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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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incapable de communiquer avec le monde qui l'entourait.
    Assis dans le fauteuil de son salon de style britannique,
Burnaby voulut connaître le nom du visiteur. Mais c'était trop demander.
L'homme était un farang et, comme Ananda le savait par expérience, tous les
farangs avaient des noms improbables. Burnaby marmonna quelque chose à propos
de ces indigènes impossibles à dresser et ordonna à Ananda de faire entrer le
visiteur.
    « Thomas, cria Bumaby, nous avons de la visite. Un
Européen. Je me demande qui ça peut bien être?
    — Est-ce que Constant est de retour? » s'écria Ivatt,
très excité, en accourant de la pièce voisine où il s'exerçait à un vieux tour
de prestidigitation. Il y avait presque réussi et était bien décidé à le mettre
définitivement au point pour ses débuts au palais. Peut-être allait-on le
convoquer là-bas d'un instant à l'autre, songea-t-il avec nervosité. Ses tours
étaient devenus une habitude régulière à la demeure du gouverneur de Ligor :
les enfants de la maisonnée du mandarin avaient été consternés à l'annonce de
son départ. Et voilà qu'aujourd'hui, grâce à la recommandation du gouverneur,
on lui demanderait probablement de faire son numéro devant les enfants royaux,
au palais. « Qui sait, avait-il dit à Burnaby en plaisantant, je pourrais
peut-être rencontrer le roi avant Constant et lui arranger une invitation. »
    « Non, ça ne pourrait pas être Constant, répondit
Burnaby. Même mon abruti de serviteur le reconnaîtrait, encore qu'avec Ananda
on ne sache jamais. Deux mois d'absence auraient suffi à lui embrumer la
mémoire. »
    Ils étaient arrivés de Ligor la veille, à bord du bateau
du gouverneur, et s'étaient rendus tout droit à la maison de Phaulkon pour
découvrir qu'il était absent. Ivatt, qui avait étudié le siamois avec beaucoup
d'ardeur, avait cru comprendre, d'après les propos de la jeune esclave, que son
maître se trouvait à Louvo pour une chasse à l'éléphant. Qu'est-ce que Constant
avait encore inventé? se demandaient-ils tous deux. Les chasses à l'éléphant de
Louvo n'étaient-elles pas des cérémonies royales? Peut-être Ivatt avait-il mal
compris.
    On fit alors entrer le visiteur dans le petit salon. Les
deux hommes le considérèrent avec curiosité. Il était l'image même de
l'aventurier venu en Asie, un pirate gentleman, beau, frisant la trentaine,
avec des yeux couleur de lagon et une crinière de cheveux blonds rendus presque
blancs par le soleil. Il avait le visage hâlé, un air sûr de lui, aux limites
de l'arrogance.
    « Messieurs, Samuel White à votre service. » Il leur fit
un large sourire et les séduisit dès le premier instant.
    Les deux hommes se levèrent aussitôt pour l'accueillir.
    « Je suis Richard Burnaby, et voici mon adjoint, Thomas
Ivatt. Bienvenue à Avuthia, monsieur White.
    — Merci, monsieur. Votre nom ne m'est pas inconnu.
Mon frère George l'a souvent cité dans des termes les plus flatteurs. » Il eut
un large sourire, exhibant une rangée de dents parfaites dont son visage hâlé
faisaient encore ressortir la blancheur.
    « Merci à vous, monsieur. » Burnaby était rayonnant, mais
son expression se fit bientôt plus soucieuse quand il ajouta : « Nous vous
attendions. »
    Samuel perçut tout de suite son ton navré.
    « Un de vos employés m'a conduit de votre factorerie
jusqu'à la maison de M. Phaulkon, mais j'ai eu quelque peine à me faire
comprendre. On a fini par m'amener ici. Me pardonnerez-vous, monsieur, si j'en
viens droit au fait ? Ma brusquerie n'a pour motifs que le peu de talent que
j'ai à m'exprimer et mon besoin de retourner à Mergui dans les plus brefs
délais. » Il s'interrompit brièvement avant de demander : « Est-ce que la
cargaison pour la Perse est prête ? »
    Burnaby hésita, mais son expression était suffisamment
éloquente. « Nous avons eu quelques difficultés inattendues », avoua-t-il
enfin.
    Du coup, l'indignation assombrit le visage de White.
Crétins incompétents! semblait-il dire. En un instant, il avait oublié ses
manières charmantes pour ne plus exprimer que le dédain et le mépris.
    « Si je comprends bien, dit-il froidement, vous n'avez
pas la marchandise.
    — Un instant, intervint Ivatt en se tournant vers
Burnaby. Soyons précis. Nous n'avons pas encore parlé à Constant. Je suis
certain qu'il ne sera pas resté tout ce temps les bras croisés. »
    Samuel se tourna brusquement vers le petit homme. «
Monsieur, soit

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