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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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et ajouta d'un ton désinvolte
: « Laissez-moi faire encore une objection.
    — Une nouvelle, ma Dame? N'y a-t-il donc pas de fin
à mes imperfections ? » Elle le regarda. Il souriait : ce sourire qui la
faisait toujours fondre. Même si elle pouvait aimer ces traits forts et
énergiques, ces yeux noisette au regard vif, ces manières assurées, même si
elle admirait son esprit, son énergie et son ambition, c'était ce sourire-là
qui l'ensorcelait. Il serait tellement plus facile de lui résister s'il n'y
avait pas ce sourire.
    « Votre âge, mon Seigneur. » Elle eut un ton espiègle. «
Il doit être près du double du mien. Je me demande si pareille union pourrait
être saine.
    — Peut-être pas au début, répliqua-t-il. Mais je
pourrais m'efforcer, par de bonnes actions et une existence de pieux
catholique, de maintenir mon âge à un niveau tel que votre jeunesse puisse plus
facilement me rattraper. »
    Elle se mit à rire et réfléchit un moment. « Vous n'avez
jamais eu de femme auparavant ? Je veux dire : en Europe, peut-être...?
    — Jamais, ma Dame. » Oh, presque, aurait-il dû
avouer. Il se demandait ce qu'il était advenu de Vanessa : ses cheveux avaient
la couleur du soleil émergeant de la mer Égée, ses longues jupes de paysanne
sentaient la fraîcheur des meules de foin. Ils s'étaient rencontrés lorsqu'il
avait passé quelques jours avec le cousin de George dans le Dorset, avant son
départ pour l'Asie. Durant ces brefs moments, au début de l'été, le soleil
avait brillé presque constamment : il se souvenait avoir pensé qu'il ne pouvait
y avoir plus belle chose en ce monde que la campagne anglaise verdoyante, et le
rire de Vanessa dans les champs. Ils étaient profondément amoureux : elle avait
dix-sept ans et lui vingt-quatre. C'était George qui lui avait fait remarquer
les taches de rousseur de Vanessa et son teint clair d'Anglaise. L'Asie n'était
pas un endroit pour emmener une Anglaise, avait-il précisé. Et l'Angleterre
n'était pas un endroit où laisser derrière soi une femme. Il avait donc pleuré.
Il avait juré de revenir et Vanessa promit d'attendre. Six ans avaient passé
depuis lors. Qui sait où elle était maintenant?
    Il regarda Maria : « Alors, tu vas réfléchir? » Elle
hocha lentement la tête. « Je vais fouiller mon âme. Mais ne me pressez pas. Et
vous, mon Seigneur, vous aurez besoin de temps pour songer si vous pouvez vous
adapter à la vie de mari et de chrétien. »
    Il s'inclina de façon chevaleresque. « Moi aussi, Maria,
je fouillerai mon âme. »
    34
    Une fois de plus, Phaulkon était prosterné dans la salle
d'audience aux murs lambrissés, le Barcalon psalmodiant auprès de lui. Phaulkon
avait réussi, à titre exceptionnel, à obtenir de Sa Majesté une audience dans
un délai relativement court, même s'il estimait que cette hâte tenait plus aux
efforts de Sunida qu'aux supplications officielles qu'il avait adressées au
Barcalon. Il éprouvait maintenant un étrange sentiment à se retrouver allongé
presque seul dans la vaste salle, sans les rangées de mandarins et leurs boîtes
à bétel pour lui tenir compagnie.
    Le fracas habituel des trompettes et des cymbales avait
annoncé l'arrivée de Sa Majesté. Une toux discrète venue d'en haut indiquait
que la personne royale se tenait maintenant devant l'ouverture du balcon. Lors
de sa première et unique audience royale, les regards inquisiteurs des
mandarins sans cesse fixés sur lui, Phaulkon n'avait pas osé lever les yeux.
Mais aujourd'hui, sans autre présence que celle du Barcalon, il osa risquer ce
crime. Il lorgna entre ses doigts pour apercevoir la silhouette royale : il
distingua un chapeau conique constellé de bijoux, une tunique rouge
somptueusement bordée et des joyaux qui étin-celaient sur les doigts royaux. Le
visage toutefois restait dans l'ombre : au-dessus du balcon on ne voyait que le
haut du torse. Impossible de savoir si Sa Majesté était debout, ou assise sur
quelque trône invisible, pas plus que l'on ne pouvait porter de jugement sur sa
stature. Phaulkon baissa de nouveau les yeux, le cœur battant. La voix royale
se faisait entendre.
    « Vous avez demandé à me voir en privé, Vichaiyen ?
Avez-vous donc des problèmes à débattre qui ne soient pas destinés aux oreilles
de nos mandarins ? »
    Un bref instant, Phaulkon se demanda à qui exactement
s'adressait Sa Majesté en l'appelant par ce nom : il se souvint brusquement que
plus jamais on ne le

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