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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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nous rencontrons une nouvelle fois, heer Phaulkon. » Les sons gutturaux lui parurent étrangement familiers et le Grec se
retourna. La foule s'écarta devant deux nouveaux venus. Le plus cor-
    pulent des deux éveillait tout particulièrement
l'intérêt, et la foule, peu habituée à voir des farangs, le dévisageait avec
une curiosité non dissimulée.
    «Heer Van Risling, quelle surprise! s'exclama
Phaulkon en hollandais. Je ne savais pas que vous étiez un aficionado de
la chasse. »
    Le gros Hollandais, toujours aussi rougeaud et
transpirant sous le poids de sa tenue européenne, eut une grimace écœurée.
    « Je suis venu tout exprès de Ligor afin de régler
certaines affaires qui vous concernent directement, heer Phaulkon. »
    Le Grec ne releva pas.
    « Et puis-je vous demander si vous avez vu mes collègues,
MM. Burnaby et Ivatt? demanda-t-il.
    — Nous ne fréquentons pas les mêmes milieux, répondit Van
Risling d'un ton hautain. Us sont prisonniers, je crois. »
    Il se tourna vers son compagnon, un grand homme aux
cheveux gris qui possédait des traits élégants, réguliers, et au sourire
avenant. « Puis-je vous présenter heer Aarnout Faa, notre distingué
directeur à Ayuthia ? Heer Constantin Phaulkon. »
    Les deux hommes s'inclinèrent courtoisement. Phaulkon
observa avec intérêt le chef de la Verenigde Oostindische Compagnie, que l'on
appelait simplement la VOC. Il était le Hollandais ayant le plus haut rang au
Siam et, si Phaulkon avait eu des contacts avec d'autres employés de la
Compagnie hollandaise des Indes orientales, c'était la première fois qu'il en
rencontrait le chef.
    Aarnout Faa, Yopperhoofd ou directeur résident,
employait un personnel de plus de quarante personnes où chacune appartenait à
une catégorie bien définie : opperkoopman, koopman, onderkoopman, assistants koopman, chirurgiens en titre et assistants chirurgiens, comptables,
magasiniers, soldats, matelots et ouvriers. Ses bureaux d'Ayuthia, un bâtiment
massif de brique de l'autre côté de la rivière, faisaient l'envie de tous les
marchands du Siam. Faa régnait sur tout cela et n'avait de compte à rendre
qu'au gou-verneur général de Batavia, à Java : c'était un homme avec lequel il
fallait compter.
    « On m'a beaucoup parlé de vous ces temps-ci, heer Phaulkon
», commença-t-il dans un anglais parfait. Il avait passé un diplôme de langues
et de littérature à l'université d'Amsterdam et, même si vingt ans s'étaient
écoulés depuis cette époque, il avait eu maintes fois l'occasion d'en conserver
la pratique. L'univers commercial de l'Asie du Sud était peuplé de pirates
anglais et de quelques rares gentlemen. « Il paraît que vous avez fait
sensation à notre petite succursale de Ligor. » Faa sourit et désigna du doigt
Van Risling. « Et vous avez manifestement fait impression sur notre chef koopman là-bas. »
    Van Risling se dandina d'un air gêné. Il avait du mal à
suivre l'anglais rapide de son chef.
    Phaulkon s'inclina. « Monsieur, je suis certain que
l'impression a été réciproque.
    — Heer Van Risling vient d'arriver de Ligor,
reprit le directeur, revenant au hollandais pour son collègue. Nous comptions
en fait vous rendre visite demain à Ayuthia. Cette rencontre fortuite peut nous
en éviter la nécessité. Je tenais particulièrement à discuter avec vous du
problème de certains canons. » Le directeur marqua un temps. « J'ai été
intrigué d'apprendre que vous transportiez des armes d'origine hollandaise.
C'est fort étrange, heer Phaulkon, si l'on songe à quel point vous
autres Anglais êtes fiers de ce que vous fabriquez vous-mêmes.
    — Nos pratiques commerciales, vous en conviendrez, heer Faa, sont des affaires qui ne concernent que nous-mêmes.
    — En effet, heer Phaulkon. Je comprends fort
bien votre réticence à aborder ce sujet. Surtout si, comme je le crois, vous
tentiez de fournir des canons hollandais aux rebelles de Pattani. J'ai
naturellement exprimé mon opinion sur ce point à Son Excellence le Barcalon.
Comme vous le savez, notre Compagnie hollandaise fonctionne dans ce pays depuis
près d'un siècle et nous entretenons d'excellentes relations avec le
gouvernement siamois.
    — Je suis surpris de l'apprendre, heer Faa.
Ce n'est pas du tout l'opinion que j'ai de la situation. Pas plus, j'ose le
dire, que celle du gouvernement siamois. Peut-être avez-vous quelque peu perdu
le contact, mijn heer. Bien sûr, ajouta sèchement Phaulkon, le fait de
ne pas

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