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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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précis. Vous pourriez maintenant devenir
leur chef. Et, comme vous auriez facilement accès à d'autres mandarins, il
pourrait y en avoir davantage. Quant à Sa Majesté...
    — Mais je ne suis même pas catholique ! » protesta
Phaulkon.
    Les détails de son propre plan commençaient déjà à
s'esquisser dans sa tête.
    « Voilà qui n'est pas irrémédiable, n'est-ce pas ?
suggéra le père. J'ai cru comprendre que vous étiez né dans notre religion. »
    Comment le sait-il ? se demanda Phaulkon impressionné.
    « Qui vous l'a dit?
    — Vous êtes né à Céphalonie, n'est-ce pas? Soumise
au joug vénitien... Il est donc raisonnable de supposer...
    — En effet, je suis né catholique, l'interrompit
    Phaulkon, mais voilà vingt ans que je me suis converti.
    — À l'instigation des Anglais protestants, sans
doute. » Le prêtre hocha la tête d'un air entendu. « Vous êtes un homme
pratique, monsieur Constant. » Il sourit. « Et c'est l'une des raisons pour
lesquelles nous recherchons votre aide. »
    Il y eut un silence pendant lequel les deux hommes se
dévisagèrent.
    « Allez-vous suggérer que je me convertisse à une autre
religion pour faciliter vos projets, mon Père?
    — Est-ce que ce ne sont pas aussi les vôtres?
    — De convertir le roi de Siam ?
    — Mais oui, de voir toute cette partie du monde
chrétienne. De sauver des millions d'âmes. »
    Phaulkon sourit. « Mon Père, je n'ai jamais vraiment
envisagé la question. » Son sourire s'élargit. « Comme vous dites, je suis un
homme pratique.
    — Et les hommes pratiques sollicitent des
récompenses ? C'est cela que vous voulez dire ? »
    Phaulkon le regarda sans répondre.
    « De plus grandes récompenses que celle de savoir que
vous pourriez sauver des millions de païens de la damnation éternelle,
poursuivit Vachet d'une voix qui aurait pu tonner du haut d'une chaire.
    — Peut-être pas plus grandes, mon Père, mais...
différentes.
    — Différentes en quoi? Expliquez-moi », reprit le
jésuite en se carrant dans son fauteuil.
    Phaulkon se leva et s'approcha de la fenêtre comme s'il
réfléchissait au problème. Le soleil de l'après-midi entrait à flots, faisant
étinceler le parquet de teck bien astiqué. Ses domestiques n'avaient pas tardé
à découvrir combien il aimait voir le teck bien huilé, et les planchers étaient
scrupuleusement frottés jusqu'à briller comme des miroirs.
    Les Jésuites tenaient désespérément à obtenir son aide,
songeait-il. Tout comme lui tenait à s'assurer celle de la France. Car la
France était maintenant le seul pays assez puissant pour faire fléchir les Hollandais.
Il ne pouvait plus espérer aucune aide — ni mili-taire ni autre — des Anglais.
Et le Siam n'était pas assez puissant pour résister seul à une invasion
militaire des Hollandais. La France — ou plutôt la crainte d'une intervention
française — était soudain apparue comme la seule alternative possible, la seule
arme susceptible de dissuader les Hollandais. Bien qu'il fût matériellement
impossible de faire intervenir la France à temps, un traité avec la plus
puissante nation d'Europe contribuerait sensiblement à rétablir l'équilibre des
forces. Les Hollandais devraient y réfléchir à deux fois avant d'agir.
Entre-temps, il lui faudrait d'une façon ou d'une autre obtenir la libération
de Potts, ne serait-ce que pour retarder les Hollandais en attendant qu'ils
trouvent un autre prétexte pour déclencher la guerre. A sa connaissance, ils
n'avaient jamais ouvertement envahi un autre pays sans avoir au préalable
soigneusement préparé le terrain. Ils étaient trop méthodiques pour cela. Il
leur fallait de bonnes excuses pour figurer dans les livres d'histoire.
    Pieter, l'interprète eurasien de Ligor qui avait
accompagné Van Risling à Ayuthia, était venu secrètement le trouver deux soirs
auparavant pour lui annoncer qu'il avait intercepté certaines dépêches indiquant
que les Hollandais avaient l'intention d'annexer le Siam. Le jeune Pieter ne
voulait pas voir son pays envahi, même s'il était à moitié hollandais. Il avait
estimé que Phaulkon était la meilleure personne à prévenir. On avait demandé à
Batavia d'envoyer une douzaine de navires de guerre. La détention prolongée de
Potts, malgré les interventions répétées des Hollandais pour sa libération,
devait servir de prétexte à la guerre. Ce renseignement avait consterné
Phaulkon : tous ses plans pouvaient maintenant lui exploser

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