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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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était officiellement approuvée par la
Compagnie, pourquoi le Barcalon laisserait-il partir la marchandise quand
l'essentiel des bénéfices de l'opération allait manifestement revenir à la
Compagnie ? Il devait y avoir une solution, se répétait-il, mais il ne
parvenait pas à la trouver.
    Il était venu aujourd'hui discuter avec Sri du problème
des banquets en l'honneur des ambassadeurs de l'Empire du Milieu. Le festin
devait être somptueux et les mets sans pareil. Peut-être Sri...
    Il s'arrêta net, bouleversé. Perdait-il la tête? Ses
soucis finissaient-ils par brouiller ses idées? Il resta sur place à contempler
devant lui, incrédule, l'exquise créature accroupie auprès de Sri. Sunida!
Comment était-ce possible? Il devait s'agir d'un sosie. Mais si c'était le cas,
il ne manquerait pas de retomber amoureux. Elle était absolument ravissante
dans son panung turquoise, avec son écharpe assortie et ses cheveux d'un noir
de jais ramenés en un chignon serré. Il approcha prudemment, sans la quitter
des yeux, comme s'il s'attendait à voir disparaître cette radieuse illusion. Le
doute n'était pas permis : c'était bien Sunida. Elle bavardait gaiement avec
Sri et ne l'avait pas encore aperçu. Mais comment connaissait-elle Sri ? Et que
faisait-elle à Ayuthia ?
    Il s'approcha de l'éventaire devant lequel il se planta,
son cœur battant plus vite que d'ordinaire. Au même instant, Sunida se retourna
et le vit. Elle ouvrit de grands yeux comme si elle avait aperçu un fantôme et
le dévisagea, muette de saisissement. Puis une immense tendresse, une gratitude
sans fin apparurent dans ses yeux. « Mon farang! » Elle s'inclina profondément,
les mains respectueusement jointes au-dessus de la tête.
    « Sunida ! » s'exclama Phaulkon. Sa première réaction
avait été d'imaginer qu'elle était venue le rechercher jusqu'ici et qu'elle
avait on ne sait comment découvert qu'il était un ami de Sri. Mais, à voir
l'expression de totale stupéfaction qui se peignait sur le visage de la jeune
fille, on pouvait être assuré que ce n'était pas le cas.
    « Sunida ! répéta-t-il. Que fais-tu à Ayuthia ? Quand
es-tu arrivée ici ? »
    Ayant repris plus rapidement ses esprits, elle tourna
vers lui un visage qu'illuminait son radieux sourire. « J'ai rêvé de vous, mon
Seigneur. Il me semble qu'à présent mon rêve devient réalité. C'est bien vous?
    — Ne vous occupez pas de moi, Maître, lança Sri. Je
suis une nouvelle espèce de légume à vendre. »
    La marchande feignait d'être indignée que Phaulkon parût
totalement l'ignorer.
    « Allons, mère. Je viens simplement d'avoir la surprise
de ma vie. Comment vous connaissez-vous toutes les deux ?
    — Nous nous sommes rencontrées il y a quelque temps,
répondit négligemment Sri. La pauvre fille allait acheter des fruits à ma
voisine. J'ai dû l'éclairer, surtout qu'elle m'a dit qu'elle allait devenir une
cliente régulière.
    — Vraiment? » dit Phaulkon en se tournant vers
Sunida.
    Sunida baissa la tête et garda le silence.
    « Sunida, tu n'as répondu à aucune de mes questions. Que
fais-tu ici?
    — Je... je suis venue vivre à Ayuthia, mon Seigneur.
» Elle leva les yeux vers lui. « Et je suis si heureuse de vous revoir.
    — Moi aussi, Sunida. Mais où habites-tu ? »
    Elle hésita. « Pardonnez-moi, mon Seigneur, mais je... je
ne peux pas vous le dire.
    — Comment cela? Je ne comprends pas. » Il se sentit
soudain inquiet. Que signifiait toute cette histoire ? Avait-on déjà pu la
promettre à un autre, si peu de temps après son départ?
    « Voyons, Maître, dit Sri, venant au secours de Sunida,
vous êtes vraiment très indiscret, à poser comme ça des questions gênantes à
une dame. Vous ne voyez donc pas dans quel état vous la mettez? » Une cliente
s'approcha pour acheter des épices et Sri fut obligée de s'occuper de la
nouvelle venue.
    Sunida semblait mortifiée. Comment pourrait-elle avouer à
l'homme qu'elle aimait qu'on la destinait à un autre? Quelle épreuve! Elle
aurait tant voulu être sincère avec lui, lui expliquer que, malgré tout, elle
n'aimait que lui.
    « Sunida, que signifie tout ce mystère ? Tu devrais
n'avoir rien à me cacher », dit Phaulkon en essayant de garder son calme. Rien
qu'à la regarder, il en avait le souffle coupé. La brusque mélancolie qui
envahissait ses yeux en amande lui déchirait le cœur. Même dans un pays où les
belles femmes étaient monnaie courante, elle était absolument

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