affable, le Barcalon désigna une simple
chaise de bambou, la seule de la pièce, manifestement destinée aux visiteurs
étrangers. Cette chaise basse, esseulée, entourée de paravents japonais aux
peintures subtiles, de somptueux tapis persans et de meubles laqués noir et or
de la première période d'Ayuthia, ressortait de façon incongrue au milieu de
la somptuosité de la salle d'audience lambrissée. Le
Premier ministre lui-même, allongé sur un canapé de soie brodée à l'extrémité
de la longue pièce et quelque peu dissimulé par le voile de fumée de son
narguilé, semblait faire partie du décor.
La convocation était parvenue à l'aube, juste une semaine
après la réception chez mestre Phanik : le messager avait attendu devant
la maison de Phanik car il avait pour instruction de ramener le farang en
personne jusqu'aux bureaux de Son Excellence. Phaulkon avait éprouvé un mélange
de crainte et de soulagement à l'idée que la convocation avait fini par arriver.
Il ignora l'offre qu'on lui faisait de s'asseoir et
préféra rester prosterné, appuyé sur les coudes et les genoux, le front
touchant presque le sol et les mains jointes au-dessus de sa tête. Il se plaça
de telle façon qu'en regardant furtivement entre ses paumes presque jointes il
pouvait observer le Barcalon sans révéler son visage au regard du potentat.
Deux glandes fenêtres ménagées dans un mur de
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