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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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procuré des esclaves
par le passé ? »
    Sri se mit à trembler. Oh, Seigneur Bouddha, existait-il
une loi interdisant de fournir des filles aux farangs ?
    « Oh... fit-elle d'un ton hésitant, je n'ai pas
vraiment...
    — C'est sans importance. Il n'y avait pas de mal à
cela. Bien au contraire, nous voulons que tu recommences. »
    L'aîné des deux hommes fit signe à son assistant, qui
tira de sa chemise un petit paquet pour le dérou-1er sur le sol aux pieds de
Sri. C'était un magnifique batik imprimé du Sud, avec un motif à losanges verts
et marron : cela ressemblait plutôt à un sarong malais qu'à un panung, et ce
n'était assurément pas le genre de vêtement qu'elle ou ses amies pourraient porter.
    « Avec les compliments du Palais, déclara le premier
homme. Tu le mettras demain au marché. Si l'on te demande où tu l'as obtenu, tu
répondras que c'est un cadeau d'une cousine du Sud. Une fille viendra te voir
demain à ton éventaire. Elle te reconnaîtra à ce sarong. Elle s'attardera en
examinant ta marchandise. Tu engageras la conversation avec elle, en éveillant
suffisamment son intérêt pour l'inciter à rester en ta compagnie. Il faut que
cela paraisse naturel. Ta réputation de conteuse est bien connue, Sri : tu ne
devrais donc avoir aucun mal à convaincre tes voisines que cette rencontre
relève d'un pur hasard. » Il s'interrompit. « Vois-tu, nous nous sommes
renseignés sur ton compte. » Il sourit pour la première fois. « À ce qu'on dit,
tu parviendrais à vendre une robe safran à un prêtre chrétien. »
    Les deux hommes se mirent à rire, et même Sri en fut
quelque peu amusée. C'était assurément un hommage à ses talents de persuasion
que de laisser entendre qu'elle pourrait amener un prêtre farang à revêtir les
robes jaunes des bouddhistes. Rassurée par le compliment du fonctionnaire, elle
retrouva quelque courage en même temps que l'envie de tirer le meilleur parti
de cette situation inattendue.
    « Combien de jours faudra-t-il que je porte ce batik, mes
Seigneurs ? Les gens commenceront à jaser sur l'état de mes affaires si l'on me
voit chaque jour avec les mêmes vêtements. »
    Le plus âgé des deux éclata de rire. « C'est bien vrai ce
que l'on dit d'elle », fit-il en se tournant vers son assistant. L'autre renchérit
aussitôt.
    Le chef reprit son air sévère. « Le farang nommé Phaulkon
rendra certainement visite à ton éventaire dans les jours qui viennent et
rencontrera par hasard la fille. Tu l'encourageras — si jamais un tel
encouragement se révélait nécessaire — à l'accueillir dans sa maison à titre
permanent. Bien sûr, tu le feras comme en passant, et non pas comme si tu en
avais reçu l'instruction. »
    Sri plissa le front d'un air soucieux. « Mais à supposer
qu'elle ne lui plaise pas ? Je connais ce farang : il sait ce qu'il veut.
    — La fille a été soigneusement choisie pour que ce
problème ne se pose pas. Laisse-là faire. D'ailleurs, ils se connaissent déjà.
    — Ils se connaissent? Alors pourquoi avez-vous
besoin que je m'en mêle? interrogea Sri, surprise.
    — Parce que tu vas être notre intermédiaire.
    — Votre quoi, mes Seigneurs? » Le mot ne lui était
pas familier.
    « Tu nous rapporteras tous les renseignements que cette
fille te donnera. Régulièrement. Tu vas devenir son amie et elle viendra
souvent te rendre visite au marché. Son nom est Sunida. Nous viendrons te voir
ici, chez toi, pour apprendre ce qu'elle t'a dit. »
    Oh, Seigneur Bouddha, soupira Sri. Elle n'avait pas fini
de les voir, ces deux-là. Des fonctionnaires du palais, des espions, des
concubines! Comme sa vie soudain devenait compliquée! Elle ressentit en elle un
étrange picotement. Il était difficile de savoir s'il était dû à l'excitation
ou à la crainte. Était-ce l'idée qu'elle allait peut-être tirer quelque chose de
toute cette affaire? Mais, au-delà de cette pensée, il y avait comme une
tristesse, un regret à l'idée de devoir livrer un rapport sur les activités de
son farang préféré, celui qui lui rappelait monsieur George, le maître qu'elle
avait aimé. C'était un brave homme, ce monsieur Constant, et elle avait
beaucoup d'affection pour lui. Dans quel genre d'ennuis cet imprudent était-il
tombé pour mériter un tel sort ? se demanda-t-elle.
    La voix autoritaire du plus âgé des fonctionnaires vint
interrompre le fil de ses pensées.
    « En aucun cas le farang ne doit se douter de ton rôle,
ni de celui de la

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