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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Symmes, avant de mettre sa belette sur la table et de lui caresser les oreilles en lui offrant un bout de viande séchée.
    Son oeil valide étincela.
    — Nous tous en avons entendu parler ! Les Byzantins l’ont utilisé pour se défaire d’une flotte sarrasine.
    — Ce n’est pas un secret, renchérit Jacques de Molay. Certains ouvrages le décrivent en détail et votre savant franciscain, Bacon, n’a-t-il pas analysé cette bizarrerie ?
    — L’assassin, lui, ne s’est pas privé de le faire, répondit Corbett. Cela ne présentait guère de difficultés. Les bibliothèques de Paris et de Londres reçoivent la visite d’érudits du monde entier. Le feu, en lui-même, est assez facile à confectionner, une fois que l’on sait ce qu’il faut se procurer et comment l’utiliser.
    Corbett ne quittait pas le grand maître des yeux.
    — L’assassin arrive à York. Il mélange les différentes poudres et essaie le produit obtenu dans les bois de Framlingham, loin des regards indiscrets. Malgré tout, les langues se délient : certains ont cru voir le feu de Satan. Aussi une nuit quitte-t-il le manoir pour s’en aller sur la route déserte menant à York. Il entrave son cheval et procède de nouveau à des expériences avec ce feu étrange en peaufinant ses manipulations. Il en profite, en même temps, pour s’entraîner à l’arbalète – c’est un maître archer – en tirant des flèches enflammées sur les arbres. Même dans la pénombre, ses traits font mouche.
    « Tout aurait dû se passer sans problème. Mais un soir, un vendeur de reliques, Wulfstan de Beverley, à moitié ivre probablement, quitte York pour aller proposer sa marchandise dans les villages alentour. Dévoré de curiosité, avide d’anecdotes, il aperçoit les feux et pousse sa rosse à pénétrer sous la futaie. Le tueur doit l’empêcher de s’enfuir, car il se rappellerait son visage et son cheval. L’assassin prend son épée à double tranchant et frappe avec une telle puissance qu’il tranche le malheureux par le milieu.
    — De cette façon-là ? fit Branquier d’un ton sec.
    — Oui, de cette façon-là ! répondit Corbett en écho. La rosse de Wulfstan s’enfuit dans l’obscurité, mais l’assassin se rend compte qu’il a de la chair humaine sur laquelle expérimenter le feu. En outre, les flammes vont détruire l’identité de sa victime. Il met le feu au torse, mais il entend soudain les cris de deux moniales et de leur guide, aussi s’enfonce-t-il entre les halliers et attend-il leur départ. Enfin, il quitte les lieux après avoir récupéré ses flèches. Il ne laisse derrière lui qu’un sol calciné, des encoches sur quelques arbres et un amas de chair brûlée.
    — Qui ? cria Amaury de Craon. Qui est l’assassin ?
    — Tout à l’heure, riposta Corbett d’un air de défi. Ce traître est à présent fin prêt : il peut tendre ses rêts. Le sergent Murston n’est pas très différent du templier piégé à Paris. La veille de l’entrée du roi à York, on lui ordonne d’aller dans une auberge de Trinity, artère que doit emprunter notre souverain. Il doit louer une chambre et attendre.
    — Murston a tué, l’interrompit Molay. C’est un assassin.
    — Non, seulement un sot exécutant les ordres d’un supérieur. Il reste là toute la nuit en bon soldat discipliné. Le roi entre à York et vous aussi, Monseigneur, avec vos commandeurs. L’un d’entre eux se rend subrepticement à l’auberge. Il monte à la chambre de Murston, lui tranche la gorge et s’empare de l’arbalète qu’a apportée le sergent. Lorsque le roi passe dans Trinity, il tire deux traits et le manque de peu.
    Corbett fit signe à Maltote d’approcher une chaise, placée dans un coin. Il s’y assit, soulageant les courbatures qui lui sciaient le dos.
    — Murston est mort avant les tirs d’arbalète. L’assassin arrose son corps de feu grégeois. Après avoir tiré le second carreau, il enflamme la poudre et s’enfuit par l’escalier, en dissimulant son visage et sa personne sous une cape en haillons achetée à un mendiant. J’arrivai le premier dans cette soupente, mais il était déjà loin, et je restai là à me demander comment un homme comme Murston avait pu tirer deux traits d’arbalète et se laisser consumer par ces flammes jaunes et bleuâtres.
    — L’assassin avait-il vraiment l’intention de tuer le roi ? demanda Jacques de Molay.
    — Non, ce n’était que le début. Ce

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