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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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solidement tenue par les
Siamois. Que ne donneraient pas les Anglais pour prendre pied ici !
songea-t-il. Avec Madras à l'ouest et Mergui à l'est, le golfe tout entier
serait pratiquement sous leur contrôle.
    Quel ennui que personne n'eût été là pour l'accueillir !
Il avait attendu déjà deux jours entiers et ne pouvait se permettre de
s'attarder davantage. Certes, il était arrivé avec plus d'une semaine d'avance
sur l'horaire prévu, mais son frère George lui avait laissé entendre que
quelqu'un — ce Grec ou l'un de ses hommes — serait là plus tôt, à tout hasard. Quiconque
avait une certaine expérience de la mer savait qu'il était impossible de faire
des estimations précises sur les vents capricieux du golfe. Une chose en tout
cas était certaine : les marées avaient leurs horaires réguliers et il ne
pouvait se permettre d'être surpris du mauvais côté du golfe avec des vents
contraires. Il ne pouvait attendre à Mergui plus longtemps qu'il n'était
vraiment nécessaire : du moins s'il voulait traverser le golfe, contourner la
pointe de l'Inde, remonter jusqu'au golfe Persique et rentrer avant que les
moussons ne se déchaînent.
    Il chassa de son front des mèches couleur de paille et
réfléchit un moment. Il aurait bien aimé rester un peu plus longtemps dans ce
petit coin de paradis, avec ses femmes birmanes, sa cuisine délicieuse et ses
larges perspectives sur l'océan à vous couper le souffle. Mais le temps
pressait. Puisque personne
    n'était là pour l'accueillir, il lui faudrait gagner
rapidement Ayuthia pour enquêter sur la situation. Si Phaulkon ne s'y trouvait
pas, si la marchandise n'était pas prête, il devait faire demi-tour et repartir
en se contentant de maudire sa malchance et ce Grec dont son frère lui avait
dit si grand bien.
    Pendant que son navire était ostensiblement en
réparation, le capitaine White avait laissé entendre à ses officiers qu'il
avait à accomplir une importante mission qui pourrait l'amener à s'absenter
trois semaines : c'était, à son avis, le délai le plus court pour gagner en
hâte la capitale et en revenir. En attendant, ils devaient entretenir le mvthe
des réparations à effectuer sur le navire et avoir l'air terriblement occupés
jusqu'à son retour. Le capitaine avait lancé un coup d'œil en direction d'un
groupe animé de femmes birmanes qui pépiaient non loin de là : il avait laissé
entendre à ses hommes que les occupations ne leur manqueraient pas. Il y avait
aussi le problème de la cargaison d'opium et de beaux tissus indiens à
débarquer discrètement pour la vendre sur le marché local. Les hommes,
manifestement attachés à leur téméraire capitaine, avaient éclaté de rire et
promis de s'occuper des deux questions dont on les avait chargés.
    Ce matin-là, à l'aube, avec ce frisson d'excitation qu'il
ressentait toujours lorsqu'il se lançait dans un territoire inconnu, Samuel
White partit pour le voyage de onze jours qui devait l'amener à Ayuthia. Il
avait loué quatre pirogues, plusieurs porteurs pour se charger des caisses de
cadeaux et engagé les services d'un guide indien qui parlait quelques mots
d'anglais et qui ne cessait de se prosterner en direction de La Mecque, surtout
quand on lui demandait le moindre travail. Mais du moins pouvait-il s'adresser
aux coolies dans leur langue.
    C'était donc là, songeait Samuel en cheminant, la célèbre
route qui, par des rivières et à travers la jungle, voyait passer l'essentiel
du commerce entre l'Inde, la Perse et Ayuthia, en faisant gagner des semaines
sur un voyage par mer beaucoup plus long.
    La route traversait l'isthme étroit, reliant ainsi le
golfe du Bengale au golfe du Siam : elle évitait le long détour par le
promontoire de Singapour et le long de la côte orientale de la presqu'île
malaise jusque dans le golfe du Siam et l'embouchure du Menam. Non seulement on
gagnait deux mois, mais on avait en outre l'avantage d'éviter les eaux
infestées de pirates du détroit de Malacca.
    Même si la route passait par des forêts apparemment
impénétrables, des marais infestés par la malaria et des jungles peuplées de
tigres, d'éléphants et de rhinocéros, on pouvait l'utiliser durant la saison
sèche, de novembre à mai. Mais le reste de l'année, quand les moussons
faisaient rage, le commerce était pratiquement paralysé. Les eaux des rivières
gonflaient furieusement, les moustiques se multipliaient par centaines et des
légions de sangsues venaient se

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