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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Fasse le Ciel qu'il admette qu'un incident indépendant de sa volonté
l'avait empêchée de venir.
    Elle se dirigea vers l'éventaire de Sri, en s'efforçant
de cacher son accablement. « Pi Sri, Pi Sri, balbutia-t-elle, le maître est-il
venu?
    — Bien sûr que oui. Maintenant calme-toi, ma chère. Tu me
parais bien trop agitée. »
    Sunida essaya de se contrôler. « Et qu'a-t-il dit ?
Était-il en colère? » Elle semblait toujours mortifiée.
    « Il n'était pas en colère, ma chère. Je dirais plutôt :
désespéré.
    — Oh, Pi Sri, je suis désespérée moi aussi à l'idée
que c'est moi qui lui ai fait de la peine. J'aurais dû venir quand même.
J'aurais dû refuser d'écouter. Va-t-il revenir? »
    Sri se prit de pitié à la vue d'une enfant si pure et si
belle. « Si tu veux bien te calmer, ma chère, je vais t'annoncer la bonne
nouvelle. »
    Sunida fut aussitôt attentive.
    Sri se pencha vers elle et chuchota : « Tu connais cet
homme que l'on t'a chargée d'espionner? C'est quelqu'un que tu connais déjà...
et qui t'intéresse. »
    Tout d'abord, Sunida ne comprit pas. « Que voulez-vous
dire ?
    — C'est le maître, mon enfant. Ton farang préféré.
C'est lui que tu dois espionner. Le mandarin n'existe pas. »
    Sunida laissa les mots lentement pénétrer son esprit, les
répétant inlassablement comme pour s'assurer qu'elle avait bien entendu.
    « Vous ne vous moquez pas de moi, Pi Sri?
    — Bien sûr que non, mon enfant », répondit la
marchande, touchée par l'expression émerveillée de la jeune femme : tout son
visage s'était illuminé.
    « Formée à servir l'homme que j'aime. À servir mon farang
», ne cessait de murmurer Sunida. Puis, brusquement, elle s'assombrit. « Mais
va-t-il vraiment falloir que je l'espionne ?
    — Je le crains, mon enfant. Il y a toujours un prix
à payer pour un excès de bonheur.
    — Alors, dans mes prières, je vais implorer le
Seigneur Bouddha que mon maître ne m'oblige pas à transmettre au Palais des
propos qui l'accusent.
    — Et je prierai aussi pour cela, renchérit Sri avec
sincérité. Car c'est par moi que ces renseignements devront passer.
    — Quel terrible destin que d'avoir à espionner son
bien-aimé, murmura Sunida.
    — Mais il aime notre pays, mon enfant, nous n'avons
rien à craindre. Dis-toi bien ça. »
    Sunida dévisagea Sri. « Vous le saviez depuis le début,
n'est-ce pas, Pi Sri? Que c'était celui à qui l'on me destinait ? »
    Sri hocha la tête. « Il fallait que ça paraisse naturel,
ma chère. Tu n'aurais jamais pu jouer ton rôle de façon aussi convaincante si
tu avais connu la vérité. » Elle sourit. « Même moi, j'ai commencé à croire à
l'existence du mandarin quand j'ai lu l'angoisse sur ton visage. »
    Les pensées de Sunida remontèrent très loin. « Mais même
mon oncle... » commença-t-elle, puis elle s'arrêta. A n'en pas douter, il avait
de bonnes raisons, songea-t-elle, perplexe.
    Sri examina soigneusement Sunida. « Ta mission commence
plus tôt que tu ne le crois, mon enfant. Il faut que je t'envoie à Mergui dès
que possible.
    — A Mergui ? Mais c'est encore plus loin que Nak-hon
si Thammarat. Le maître viendra-t-il aussi ?
    — Je crains que non, ma chère. Tu porteras pour lui
une lettre là-bas. Le Palais voudra naturellement la lire d'abord. Mais,
courage, quand tu reviendras il se sera écoulé assez de temps pour que notre
mystérieux mandarin ait renoncé à te rechercher : tu pourras t'installer alors
dans la maison du maître. »
    Cette idée réconforta Sunida. « Pourrai-je le voir avant
de partir?
    — Ce ne serait pas raisonnable, ma chère. N'oublie
pas que tu échappes aux griffes d'un puissant mandarin.
    — J'espère qu'il n'y a rien de mal dans la lettre,
Pi Sri.
    — Moi aussi, ma chère. Mais n'oublie pas : quand tu
rentreras, tu ne devras jamais lui révéler la vérité, si fort que tu puisses
l'aimer.
    — Je sais, Pi Sri, le Seigneur de la Vie a ordonné
», dit-elle bravement.
    Le capitaine Samuel White, de la Compagnie des Indes
orientales, se retourna pour jeter un ultime regard à la rade enchanteresse où,
ces deux derniers jours, sans aucune explication valable, il s était senti si
profondément chez lui. Mergui — le plus grand port au nord de Malacca, un joyau
de la côte occidentale du golfe du Bengale, la porte de l'Inde et de
l'Occident, convoitée tout au long de l'histoire par les Birmans, les Siamois
et les Portugais et qui maintenant se retrouvait

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