Le faucon du siam
probablement le plus grand roi que la France ait connu.
— Et les Jésuites l'admirent aussi ?
— Très certainement. Il est le défenseur de la foi
catholique.
— Même le père La Chaise, votre supérieur général?
— Notre chef est dévoué à Sa Majesté.
— Et nous savons tous que Sa Majesté est mariée à
une bonne catholique. Maintenant, mon Père, je me posais des questions à propos
de Mlle de La Vallière, de Mme de Maintenon et... »
D'une main, Vachet l'interrompit. La liste des maîtresses
du roi de France était très longue.
« Sunida ! » appela Phaulkon. Sunida entra et
s'agenouilla respectueusement au côté de Phaulkon. « Mon Père, voici Mlle de La
Vallière. Je crois malheureusement que je ne puis me passer d'elle.
— Alors, ce devra être entre Dieu et vous, murmura
Vachet. Je voulais simplement exprimer nos craintes à propos de Maria, voilà
tout. » Il se leva brusquement, l'air gêné.
« Vous devriez plutôt vous inquiéter de moi, repartit
Phaulkon en souriant. Elle me mènera sans doute par le bout du nez après une
semaine, ou deux tout au plus.
— Je l'espère sincèrement, mon ami : vous le
méritez. » Vachet se dirigea vers la porte. « J'ai été ravi de notre petite
conversation. Elle m'a beaucoup appris, Constant.
— Ce fut un échange très édifiant, mon Père, dit
Phaulkon en le raccompagnant. Réfléchissez bien », lui lança-t-il.
Il rentra dans la maison et attira tendrement Sunida
contre lui.
« De quoi s'agissait-il, mon Seigneur? demanda-t-elle.
Vous aviez l'air si grave tous les deux.
— Sunida, j'ai des problèmes. Il est arrivé quelque
chose de terrible.
— Voulez-vous m'en parler, mon Seigneur?
— Je ne peux pas, Sunida. C'est tout à fait
confidentiel. Mais il faut que je parle à Sa Majesté en privé et je sais que
cela est interdit à quiconque est aussi humble que moi. J'en suis désespéré. Il
s'agit d'une affaire tout à fait urgente.
— Ne pouvez-vous pas en parler au Pra Klang, mon
Seigneur?
— Mon respect pour le Pra Klang est infini, mais il
s'agit d'une affaire que seules peuvent entendre les oreilles de Sa Majesté.
— Oh, mon Seigneur, fit doucement Sunida en lui
caressant le front. J'aimerais tant pouvoir vous aider. »
33
Phaulkon franchit d'un pas alerte l'arche de brique qui
signalait l'entrée du quartier portugais et se dirigea vers la maison de Maria
de Guimar. Il avait décidé de ne pas porter son chapeau conique ni ses
babouches qui auraient permis de l'identifier comme mandarin et auraient attiré
l'attention dans les rues. Il avait besoin de temps pour réfléchir et il ne
voulait pas se laisser distraire. Tant de choses survenaient à la fois qu'il
avait du mal à distinguer les priorités. Il devait avant tout garder la tête
froide.
Si les vaisseaux de guerre hollandais étaient réellement
prêts à quitter Batavia, ils pourraient arriver ici dans moins de trois
semaines. C'était le délai sur lequel il devait tabler pour mener à bien le
traité avec la France. Et il ne revenait pas seulement aux Jésuites d'approuver
ce traité, mais également au roi Naraï. Il lui fallait donc absolument obtenir
très vite un entretien privé avec Sa Majesté. Phaulkon ne pouvait pas discuter
des subtilités du catholicisme en présence de cinq douzaines de mandarins ni se
contenter d'adres-ser un message par le truchement du Barcalon. Il avait bien
un plan, mais un plan complexe et tortueux qui nécessitait une explication que
l'on ne pouvait fournir que de vive voix.
Le plus décourageant de tout, c'était que, même s'il
parvenait à manœuvrer habilement les Jésuites et le roi, et à conclure un
traité, il n'avait aucune certitude que cela dissuaderait les Hollandais. Les
navires de guerre pouvaient fort bien être sur le point d'appareiller et en
mesure d'atteindre les eaux territoriales du Siam avant d'avoir entendu parler
du moindre accord. Ils auraient reçu des ordres précis : les exécuteraient-ils
ou bien feraient-ils demi-tour? Le commandant de la flotte aurait-il le pouvoir
de prendre une telle décision ? Ou bien en référerait-il à Aarnout Faa? Dans ce
cas, que ferait le chef de la VOC?
En plus de ces difficultés-là, Phaulkon devait trouver
maintenant un moyen d'obtenir la libération de Potts, dans l'espoir de retarder
l'intervention hollandaise et de gagner le délai supplémentaire dont il avait
besoin. Le retour de l'expédition partie en Perse était imminent.
Alors
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