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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Toute confuse, elle se
mit à balbutier.
    « Vous voyez, cria Sri, elle a perdu sa langue devant un
prix aussi insignifiant. » La foule, ravie, s'exclama tandis que le sang
montait aux joues de la jeune fille.
    Bientôt, et à la grande surprise de Sunida, la cliente
obtint un meilleur prix qu'elle ne l'espérait : Sri avait deviné l'identité de
Sunida et souhaitait mettre rapidement un terme au marchandage.
    La foule se dispersa et Sri fit signe à Sunida. «
Approche, mon enfant. Est-ce que je t'ai fait peur? » Elle baissa le ton. « Je
ne t'ai pas reconnue tout de suite, mais je t'attendais. Mon nom est Sri. Mais
tu peux m'appeler comme tu voudras, ajouta-t-elle en souriant.
    — Merci, Pi Sri.
    — Je sais tout sur toi : alors, tu peux être très
franche avec moi, mon enfant. Tu n'as qu'à inspecter mon éventaire et essaie
d'avoir l'air naturel. Nous devons faire comme si nous nous rencontrions par
hasard.
    — Alors, c'est votre éventaire? demanda Sunida en
prenant une botte de gros radis.
    — Mais oui, c'est un farang qui me l'a acheté. »
    Sunida prit un air songeur. « Pourquoi ? Il vous
    aimait ? »
    Sri fut surprise d'entendre une question aussi directe. «
Oui, je crois, fit-elle en riant. Il était si vieux qu'il me considérait comme
une jeune fille. C'était très flatteur. »
    Sunida se mit à rire. « Vous êtes très drôle, Pi Sri.
Puis-je m'asseoir à côté de vous ? Tout ce monde me donne le vertige. Mais où
est votre farang maintenant ? » interrogea-t-elle. Elle ne pensait qu'à
Phaulkon.
    « Il est rentré dans son pays. C'est ce qu'ils finissent
tous par faire. Tiens, bois un peu de thé chaud. Cinq ou six bonnes tasses,
c'est le meilleur remède que je connaisse contre la migraine. Il faut que la
transpiration la chasse.
    — Merci, Pi Sri. » Elle marqua un temps. «
Connaissez-vous l'homme auquel je suis destinée? » demanda-t-elle d'un ton
anxieux.
    Sri s eclaircit la voix. « Non, mais on m'a dit qu'il se
fera connaître à nous d'ici une semaine, fit-elle avec un sourire complice.
Nous serons devenues amies, toi et moi, pour le prendre ensemble à l'hameçon.
Tu pourras venir me voir ici aussi souvent que tu le voudras, tu sais. » Elle
baissa la voix. « C'est avec l'accord du Palais.
    — Je sais. On m'a dit de m'adresser à vous pour
d'autres instructions. » Si, au premier abord, Sri lui avait paru quelque peu
effrayante, maintenant Sunida se prenait de sympathie pour cette femme. Elle
avait des manières cordiales et maternelles : elle lui rappelait beaucoup
Prateep, la grosse et bienveillante gouvernante du palais du gouverneur, qui
l'avait prise sous son aile et qui était pour elle une véritable mère. Sunida
l'adorait, d'autant plus que la position de Prateep ne lui permettait guère de
gourmander sévèrement l'enfant. On ne portait l'affaire devant son oncle que si
Sunida commettait une faute grave. Ç'avait été le jour le plus triste de sa vie
quand Prateep était morte, alors que Sunida n'avait que quinze ans. Peut-être
cette nouvelle amie, qui faisait partie du grand dessein du roi,
deviendrait-elle une proche confidente.
    « C'est exact, mon enfant. Tu vas venir ici souvent et
les gens vont s'habituer à nous voir ensemble. C'est ici que tu feras ton
rapport et chaque fois que tu viendras, tu pourras acheter des provisions chez
moi. Ainsi, personne ne s'en étonnera. » Elle l'examina. « Es-tu riche?
    — Oh non, Pi, je ne suis qu'une danseuse.
    — Quel dommage, fit Sri, l'air déçu. Moi qui
espérais te faire payer plus cher. »
    Sunida se mit à rire. « Mais l'homme à qui l'on me
destine est peut-être riche : alors je pourrai vous acheter toutes sortes de
produits. Cependant, si vous ne savez pas qui est cet homme, comment vais-je le
rencontrer ?
    — Tu le rencontreras ici, au marché, dans une
semaine. Par hasard. Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il est un mandarin
de haut rang, répondit Sri, respectant les instructions qu'on lui avait
données.
    — Un mandarin?
    — Exactement. On le conduira jusqu'à mon éventaire.
On me préviendra, et tu seras ici, à attendre.
    — Et ce mandarin ne sait rien de tout cela ?
    — Rien. Il te rencontrera par hasard, sera charmé
par toi et demandera à te revoir. Le reste dépendra de toi.
    — Et à supposer que je ne lui plaise pas? Est-ce que
le Palais me le reprochera? demanda Sunida anxieuse.
    — Tu lui plairas, mon enfant. Ne t'inquiète pas pour
ça. » Ce qu'on lui avait dit

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