Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
voix.
    — Qu’ils lui racontent ce que vous voulez, mais qu’il vienne ici en tant qu’invité. Dites que vous désirez lui révéler certains secrets touchant la Couronne de France. Rédigez votre lettre dans les termes les plus amicaux.
    Le magistrat jeta un bref coup d’oeil au ciel bleu pâle.
    — Nous approchons de l’heure de sexte, il devrait être ici à la tombée du jour.
    — Moi aussi, j’ai réfléchi à ce qu’avait gravé Baddlesmere sur le mur, reprit Jacques de Molay. Cela correspond à d’autres détails, remarques et faits.
    — Vous auriez dû m’en parler.
    — Nous saurons tout lorsque viendra la nuit, murmura le grand maître.
    Corbett ordonna à ses serviteurs de descendre de cheval, de ramener les bêtes aux écuries et de rapporter les fontes à l’hostellerie. Les templiers s’écartèrent et Corbett regagna sa chambre. Les sentinelles arrivèrent peu après pour prendre position dans la galerie.
    — Nous n’aurions pas dû nous arrêter ! éclata Ranulf, rouge de colère, en jetant les sacoches à terre. Ils n’auraient rien osé faire !
    — Il n’y avait qu’un seul moyen d’en être sûr, et je n’étais pas disposé à le risquer, riposta sèchement Corbett.
    Il rédigea une courte lettre au roi et des laissez-passer permettant aux messagers templiers d’entrer dans York. Il y apposa son sceau en hâte et Ranulf les remit à l’un des gardes. Corbett prit ensuite son mal en patience en restant sourd aux questions incessantes de Ranulf et aux commentaires à voix basse de Maltote sur le nombre élevé de sentinelles.
    Dans l’après-midi, ils allèrent se promener, suivis des gardes. Ranulf en compta au moins une douzaine. Corbett fut tenté de demander audience à Jacques de Molay, mais il se ravisa. Il avait encore des doutes : mieux valait attendre l’arrivée d’Amaury de Craon. Il renvoya Maltote et Ranulf à la chambre et entra dans l’église. Il resta un moment dans la chapelle Notre-Dame, en admiration devant la belle statue de la Vierge à l’Enfant en acajou sombre. Un petit vitrail, au-dessus, représentait des scènes de la vie du Christ. Il pria devant la statue et le vitrail qui lui rappelaient l’humble église paroissiale près du domaine paternel.
    « Je devrais m’y rendre, songea-t-il, et m’assurer que la tombe de mes parents est bien entretenue. »
    Il regarda le vitrail. Peut-être achèterait-il du verre coloré pour éclairer le sombre transept où ses parents gisaient sous les dalles froides et humides. Il sourit : cela aurait plu à sa mère. Elle l’emmenait souvent à l’église, l’après-midi, pendant que ses aînés et leur père vaquaient sur le domaine. Elle commentait les fresques sur les murs ou les scènes gravées sur le jubé. C’est ainsi que le père Adelbert avait fait sa connaissance et accepté plus tard de l’instruire.
    — Il faut être persévérant à l’étude, Hugh, lui avait répété sa mère. Rappelle-toi : les petits ruisseaux font les grandes rivières.
    — Vous me manquez, mère ! chuchota-t-il.
    Qu’aurait-elle pensé de lui, à présent, qui se trouvait si loin de son enfant et de sa seconde épouse, lui qui s’apprêtait à confondre un assassin et à rendre la justice ? Cela, c’était ce que son père lui avait légué. Vétéran de la guerre civile {35} , il avait sans cesse prôné la nécessité, pour un royaume, d’avoir un prince fort, des magistrats intègres et des lois justes.
    Corbett soupira en se levant du prie-Dieu et regagna le seuil où l’attendaient ses gardes. Il n’était pas encore certain de ce qu’il allait faire. Comment attirer le meurtrier dans la nasse ? Des présomptions aux preuves formelles, il y avait loin. Il contempla une dernière fois les scènes du vitrail. Une idée se formait dans son esprit.
    — Je veux voir Jacques de Molay, déclara-t-il à un garde. Maintenant.
    Le sergent responsable haussa les épaules en guise d’acceptation et le conduisit à la cellule du grand maître, de l’autre côté du corps de logis. Molay n’avait pas perdu de temps : ses valets s’affairaient à remplir coffres et caisses, le lit était défait et le bureau débarrassé des parchemins et des encriers en corne.
    — Vous partez, Monseigneur ?
    Jacques de Molay signifia d’un geste à ses serviteurs de les laisser seuls.
    — Vous êtes mon prisonnier, Sir Hugh, observa-t-il, acerbe. Mais quel que soit le cours des événements ce

Weitere Kostenlose Bücher