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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Majesté, un souverain d'une grande puissance, très respecté
par son peuple. C'est un cavalier accompli, un escrimeur et un danseur hors
pair. En dehors de son pays, ses armées ont triomphé et il a récemment battu
les Hollandais et annexé une partie de leur territoire appelée Flandre. »
Phaulkon marqua un temps pour souligner l'importance de cette défaite
hollandaise. « Dans son pays, il vient de faire construire à Versailles un
magnifique palais qui suscite l'envie de toute l'Europe.
    — Suggérez-vous une alliance avec ce grand monarque,
Vichaiyen?
    — Auguste Seigneur, le cheveu de votre tête estime
qu'un traité d'amitié avec un souverain aussi illustre, dont l'amour de la
gloire et de l'apparat est comparable au vôtre, devrait dissuader sérieusement
les Hollandais quant à leurs sinistres desseins. Ils y réfléchiraient à deux
fois avant d'aller affronter une telle puissance.
    — Et pourquoi un monarque régnant sur un pays aussi
lointain conclurait-il une alliance avec un royaume aussi éloigné que le nôtre?
Quel bénéfice y trouverait donc cet homme qui est à la fois remarquable comme
cavalier, comme escrimeur et comme danseur?
    — Auguste Seigneur, le roi de France accueillerait
volontiers l'occasion d'ouvrir à la France de nouvelles zones de commerce et
verrait un avantage à contenir les Hollandais. D'ailleurs, c'est un croisé,
fort désireux d'étendre la gloire et la culture de la France...
    — Et sa religion aussi, j'imagine? interrompit Sa
Majesté.
    — Auguste Seigneur, sa religion aussi.
    — Nous avons bien de la chance d'être ainsi
recherché, n'est-il pas vrai ? » On percevait dans la voix de Sa Majesté une
note d'amusement.
    « Auguste Seigneur, il en est comme vous dites, répondit
le Barcalon.
    — L'ambassadeur de Perse, reprit Sa Majesté, était
ici récemment avec des messages du shah Soliman vantant les vertus du Coran et
nous invitant à embrasser ce qu'il appelait la vraie foi. Les Jésuites jettent
sur nous des regards avides, comme à un gros poisson qui rôde autour de
l'hameçon et, à n'en pas douter, les
    Hollandais nous demanderont de dénoncer les catholiques
pour épouser la cause protestante.
    « Vichaiyen, nous avons toujours toléré ici toutes les
religions, car nous sommes persuadé que plus d'un chemin peut conduire à Dieu.
Tout comme le bon Seigneur a donné aux diverses parties du monde des plantes et
des végétations variées, il nous a donné des croyances différentes. Et tout
comme il est difficile de dire qu'une plante est meilleure qu'une autre, il est
tout aussi malaisé de décréter qu'une croyance est supérieure à une autre.
    « Nous accepterions volontiers l'amitié du roi de France,
mais pas sa religion. Et nous estimons sincèrement que l'une n'est pas
dépendante de l'autre. Si c'est le cas, nous conseillons fortement au roi de
France d'embrasser la religion bouddhiste, qui est, d'ailleurs, la plus
ancienne des deux. »
    Phaulkon commençait à aimer de plus en plus ce monarque.
Il était sage et plein d'esprit et il avait sur la religion des opinions
étrangement proches des siennes. Phaulkon ne put s'empêcher de sourire à l'idée
d'une délégation de moines bouddhistes arrivant à la cour de Versailles dans
leur robe safran pour inciter les aristocrates emperruqués à renoncer à leurs
mœurs païennes pour adopter la foi bouddhiste.
    « Auguste Seigneur, je reçois vos ordres. Loin du cheveu
de votre tête l'idée de suggérer à Votre Majesté d'envisager une autre foi.
Mais, à la lumière de la menace hollandaise, ne serait-il pas opportun pour le
roi de France — par le truchement de ses Jésuites qui se trouvent ici — de nourrir
l'espoir qu'avec le temps la conversion de Votre Majesté pourrait se faire ? »
    Il y eut un silence et Phaulkon pria le ciel de n'avoir
rien dit qui pût offenser le roi.
    « C'est une intéressante suggestion, Vichaiyen, et, si
elle devait aboutir à un traité avec la France, nous l'envisagerions. Mais nous
avons du mal à croire qu'une alliance d'une telle importance puisse reposer sur
des prémisses aussi fragiles.
    — Auguste Seigneur, le Roi-Soleil est le défenseur de la
foi catholique, mission qu'il prend très au sérieux. Son confesseur est en
outre le patriarche suprême de l'ordre des Jésuites.
    — Son confesseur?
    — Auguste Seigneur, c'est le prêtre qui l'entend en
confession.
    — Le roi de France se confesse à un prêtre ? fit Sa
Majesté, l'air

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