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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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d'humanité.
    Malgré toutes les souffrances, il savait d'instinct que
ses efforts dans l'arène n'avaient pas été inutiles. Il avait nettement
remarqué un air de contentement dans les yeux du mandarin. Son exploit ne
pouvait que lui servir. Il devait en faire le prélude de son retour à Avuthia.
    La perte des canons était évidemment un désastre. Deux
années d'attente et de projets... pour rien. Mais s'il s'était noyé ? Et si
l'on avait découvert les canons ? Ou encore, s'il avait été torturé sans répit
jusqu'à être contraint de révéler la vérité? Pour un moment, du moins, il avait
attiré sur lui l'attention du gouverneur. Si le potentat était désormais dans
une disposition plus favorable aux farangs, peut-être consentirait-il à les
libérer plus tôt? Dès l'instant où Phaulkon aurait obtenu cette faveur, il ne
serait plus guère difficile de solliciter une introduction — voire une
recommandation — auprès de gens haut placés à Ayuthia, les amis et les
collègues de Son Excellence : le Barcalon par exemple.
    Un rai de lumière filtra sous la porte et au pied du lit
la forme s'agita. Puis elle se souleva apparemment sur un coude et se tourna
vers lui. A la lueur croissante de l'aube, Phaulkon reconnut le chaleureux
sourire de sa danseuse préférée, Sunida. Malgré ses souffrances, il sentit un
élan de bonheur.
    Elle se leva et s'approcha de la fenêtre : elle poussa
vers l'extérieur le bas du volet de bois et fit glisser la baguette de bambou
qui la maintenait ouverte. La lumière envahit la pièce. La jeune femme revint
au chevet de Phaulkon, examina ses blessures, plissant le front d'un air
préoccupé à chaque nouvelle découverte. « Pai ha mor », expliqua-t-elle
en tendant d'abord le doigt vers l'extérieur, puis en désignant ses plaies.
    Trop faible pour discuter, il la vit se relever et
ajuster les pans de son panung avant de se glisser dehors d'un pas gracieux.
Elle allait donc chercher le médecin. Il se demanda avec appréhension quel
traitement on allait bien pouvoir lui appliquer. Il espérait que le docteur
n'irait pas jusqu'à le piétiner sur tout le corps, comme il l'avait souvent vu
faire afin de répartir plus équitablement les forces de l'organisme. Les
Siamois connaissaient sans doute admirablement les plantes locales et leurs
pouvoirs curatifs, mais il y avait des aspects de leur médecine qui reposaient
essentiellement sur le mythe et la superstition.
    En voyant l'état de faiblesse dans lequel il se trouvait,
ils allaient sans doute diagnostiquer un déséquilibre des quatre éléments
composant le corps humain : le feu, la terre, l'air et l'eau. La maladie était
en effet provoquée par la moindre perturbation de ce délicat équilibre. On
allait attribuer sa fièvre à la prépondérance du feu dans son organisme et sa
migraine à un excès d'air se précipitant vers le haut. Il se rappelait un
médecin d'Ayuthia lui expliquant, un jour où il se plaignait de sérieux
troubles intestinaux, que c'était dû à un excès d'eau dans le corps qui amenait
les entrailles à se vider ainsi.
    Le médecin au visage ridé et aux cheveux blancs qui entra
dans la chambre avec Sunida n'était heureusement pas assez fort pour piétiner
énergiquement le corps de Phaulkon. Il s'agenouilla auprès de lui et ouvrit un
grand coffre de voyage. Avec un regard rayonnant de bonté, il palpa
délicatement les blessures de Phaulkon. Il examina les yeux gonflés de son patient
et assura qu'il n'y aurait pas de dommage durable. Mais, lorsqu'il lui tâta le
coude droit et que, sans avertissement, il remit en place l'os déboîté,
Phaulkon poussa un hurlement de douleur. Sunida cria également, comme si
c'était elle qui avait souffert. Le docteur expliqua à la jeune femme que l'os
du coude était brisé, qu'il venait de réduire la fracture et qu'il faudrait
maintenir le bras du patient étroitement serré dans un bandage. Les contusions
finiraient pas disparaître. Il prescrivit un onguent à base de feuilles de
citronnier et d'huile de coco, en lui disant de masser doucement les plaies
toutes les six heures. Enfin, il confirma que le patient se sentait faible car
l'équilibre de ses éléments organiques était perturbé. Il n'avait pas assez
d'air dans le corps, ce qui provoquait la faiblesse, tout comme cela pourrait
être le cas lors d'une
    journée d'été sans vent. Sunida devait veiller à ce que
le patient fût à tout moment bien aéré : garder les fenêtres

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