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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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inconsolable à l'idée qu'il ne va
peut-être pas s'en remettre. »
    C'était la première fois que Phaulkon entendait parler
des ambitions du général Petraja, mais le père Morin lui avait déjà donné des
nouvelles de la princesse Yotatep grâce aux potins recueillis dans les cuisines
royales. Apparemment, la princesse n'avait rien mangé depuis trois jours : les
plateaux d'or étaient tous redescendus intacts de ses appartements. Les
cuisiniers s'arrachaient les cheveux en se demandant quel plat ils allaient
pouvoir lui préparer.
    « Alors, oncle Constant, puisque le banquet va bientôt se
terminer et que, je le vois, ce sera un éclatant succès, pouvons-nous espérer
vous voir un peu plus ? demanda Maria en se tournant vers lui.
    — Si tu promets de ne plus m'appeler oncle, oui. Ça
me donne l'impression d'être très vieux.
    — Mais vous êtes vieux, mon oncle. Vous avez au
moins deux fois mon âge.
    — En voilà assez, ma chérie, protesta mestre Phanik en lui jetant un regard désapprobateur. Je ne sais ce qu'elle a »,
ajouta-t-il en se tournant vers Phaulkon d'un air d'excuse.
    Les esclaves versaient maintenant du thé de Chine dans
des tasses d'une délicate porcelaine bleue et blanche, et Phaulkon accepta un
verre de vin rouge pétillant.
    « C'est une femme maintenant, doutor, dit
Phaulkon, et elle a ses idées. »
    Lui aussi était quelque peu déconcerté par l'hostilité
inattendue de la jeune fille. Hostilité qui semblait tout à fait sincère. Peut-être
en effet vieillissait-il, songea-t-il, même s'il n'en avait pas l'impression.
En fait, la vie commençait à peine pour lui. 11 était désormais sur la bonne
voie, il en était sûr. Burnaby et White étaient partis pour Mergui, lourdement
chargés des plus belles marchandises. La réussite de l'expédition en Perse
pourrait le propulser vers les sommets. Il comptait les jours jusqu'au retour
de ses compagnons. Il s'inquiétait aussi de la sécurité de Sunida et priait
pour son très proche retour. Peut-être parais-sait-il fatigué. Pourtant, il
était étrange que Maria se montrât aussi bourrue. Mais la vue d'Aamout Faa, le
directeur de la Verenigde Oostindische Compagnie, assis près du mur du fond,
vint détourner le cours de ses pensées. Phaulkon croisa son regard et
s'inclina. Le Hollandais baissa la tête pour répondre à son salut.
    « Voulez-vous me pardonner? Je reviens dans un instant,
dit Phaulkon en se levant.
    — Vous vous ennuyez déjà en notre compagnie, oncle
Constant? demanda Maria.
    — Pas du tout, ma chère. Je la quitte juste un
moment afin de mieux l'apprécier à mon retour. »
    Phaulkon alla saluer Faa et s'enquit poliment de l'état
de santé de Van Risling. « Il va mieux, merci, heer Phaulkon. Le
chirurgien a réduit deux fractures et notre ami réapprend lentement à marcher
en s'aidant d'une canne. Bien entendu, je lui ferai part de votre sollicitude,
ajouta-t-il avec quelque ironie.
    — Je vous en remercie, répliqua Phaulkon.
    — Et je dois vous féliciter sur la façon dont vous
avez organisé le banquet ce soir. Remarquable travail. Vous êtes un homme riche
de bien des talents, heer Phaulkon. Dommage qu'ils ne soient pas tous
consacrés à des objectifs convenables. » Il eut un sourire poli tout en se
servant d'un morceau de bar délicatement aromatisé au basilic.
    « On peut en dire autant de nombre de vos projets
concernant le Siam, heer Faa. »
    Le directeur ne releva pas cette pique. « Et votre
nouveau poste au ministère? J'imagine que vous espionnez avec brio pour le
compte des Anglais ?
    — En effet, heer Faa. Et je récolte en même
temps de précieux renseignements sur les Maures. Il y a, semble-t-il,
d'étonnantes similitudes entre leurs méthodes et les vôtres.
    — Oh? Comment ça? Je serais curieux de l'apprendre.
    — Cette information est malheureusement
confidentielle, mijn heer, mais elle se trouve dans les rapports que
j'ai envoyés à Madras.
    — À n'en pas douter, ces rapports seront jugés pour
ce qu'ils sont : une tentative pour détourner l'attention de nos propres griefs
quant à votre conduite, heer Phaulkon, répliqua le Hollandais avec un
sourire.
    — Vous oubliez, heer Faa, que la Compagnie
anglaise n'a guère de préjugés en votre faveur.
    — Ah, mais vous jugez du point de vue subalterne des
agents de la Compagnie au Siam, heer Phaulkon. Ne sous-estimez pas
l'avis plus autorisé de vos directeurs à Madras.
    — Certes, heer Faa : c'est

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