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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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adversaire.
Un puissant crochet du droit vint frapper le Siamois à la tête. Au moment où ce
dernier trébuchait d'un côté, un formidable uppercut le cueillit en pleine
mâchoire et le fit voler en l'air. Il resta allongé, cherchant son souffle,
s'efforçant en vain de se relever.
    Phaulkon était planté devant lui comme un taureau furieux
et le spectacle qu'il offrait devait être plutôt impressionnant. Le Siamois fit
une dernière tentative pour relever la tête, puis s'affala dans l'herbe.
L'arbitre mit fin au combat et proclama Phaulkon vainqueur.
    Un rugissement monta de la foule. Un agile spectateur
sauta dans l'enceinte et passa au cou de Phaulkon une guirlande de jasmin. De
l'argent changeait rapidement de main : les gens réglaient leurs dettes et
Phaulkon se demanda combien de familles allaient se trouver réduites en
esclavage à cause de lui. Deux hommes soulevèrent le « jeune lion », assommé
mais conscient, et l'entraînèrent hors de l'arène.
    Phaulkon enjamba les cordes et, passant au milieu de la
foule en délire, s'avança lentement vers le gouverneur. Son cœur battait de
joie, mais il s'efforçait de ne pas arborer un air triomphant et de ne
manifester que la modestie qui lui paraissait convenable. Il n'en avait pas
encore fini avec le gouverneur. Il s'arrêta devant lui et se prosterna. Le
mandarin était au comble de l'excitation. Il fit un grand sourire à Phaulkon et
lâcha une bordée de questions par le truchement de l'interprète et de Van
Risling. « Dis au farang... Stupéfiant... A-t-il jamais boxé? Dans son pays?
Est-ce là qu'il a appris? Je n'ai jamais... pas un moment... Merveilleux...
Quel spectacle ! »
    Phaulkon fit un pas vers la gauche et se planta devant le
Hollandais, tout en faisant semblant d'attendre la traduction. « Son Excellence
dit qu'il n'est pas convenable de boxer si on n'utilise pas ses pieds. Il vous
prie de vous asseoir », lui dit Van Risling en anglais.
    Phaulkon écouta poliment les paroles de Van Ris-ling.
    « Mais tout d'abord voulez-vous me faire l'honneur, mijn
heer ? » demanda-t-il, en désignant l'arène avec un sourire.
    Le Hollandais resta bouche bée.
    « Quoi, moi ?
    — Oui, vous, mijn heer. »
    Sans laisser à Van Risling le temps de protester,
Phaulkon se tourna vers le gouverneur et décrivit par des gestes ce qu'il
comptait faire. Il vit le gouverneur ouvrir de grands yeux puis, à mesure qu'il
saisissait toutes les possibilités qu'offrait la situation, une expression
ravie se peignit sur le visage de Son Excellence. Il hocha la tête d'un air
approbateur et se tourna vers le Hollandais pour attendre sa réaction. Phaulkon
l'entendit murmurer à plusieurs reprises : « Barbe-Rousse dans l'arène avec le
farang boxeur. Quelle journée ! Quelle journée ! Kling !
    — Puissant Seigneur, la poussière de vos pieds
attend vos ordres.
    — Note l'heure précise. Ce soir, nous ferons une
offrande spéciale au temple.
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. »
    Pendant ce temps le Hollandais était devenu cramoisi et
balbutiait : « Je... je ne suis pas un boxeur, monsieur, je vous assure, pas du
tout.
    — Mais assurément, heer Van Risling, vous
voulez démontrer à notre hôte combien vous autres Hollan-dais êtes braves, et
que vous n'êtes pas des lâches comme les Anglais ? Son Excellence est déjà
convaincue de votre vaillance et insiste pour que vous entriez dans l'arène. »
    Le Hollandais évita le regard du gouverneur et tourna la
tête. Burnaby et Ivatt, comprenant la situation, commencèrent à pousser des
cris moqueurs et des sifflets. Bientôt la foule, sans en saisir la raison, fit
chorus. En un instant, toute l'assemblée lançait des lazzis et le Hollandais
demeurait immobile, tout rouge, la tête entre ses mains, en attendant que le
tumulte se calme.
    Sur ces entrefaites, un personnage bâti comme un taureau,
celui que Phaulkon avait déjà aperçu, s'approcha de lui, le salua
cérémonieusement et le désigna du doigt, puis lui montra l'arène. Son propos
était clair. Phaulkon jeta un regard à l'homme : il sut tout de suite qu'il
allait avoir des ennuis. Avec la même expression méprisante qu'il arborait au
début de la journée, le Siamois était planté devant lui, les bras croisés sur
la poitrine.
    Il recommença ses gesticulations, puis se tourna vers
l'enceinte comme pour signifier qu'il ne pouvait attendre plus longtemps.
Certains spectateurs avaient remarqué son manège et commençaient à

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