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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Tenasserim, où se trouvait la ville, relevaient
presque exclusivement du domaine des Maures. Même le gouverneur était un Maure.
Quant à la nouvelle mission confiée à Phaulkon d'organiser les banquets, il
fallait trouver le moyen de ne pas trop piétiner les plates-bandes de Luang
Rachid. Mais comment ? Une idée inquiétante lui vint : est-ce que les Siamois
n'essayaient pas de faire faire leur sale travail par les Anglais ? À eux de
dénoncer les Maures, mais à eux aussi de subir la colère qu'une pareille
affaire ne manquerait pas de déchaîner? Ils en étaient bien capables.
    « Et, monsieur Forcone, ajouta aimablement le Barcalon,
le général Petraja m'a demandé de vous transmettre son invitation pour la
chasse royale à l'éléphant qui aura lieu la semaine prochaine à Louvo. Ce sera
un grand événement, en l'honneur de l'arrivée imminente de l'éléphant blanc que
l'on a si heureusement découvert durant votre séjour à Nakhon Si Thammarat. Il
est parvenu cette semaine seulement
    aux environs de la ville car il a été souvent retardé
durant son trajet vers la capitale. Par respect, ses serviteurs ne pouvaient
évidemment rien faire pour hâter le voyage. » Il s'interrompit puis reprit : «
Sa Majesté le roi en personne sera présente. »
    La chasse royale? La semaine prochaine? Voilà qui
anéantissait pour Phaulkon tout projet de se rendre à Mergui. D'un autre côté,
il apercevrait pour la première fois Sa Majesté le roi. Les battements de son
cœur s'accélérèrent. Et quel honneur d'être invité à une chasse royale ! Se
confondant en remerciements, il rampa à reculons : ses réflexions oscillaient
tour à tour entre l'image de Sa Majesté lors de la chasse royale et le
spectacle du navire de Sam appareillant lentement de la rade de Mergui.
    Plongé dans ses pensées, Phaulkon franchit la grande
porte voûtée qui donnait accès à la place du marché. C'était la fin de la
matinée et le soleil brûlant était déjà haut dans le ciel. Bien qu'il restât
autant que possible à l'ombre des arbres bordant les avenues, sa chemise et son
panung de coton étaient déjà trempés. La lourde atmosphère de la saison chaude
au Siam, se dit-il, n'incitait guère à l'exercice.
    Il se serait bien aventuré plus tôt au marché, mais le
Barcalon lui avait demandé de se rendre d'abord au ministère : là, il cocherait
chacune des factures qu'il avait déjà examinées pour qu'un des plus fidèles
assistants de Son Excellence puisse poursuivre le travail et rechercher au
milieu de tous ces chiffres les fameuses annotations en malais. On avait
accordé maintenant à Phaulkon un peu plus de liberté de mouvement : il n'avait
plus l'impression d'être suivi aussi constamment qu'auparavant, mais on lui
avait expressément demandé de ne quitter Ayuthia en aucun cas. Il n'était
manifestement pas question d'aller à Mergui : et le drame était qu'il n'y avait
personne pour partir à sa place. Burnaby et Ivatt se trouvaient toujours à
Ligor. Alvarez était mort. Combien de temps Sam attendrait-il? Un jour, deux
jours, une semaine tout au plus?
    Dans son désespoir, Phaulkon avait même envisagé de
proposer à Sri de faire le voyage de l'autre côté de l'isthme pendant qu'une de
ses esclaves s'occuperait de son éventaire au marché. Après tout, Samuel étant
le frère de l'ancien maître de Sri — sans doute aussi son ancien amant —, la
chose était donc envisageable. Il pourrait confier à la vieille femme un message
pour Sam, lui demandant de retarder son départ, lui expliquant qu'il avait la
marchandise et qu'il lui fallait juste un peu plus de temps. Mais cela
représentait dans chaque sens un voyage épuisant de dix jours, et Sri n'était
plus une jeune femme. Et si elle n'y survivait pas ? Il ne voulait assurément
pas avoir sa mort sur la conscience.
    Phaulkon avait également songé à révéler tout son jeu au
Barcalon, avec l'espoir d'obtenir son aide pour faire parvenir un message à
Samuel. Mais c'était de la folie. Comment pourrait-il expliquer au Premier
ministre de Siam qu'un vaisseau de la Compagnie des Indes orientales allait
être confisqué par un « intrus » et détourné pour accomplir une expédition
commerciale jusqu'en Perse, avant qu'on le fasse sauter pour anéantir toute
preuve? Comment pourrait-il lui confier même une part de ce projet à une époque
où le Siam faisait des avances à la Compagnie anglaise ? S'il devait au
contraire lui dire que la mission

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