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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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psalmodier
des encouragements. D'autres lançaient en chœur : « Que le champion farang se
batte encore ! » Bientôt, la foule tout entière insistait. Phaulkon ne pouvait
plus reculer.
    Sur le visage du Hollandais, l'humiliation qu'il
éprouvait quelques instants plus tôt avait cédé la place à un soulagement
évident. « Je parie cinquante ticals sur le taureau ! » cria-t-il, plongeant de
nouveau la main dans sa bourse, malgré ses pertes de tout à l'heure. C'était la
seconde fois qu'il allait parier contre Phaulkon.
    « Et nous, nous allons jouer tous nos gains sur Constant
», crièrent en chœur Burnaby et Ivatt. Ils jetèrent un coup d'œil au mandarin.
Celui-ci paraissait fasciné par la tournure que prenaient les événements. Il
avait apparemment oublié le refus du Hollandais de relever le défi précédent.
    Le colosse se dirigeait maintenant vers l'enceinte et,
sans préambule, se lançait dans le rituel d'avant combat. La cérémonie fut plus
brève qu'elle ne l'avait été avec ses prédécesseurs : on aurait dit qu'il avait
hâte de voir commencer la rencontre.
    Phaulkon se signa de nouveau. Il pria cette fois avec
plus de ferveur qu'il se souvenait l'avoir jamais fait. Les pensées se
bousculaient dans son esprit. Il ne pouvait pas se permettre une défaite,
surtout pas une défaite rapide. Mais cette brute avait l'air d'un adversaire
sérieux : si sa célérité était à la hauteur de sa force, alors Phaulkon se
trouvait dans une situation peu enviable. Il allait devoir recourir à tous les
artifices pour se montrer plus rusé et plus habile que l'autre et s'efforcer de
le fatiguer.
    L'arbitre les amena au centre de l'arène et les fit se
saluer. Un instant, leurs regards se croisèrent et Phaulkon sentit un frisson
le traverser. Ce qu'il voyait sur le visage de l'autre était de la haine pure.
Le colosse ne se battait pas simplement pour le sport. Ses yeux semblaient
briller d'une haine farouche contre les farangs, incarnés maintenant en la
personne de Phaulkon. Ce Siamois avait-il jadis été insulté par quelque farang,
ou peut-être avait-il horreur des tentatives des Jésuites pour éloigner son
peuple de leurs traditions religieuses? Phaulkon le savait, il y avait des gens
pour estimer que le libéralisme du roi de Siam vis-à-vis des étrangers était
allé trop loin.
    Au coup de gong, ils se mirent en position de combat. Le
colosse se précipita vers son adversaire, son corps tout entier venant appuyer
et renforcer ses coups de pied. Phaulkon avait espéré que l'homme se
déplacerait lentement : ses espoirs furent vite déçus. Il était vif comme une
panthère et tout en muscles. Bien que rendant une tête à Phaulkon, il devait
peser au moins autant que le Grec. Aussitôt après son premier assaut, il
s'attaqua de nouveau au farang, lui décochant un coup de pied gauche, puis du
pied droit, un autre encore du gauche, son corps tourbillonnant comme un sabre.
    Tous ses nerfs tendus, Phaulkon esquivait la grêle de
coups, en encaissant quelques-uns, en évitant d'autres. Même si le Siamois
frappait des bras et des jambes en décochant des coups qui se succédaient à la
vitesse de l'éclair, Phaulkon se défendait bien, incitant délibérément son
adversaire à user ses forces.
    Comme il ne parvenait pas à l'effet désiré avec ses
extrémités seulement, le colosse se rapprocha encore pour se servir de ses
genoux et de ses coudes. De près, l'attaque du coude était la plus difficile à
parer. Les corps des combattants se heurtaient et Phaulkon grimaçait de douleur
à chaque fois que son adversaire lui martelait impitoyablement les côtes de ses
genoux puissants. Fermant son esprit à la douleur, le Grec saisit la cuisse de
l'homme et lui fit perdre l'équilibre. La brute tomba sur un genou, un instant
déconcertée, puis reprenant son souffle. Comme le tonnerre au loin, Phaulkon
entendit le rugissement de la foule. Il chargea, décochant un terrible crochet
du droit en plein visage du Siamois. L'homme s'écroula en arrière.
    Il resta là allongé un instant, puis s'ébroua comme un
fox-terrier un peu sonné et se remit sur ses pieds. D'un geste rapide, il
s'essuya le front avec son bras, ses yeux noirs lançant des flammes. Puis, avec
un cri à vous glacer le sang, il fonça en avant. Se tournant sur la gauche
comme s'il s'apprêtait à décocher un coup du pied droit, il modifia de façon
incroyable son geste à mi-parcours, pivotant de l'autre côté et assénant

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