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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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réticence naturelle à accepter des importations faisait d'eux
des clients difficiles. Les peaux devaient être de qualité supérieure.
Maintenant qu'il pouvait exporter directement, songea Yopperhoofd, qui
irait remarquer une petite différence d'un ou deux pour cent sur des
expéditions de cent mille peaux? Et puis les Japonais payaient en lingots
d'argent, monnaie fort prisée à Ayuthia. Bientôt, son style de vie allait
grandement s'améliorer.
    Quels étaient alors les mobiles de Phaulkon ? Il
possédait une connaissance impressionnante du hollandais et du siamois. Mais
lui ou les Anglais ne pouvaient sérieusement espérer supplanter la VOC. De
Batavia, le gouverneur-generaal approvisionnait régulièrement le roi de
Siam en canonniers, artilleurs, joailliers, médecins et charpentiers, et même
en souffleurs de verre et en peintres. Que ferait Sa Majesté sans tous ces
gens? Sans ces horloges et ces télescopes? Il comptait en outre sur le marché
tout proche de Java, encore sous le joug hollandais, pour écouler ses surplus
de riz.
    D'ailleurs, le bureau local apportait scrupuleusement sa
contribution aux cérémonies de crémation des hauts fonctionnaires siamois et
faisait participer la Compagnie à toutes les fêtes du pays. On savait comment
et quand distribuer des présents. Cela faisait partie du système. Les Anglais,
en revanche, étaient désorganisés : ils étaient préoccupés par leurs affaires
sur le sous-continent indien et, bien qu'ayant leur direction régionale à
Madras, ils connaissaient lamentablement mal la région. Ils n'étaient
d'ailleurs qu'une poignée...
    Un grand cri vint interrompre ses réflexions. La foule autour
de lui se figea.
    Une violente sonnerie de trompes et le craquement de
branches piétinées précédèrent l'apparition d'un mâle colossal qui sortit en
rugissant de la forêt, à la poursuite de deux femelles. Conduites par des
mahouts camouflés qui s'efforçaient désespérément de les guider avec leurs
crocs de fer, les femelles en comparaison, semblaient des miniatures; elles se
dirigeaient vers la longue allée de poteaux. À chaque enjambée, le mâle gagnait
du terrain. On pouvait se demander si les femelles atteindraient l'allée avant
que le géant ne les ait rattrapées en terrain découvert. Elles y parvinrent de
justesse. L'énorme mâle s'engouffra dans l'étroite allée à leur poursuite et
dut ralentir l'allure. Il leva sa trompe en émettant une série de barrissements
assourdissants. Plusieurs Siamois à pied se glissèrent alors avec agilité dans
l'allée par les étroits interstices qui séparaient les poteaux, et tentèrent de
provoquer l'éléphant avec des bâtons pointus.
    L'animal se retournait sauvagement contre l'un, puis
l'autre : mais avant qu'il ait pu écraser ses assaillants sous son énorme
patte, ils s'étaient faufilés hors d'atteinte des défenses furieuses qui
venaient se planter avec un bruit sourd dans les poteaux. L'animal, en colère,
se dégageait, faisait volte-face et se lançait à la poursuite de nouveaux
adversaires qui continuaient leur stratégie d'épuisement.
    Tandis que certains s'efforçaient ainsi de l'exciter,
d'autres, avec une adresse étonnante, lançaient des boucles d'épais cordages
autour de ses pattes arrière et les ligotaient. Mais, comme ils ne pouvaient se
cramponner à l'extrémité des liens sans être eux-mêmes traînés par l'éléphant,
force leur était de lâcher prise et de laisser l'énorme bête tirer les cordes
derrière lui sans dommage.
    Un cri monta alors de la foule. Les hommes à pied se
dispersèrent brusquement et un cavalier camouflé montant une femelle entra dans
l'allée derrière le colosse. C'était Sorasak. Il n'était pas vraiment populaire
mais on respectait malgré tout ses prouesses de chasseur. La foule, retenant
son souffle, attendait son numéro. On savait qu'il devait attirer la bête
féroce dans le dernier enclos au bout de l'allée où d'autres hommes à pied
auraient la tâche périlleuse d'attacher au tronc épais du banyan les bouts de corde
qu'il traînait. Pendant ce temps, l'homme qui chevauchait l'éléphante tenterait
d'attraper au lasso l'énorme animal et d'attacher l'une à l'autre les deux
bêtes, sauvages et domptées.
    La foule poussa une clameur. Sorasak, profitant d'un
répit momentané, sauta sur le dos de l'éléphant sauvage et se cramponna à ses
oreilles. Celui-ci réagit aussitôt avec violence. Poussant un barrissement
assourdissant, il

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