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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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connaîtrait à la Cour sous le nom de Phaulkon. Il était
Luang Vichaiyen, le Seigneur de la Connaissance — ou simplement, pour Sa
Majesté, Vichaiyen.
    « Haut et Puissant Seigneur, moi, votre esclave, désire
prendre votre parole royale et la poser sur mon cerveau et sur ma tête. Moi, un
grain de poussière sous la plante du pied de Sa Majesté, ai humblement
sollicité le privilège de voir seul le Seigneur de la Vie pour des questions
d'une grande importance politique.
    — Très bien, Vichaiyen, vous pouvez commencer.
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. Moi, un
cheveu de votre tête, je sais que Votre Majesté a conscience du pouvoir
croissant et des ambitions des farangs hollandais. Dans votre infinie sagesse,
Votre Majesté a jugé bon d'inviter ici les farangs anglais, ostensiblement pour
commencer, mais en fait pour contrer cette menace. Mais aujourd'hui l'Anglais
Potts s'est déshonoré et il en paie le prix. Moi, la poussière de vos pieds,
connais par des années d'expérience les farangs anglais. C'est un peuple fier
et très conscient de l'importance de sa patrie. Quand ils apprendront qu'un de
leurs sujets, un mandarin, a été incarcéré, ils ne manqueront pas d'envoyer un
navire de guerre pour réclamer sa libération. Moi, un cheveu présomptueux,
supplie le Maître de la Vie de me pardonner si j'ose imaginer que ce navire vienne
pointer ses canons non pas sur les Hollandais mais sur les fortifications de
Votre Majesté.
    — Ce Potts, dites-vous, est un mandarin?
    — Auguste Seigneur, je reçois vos ordres. Il est
dans leur hiérarchie l'équivalent d'un mandarin de troisième classe.
    — Êtes-vous venu implorer sa libération, Vichaiven ?
    — Auguste Seigneur, le cheveu de votre tête estime
qu'il serait politiquement opportun de le libérer, même s'il doit rentrer à
Madras salir mon nom à moi, votre esclave. Il va m'accuser d'avoir mis le feu à
la factorerie pour avoir voulu dissimuler la preuve de mes malversations. Les
mandarins anglais de là-bas le croiront car il est aussi un mandarin et il
rapportera que moi, votre esclave, n'étais pas à mon poste, pas plus que mon
chef, M. Burnaby. »
    Sa Majesté comprendra facilement la gravité d'une telle
accusation, se dit Phaulkon. Si, à un moment quelconque, sauf lors du
pèlerinage annuel à la capitale pour boire l'eau d'allégeance, un de ses
gouverneurs de province ne se trouvait pas à son poste, les conséquences en
étaient redoutables.
    « Votre chef est celui qui est parti pour la Perse ?
    — Le même, Auguste Seigneur.
    — Et si l'Anglais Potts est libéré et retourne à
    Madras pour vous accuser, que feront les mandarins
anglais ? »
    Phaulkon était ravi de cette question. « Auguste
Seigneur, ils enveiront un navire de guerre pour ramener votre esclave à Madras
et le faire comparaître en justice. Mais votre esclave ne souhaite que rester
ici et servir jusqu'à la fin de ses jours le Maître de la Vie. »
    Sa Majesté était furieuse. « Enlever un de nos mandarins?
Jamais!» Il s'interrompit et dans la vaste salle le silence était
impressionnant. « Il me semble que ces farangs anglais ne sont pas de ceux qui
pourraient servir les buts que nous avions jadis espéré atteindre. Us mettent
le feu à nos bâtiments et insultent nos sujets. Nous trouverons d'autres moyens
de tenir tête aux farangs hollandais. Quelle est l'opinion de notre Pra Klang?
    — Auguste Seigneur, je reçois vos ordres, déclara le
Barcalon. Les farangs anglais boivent trop de breuvages abêtissants et l'on ne
peut compter sur eux. Ils semblent en outre ne pas être aussi minutieux, ni
aussi organisés que les farangs hollandais. Mais Vichaiyen a, je crois, une
autre proposition à présenter au Seigneur de la Vie.
    — Vraiment? Nous voulons bien l'entendre, Vichaiyen.
    — Auguste Seigneur, je reçois vos ordres. Il existe
en Europe un monarque assez puissant pour inspirer la crainte à tous les autres
: c'est Louis XIV, le grand Roi-Soleil.
    — Le Français? questionna Sa Majesté, dont la
curiosité était manifestement éveillée. Nous avons entendu parler de ce roi.
Dites-nous ce que vous savez de lui. » Phaulkon n'ignorait pas que Sa Majesté
était bien renseignée sur le roi Louis. C'était l'un de ses thèmes favoris : en
témoignaient les récits du règne de Louis que l'on avait demandé aux Jésuites
de traduire en siamois.
    « Auguste Seigneur, je reçois vos ordres. Le roi Louis
est, comme Votre

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