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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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brandit sa trompe et se dressa sur ses pattes arrière pour
tenter de faire tomber cet adversaire irritant. Mais Sorasak serra les genoux,
se pencha en avant et se cramponna à son dos jusqu'au moment où l'animal,
exaspéré, changea de tactique et, de toutes ses forces, chargea un des poteaux
bordant l'allée. Le poteau fut secoué jusqu'à ses fondations mais tint bon.
Sorasak ne lâcha pas prise. La bête furieuse recula et plongea de nouveau. Le
poteau cette fois fut presque déraciné et, au troisième assaut, il se pencha de
côté, ce qui permit à l'éléphant de l'entraîner en se précipitant par
l'ouverture.
    Ce fut comme un cataclysme. Un éléphant enragé, d'une
taille exceptionnelle, chargeait droit sur la foule à cinquante mètres à peine
de là. Toujours cramponné au dos de la bête, Sorasak lui enfonçait dans le cou
son croc acéré, dans une tentative frénétique pour le faire dévier de sa route.
Il ne restait que quelques secondes : alors que la foule s'enfuyait dans toutes
les
    directions, l'animal vira soudain sur la gauche et se
précipita vers le bord de l'enclos royal. Sur les vingt derniers mètres, il
s'élança droit sur Phaulkon : on aurait presque dit qu'il l'avait choisi pour
cible.
    Phaulkon plongea de côté au moment précis où deux
spectateurs étaient piétinés devant lui. Du coin de l'œil, il aperçut Van
Risling projeté au sol la tête la première. Deux autres Siamois, ses voisins,
poussèrent une série de hurlements avant de disparaître dans un nuage de
poussière. La terre trembla sous lui et Phaulkon sentit, plutôt qu'il ne vit,
l'éléphant passer au galop à quelques centimètres de lui.
    Tuant ou estropiant tout ce qui se trouvait sur son
passage, l'animal enragé chargea à fond de train vers la forêt. La foule se
regroupa et se retourna pour regarder, tandis que le cavalier s'apprêtait à
sauter. Tous savaient que c'était risquer la décapitation immédiate que de monter
un éléphant en pleine charge qui se précipitait à travers une forêt. Sorasak
devait sauter avant le premier taillis et se recevoir avec suffisamment
d'adresse pour ne pas se rompre les os. Il devait calculer soigneusement sa
chute. Il attendit la dernière minute pour s'assurer que l'animal, emporté par
son élan, allait plonger trop profondément dans la forêt pour se retourner et
le chercher des yeux. La foule retint son souffle en voyant Sorasak exécuter un
saut spectaculaire puis rouler à plusieurs reprises sur le sol. On attendit de
voir si le colosse allait revenir sur ses pas. Puis, comme il continuait sa
course, les spectateurs se précipitèrent pour inspecter les dégâts.
    L'audacieux cavalier s'était blessé : le sang ruisselait
d'une plaie qu'il avait au front. On alla chercher une civière de bambou et
l'on apporta Sorasak devant le roi qui s'enquit avec sollicitude de son état et
ordonna qu'on le confie aussitôt aux soins de ses propres médecins. Les gens
couraient dans tous les sens pour aller porter secours aux blessés. Le corps
massif de Van Risling était secoué de tremblements tandis que Faa, secoué mais
indemne, s'occupait de lui.
    Phaulkon s'était redressé sur un genou, tout
    étourdi. Le brancard de Sorasak passa presque devant lui.
Un instant, les regards des deux hommes se croisèrent. Le blessé fixa
longuement Phaulkon. Dans ses yeux qui brillaient d'un éclat froid, le Grec
aperçut une lueur de mépris qu'il reconnut aussitôt : jamais il ne
l'oublierait. C'était le boxeur de Ligor!
    Fasciné, et avec le pressentiment que ce ne serait pas
leur dernière rencontre, Phaulkon suivit du regard la civière jusqu'à ce
qu'elle eût disparu. Alors, il s'efforça de se concentrer sur l'état de Van
Risling. De toute évidence, la rencontre prévue avec le général Petraja devait
être reportée. Faa avait demandé une autre civière et, à eux deux, ils y
installèrent le gros homme. Van Risling semblait avoir la jambe droite brisée
et il tressaillit de douleur quand on y toucha.
    « Godverdorie ! » cria-t-il en grinçant des dents.
    Pour la première fois depuis qu'il le connaissait,
Phaulkon éprouva de la compassion pour le malheureux. Ils suivirent les autres
civières qui s'éloignaient en direction de la ville.
    25
    Le domestique vint annoncer l'arrivée d'un visiteur
farang. D'origine indienne, le serviteur parlait quelques mots d'anglais : cela
avait suffi à lui faire obtenir un poste auprès de son maître qui, sans lui,
aurait été

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