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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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fille. Elle-même ne connaît pas encore le nom de l'homme à
qui elle est destinée, ni qu'il s'agit d'un farang. Je t'ai déjà indiqué
quelles seraient les conséquences d'une trahison de ta part. Et rappelle-toi
que tu as été choisie par le Seigneur de la Vie lui-même pour cette mission
d'une extrême importance. Je n'ai guère besoin d'insister sur l'honneur qui
t'est fait. » Il s'interrompit et toussota d'un air important. « Rares sont les
marchandes, pour-rais-je ajouter, à qui l'occasion est donnée de travailler
pour la plus grande gloire du Siam. »
    En entendant ces paroles, Sri s'aplatit encore davantage
contre le plancher et, de nouveau, un frisson la parcourut. Toute idée de
regret disparut. Après tout, songea-t-elle, il ne pouvait y avoir plus belle
vocation en ce monde que d'être au service du Seigneur de la Vie, le descendant
des dieux.
    Sunida se dirigeait vers le marché, escortée d'un garde
du palais incognito, en tenue civile. Ayuthia! C'était la première fois qu'elle
franchissait en plein jour la double enceinte de brique du palais. Il faisait
nuit quand elle était arrivée il y avait fort longtemps, lui semblait-il
maintenant. Depuis lors, elle avait vécu une vie si différente. Elle regardait
autour d'elle, impressionnée. Quel étrange et merveilleux spectacle ! À gauche,
près du bord de la rivière, elle aperçut les grands bâtiments qui abritaient
les cinq cents barques royales étincelantes. Sur la droite, la gigantesque
digue qui permettait aux gens de traverser le grand fleuve sans avoir à
utiliser de bateau. Elle fit presque un tour sur elle-même pour suivre des yeux
une caravane de chameaux qui cheminait le long des berges d'un canal. Quelle
beauté dans ces avenues bordées d'arbres, ces ponts en dos d'âne qui
enjambaient les canaux, ces vastes places qui parsemaient la ville! Comme ses
habitants paraissaient exotiques : les Tonkinois avec leurs longues robes, les
Cochinchinois à la peau claire, les fiers Cambodgiens, les Macassars
enturbannés et les femmes sculpturales des royaumes vassaux du Nord, ceux de
Nanchao et du Laos. Maintenant ces nations ne lui semblaient plus aussi
lointaines, ni aussi inaccessibles. Le garde la réprimanda doucement, en
l'avertissant qu'elle attirait par trop l'attention ; elle reprit alors
docilement sa marche, les yeux remplis de tout ce déploiement de couleurs.
    Elle était vêtue d'un magnifique panung turquoise avec
une écharpe assortie nonchalamment drapée sur ses seins et ses épaules et,
comme le reste de la population, elle marchait pieds nus. Ses cheveux, huilés
et parfumés selon la mode, étaient relevés sur sa tête en un chignon
impeccable. Elle aussi, comme les beautés nordiques du Nanchao et du Laos,
était grande et mince, et le mois qu'elle avait passé à suivre les leçons de
Thepine lui avait fait prendre conscience de son corps. Elle avait un
déhanchement séduisant : elle remarqua avec un mélange d'orgueil et de modestie
que nombre des passants se retournaient avec admiration sur son passage.
    Comme tout cela était à la fois excitant et terrifiant,
songea-t-elle. Depuis cette horrible rencontre avec Sorasak, son optimisme
naturel lui disait que le pire était passé et qu'elle ne revivrait pas pareil
cauchemar. Son Honorable Maîtresse lui avait assuré que l'abominable créature
avait maintes fois réclamé de ses nouvelles mais que Sa Majesté avait
strictement interdit toute autre entrevue. On avait d'ailleurs posté des
eunuques devant la porte de la chambre où elle résidait, avec ordre d'alerter
aussitôt les pages en cas d'événement fâcheux. Non, se dit-elle, le pire était
passé. Elle pouvait s'attendre maintenant à des jours plus heureux. Elle se
demanda de nouveau, comme elle l'avait fait cent fois déjà, qui était l'homme
auquel on la destinait et si elle trouverait l'occasion de revoir Phaulkon.
L'image du beau farang ne cessait de hanter son esprit.
    Dans une semaine elle rencontrerait cet homme, lui avait
enfin annoncé le matin même sa maîtresse. Toute une semaine encore à se poser
des questions ! Qu'importe, elle savait qu'elle devrait le servir, pénétrer
jusqu'au tréfonds de son cœur, seule manière qui lui permettrait de s'acquitter
pleinement de ses devoirs envers le Seigneur de la Vie. Évidemment, ce serait
plus facile s'il était jeune et beau comme son farang ! Elle se reprocha de
cultiver de telles pensées.
    Le physique de cet homme ne comptait pas : son

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