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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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capable de vous maintenir dans le droit chemin. Son nom est Maria
de Guimar. »
    Phaulkon se demanda un moment si Maria était pour quelque
chose dans tout cela. Puis il écarta cette idée qui lui parut ridicule.
Néanmoins, il s'en assurerait.
    « Et comment savez-vous qu'elle serait disposée à
m'épouser? »
    Le père hocha la tête d'un air entendu. « Nous le savons.
Après tout, nous l'avons élevée. À titre tout à fait exceptionnel, évidemment.
Vous savez peut-être que les Jésuites ne sont pas autorisés à se mêler de
l'éducation des femmes. Mais nous nous inquiétons souvent de son bien-être et,
quand un de mes collègues a demandé en plaisantant à son oncle si elle avait
déjà trouvé quelque beau jeune homme à épouser, il a répondu qu'elle s'était
malheureusement entichée d'un certain M. Constant et qu'elle refusait de
regarder quelqu'un d'autre.
    — Vous avez dit "malheureusement"? demanda
Phaulkon.
    — Malheureusement, monsieur, car vous n'êtes pas
catholique. C'est la seule raison. Mestre Phanik vous admire beaucoup. »
Il marqua un temps. « C'est en fait la remarque de mestre Phanik qui
nous a suggéré l'idée.
    — Vous voulez dire que, depuis le début, vous avez
comploté ce mariage? demanda Phaulkon décontenancé.
    — Comploté? Non, le mot serait trop fort. Disons que
nous espérions que vous verriez les choses comme nous.
    — Vraiment, mon Père? Vous me stupéfiez. Vous voulez
dire que vous êtes venu ici pour me proposer de congédier mon... personnel, de
changer de religion et d'épouser une femme que je connais à peine ?
    — Cela vous paraîtrait un sacrifice moins grand,
monsieur, si vous le mesuriez à l'aune de la récompense qu'il apporte : le
salut de millions d'âmes. Ces récompenses-là, monsieur, ne seraient pas
seulement ici, sur terre, mais s'étendraient jusqu'au ciel.
    — Il me faudrait d'abord des preuves de tout cela,
mon Père. Souvenez-vous : je suis un homme pratique. »
    Vachet but une gorgée de thé et observa Phaulkon d'un air
matois.
    « Mais bien sûr, mon ami, nous ne parlons plus de
sacrifice mais plutôt d'opportunité. Vous souhaitez un traité avec la France et
vous voulez que nous l'obtenions par notre supérieur général à Versailles... »
    Phaulkon l'interrompit. « Non, mon Père, cette partie-là
viendra plus tard. Il me faut le traité maintenant, rédigé ici par vous autres
Jésuites. »
    Vachet ne pouvait cacher sa surprise. « Rédigé ? Je
croyais que vous aviez dit : annoncé, et non pas rédigé. Vous ne nous demandez
tout de même pas de mettre tout ça par écrit ? »
    Phaulkon le dévisagea sans mot dire.
    « Et qui... signerait ce document, monsieur? poursuivit
le jésuite, de l'air de quelqu'un qui soupçonnait déjà la vérité.
    — Quiconque d'entre vous saurait le mieux reproduire
le sceau royal de France et la signature de M. Colbert, le ministre du roi. »
    Vachet leva les bras au ciel. « Ah non, monsieur, vous
plaisantez ! Voilà qui est allé trop loin.
    — Dans ce cas, mon Père, nous serons tous perdants :
la France, les Jésuites et moi-même.
    — Comment ça? »
    Phaulkon le regarda droit dans les yeux. « Parce que les
Hollandais sont sur le point d'envahir le Siam.
    — Ah, mon Dieu! Vous en êtes sûr?
    — Absolument. La seule chose que je ne connaisse pas
encore, c'est la date précise. Mais ce sera pour très bientôt. Leurs navires de
guerre se préparent en ce moment même à quitter Batavia. Il faudrait sept mois
à un navire pour atteindre la France, trois pour que votre supérieur général
obtienne l'accord du roi Louis et sept mois encore à un vaisseau pour rapporter
une réponse. Nous n'avons pas un an et demi à notre disposition, mon Père.
Trois semaines peut-être, un mois tout au plus. »
    Vachet maintenant secouait la tête, l'esprit
essentiellement préoccupé du sort des Jésuites si la Hollande protestante
mettait la main sur le Siam. Bien sûr, il avait entendu des rumeurs sur les
ambitions hollandaises dans cette région, mais rien d'aussi précis ni d'aussi
imminent. Pourtant, si quelqu'un devait être au courant, c'était bien Phaulkon,
qui travaillait en étroite collaboration avec le Barcalon.
    « Et les Anglais, monsieur Constant ? Ils ne peuvent pas
faire quelque chose ? »
    Phaulkon pensa à Potts. « Les Anglais, mon Père, sont
complètement désorganisés : un de leurs chefs comptables vient d'être jeté en
prison pour incendie volontaire en état

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