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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Excellence allait
s'allier ouvertement avec les Anglais et leur accorder des concessions plus
importantes, eux à leur tour feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour
protéger ces intérêts, car les Anglais sont avant tout des négociants,
Excellence. Et les Hollandais hésiteraient peut-être à déclencher contre eux
une guerre qui pourrait s'étendre jusqu'en Europe. De cette façon, Votre
Excellence aurait mis un frein au développement de leur influence.
    — Mais à quel coût, monsieur Forcone? Quelles sont
exactement ces... "importantes concessions" dont vous parlez?
    — Tout d'abord, Excellence, une alliance ouvertement
proclamée. Peut-être une base dans votre pays, avec un bon port où les Anglais
puissent caréner leurs navires. Par exemple, Mergui, sur votre côte
occidentale. Il fait face à l'autre côté du golfe du Bengale, à leur quartier général
de Madras : cela leur donnerait beaucoup de souplesse dans le golfe.
    — Et si on lui accordait de tels pouvoirs,
l'honorable Compagnie britannique ne nourrirait-elle pas tout naturellement des
ambitions sur le Siam ? » Un sourire s'esquissa sur les lèvres du Barcalon.
    « Pas si la majorité des navires de commerce à quitter
Mergui devaient arborer le pavillon du Siam et si seuls les capitaines étaient
anglais, Excellence. »
    Un bref instant, le Barcalon fut pris de court. Puis il
demanda d'un air détaché : « Vous voulez dire que ces vaisseaux de commerce
siamois auraient pour capitaines des Anglais à notre service?
    — Précisément, Excellence. Après avoir annoncé une
alliance depuis leur base de Madras, les Anglais pourraient équiper le Siam
d'une flotte nouvelle. En retour, vous pourriez leur offrir un accès aux
installations de Mergui : à partir de là vous et eux pourriez faire commerce
dans le golfe et au-delà. » Il s'interrompit. « Non seulement vous doubleriez
du jour au lendemain les revenus de votre Trésor, mais vous tiendriez les
ambitieux Hollandais en échec. »
    Le Barcalon tira sur son narguilé puis entreprit de
disposer soigneusement son panung. Phaulkon, qui observait chacun de ses
mouvements, ne trouvait pas que les pans du vêtement avaient besoin d'être
ajustés : manifestement, le Barcalon était perdu dans ses pensées.
    « Mais à qui irait la loyauté de ces capitaines anglais ?
Au Siam ou à l'Angleterre ?
    — D'abord et avant tout à eux-mêmes, Excellence. En
Asie, les marins britanniques sont établis pour enrichir leur bourse. Mais dès
l'instant que cela servirait vos objectifs... »
    Le Barcalon sourit. « Vous êtes un homme habile, monsieur
Forcone. Et extrêmement persuasif, à en croire notre gouverneur de Nakhon Si
Thammarat. Il s'est montré tout à fait charmé par vous. D'ailleurs, je n'ai pas
encore eu l'occasion de vous féliciter de votre décoration. C'est un honneur
fort rare pour un étranger.
    — Votre Excellence est infiniment gracieuse.
    — Mais, dites-moi, monsieur Forcone, j'ai cru
comprendre que vos collègues ne vous avaient pas accompagné dans ce voyage ? »
Le Barcalon avait brusquement changé de ton. « Sont-ils souffrants ? »
    Phaulkon sentit son estomac se nouer : ce soudain
revirement le prenait au dépourvu. Que savait vraiment le Barcalon? Les pensées
se bousculaient dans sa tête. Le premier courrier à dos d'éléphant était
manifestement arrivé pour informer le Barcalon de la récompense décernée à
Phaulkon. L'éléphant blanc et son cortège, eux, n'étaient pas encore parvenus
jusqu'à Avuthia. Le capitaine du vaisseau du gouverneur à bord duquel Phaulkon
avait fait le voyage n'avait apparemment apporté aucune dépêche au Barcalon,
mais peut-être un second courrier à dos d'éléphant avait-il atteint entre-temps
la capitale? Et, dans ce cas, que révélait donc le gouverneur dans ce nouveau
message? Il était plus prudent de supposer que le gouverneur avait informé le
Barcalon de la découverte des canons : dans ce cas, il aurait expliqué par la
même occasion que, pour plus de précautions, il retenait Burnaby et Ivatt.
    « Ils sont restés à la demande du gouverneur, Excellence,
répondit Phaulkon sans s'engager.
    — Y avait-il à cela une raison particulière, vous
semble-t-il, monsieur Forcone? » Le Barcalon jouait nonchalamment avec les
boutons sculptés de sa tunique de soie.
    Phaulkon se sentit contracté. « Je crois que Son
    Excellence le gouverneur ne faisait que son devoir en
retenant notre principal agent, puisque tous

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