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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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fils unique de notre roi et il sait qu’un jour son petit-fils montera sur le trône anglais. Mais il lui faut, pour cela, payer le prix fort, rassembler une énorme dot. Et ses coffres, comme ceux du roi Édouard, sont vides. Aussi examine-t-il l’état de son royaume et voit-il les manoirs, fermes, troupeaux et richesses des templiers. Il surveille l’ordre de très près, car celui-ci a perdu beaucoup de ses idéaux. Des rumeurs courent : sodomie, ivrognerie...
    Corbett parcourut l’assistance du regard et remarqua une légère rougeur sur le visage couturé de cicatrices de Symmes.
    — Ils ont leurs rituels, on parle de groupes secrets, de sabbats... et un stratagème naît dans l’âme perfide du roi Philippe...
    Craon fit mine de se lever, mais Molay l’en dissuada d’une main ferme.
    — Il y a, certes, beaucoup de choses qui laissent à désirer dans le Temple, poursuivit Corbett, des défauts graves, mais il est protégé par le Saint-Père en Avignon. Toute attaque contre les templiers équivaut à une attaque contre la papauté, et le roi Philippe ne peut se le permettre. Il patiente, choisit soigneusement son heure : un templier qui trahira son ordre comme Judas trahit le Christ en l’embrassant.
    Les templiers s’agitèrent. Le magistrat se demanda fugitivement combien, parmi eux, avaient envisagé la voie qu’avait empruntée le traître. Seul Jacques de Molay resta impassible, les poings crispés sur ses lèvres, les yeux rivés sur Corbett, tel un chat guettant sa proie.
    — Et voilà que l’ordre élit un nouveau maître, continua Corbett en s’appuyant sur la table, et que celui-ci convoque un chapitre général à Paris. Il veut rénover le Temple et proclame son intention de parcourir toutes les provinces, à commencer par l’Angleterre. Il quitte Paris, débarque à Douvres et arrive à Londres, mais, avant son départ de France, un scandale éclate. Un benêt de sergent qui n’a plus toute sa tête est arrêté pour tentative d’assassinat sur la personne du roi. C’est un dévoyé, un adepte de la magie et on le remet à l’Inquisition. Je suppose, poursuivit Corbett avec un sourire caustique, que si j’étais enchaîné dans un cachot du Louvre et laissé à la merci de l’Inquisition, on me ferait vite dire que noir est blanc. Que Dieu me pardonne, je renierais même ma foi, ma famille, tout en me traitant intérieurement de lâche. Ce fut plus simple pour ce sergent. Il nourrissait tant de rancoeur et de griefs qu’il répondit complaisamment à ses bourreaux, condamnant l’ordre autant que lui-même.
    Branquier intervint.
    — Prétendez-vous que ce sergent n’était pas l’assassin ?
    — Exactement, mais un simple bouc émissaire. Le roi Philippe ne fut pas attaqué dans le bois de Boulogne ni sur le Grand Pont. Les accusations visaient à faire croire à un sinistre complot. Sagittarius n’existe pas. Pas plus que des groupes secrets ou des sabbats chez les templiers, seulement beaucoup de récriminations qu’un vil Judas ne fut que trop heureux d’exploiter.
    Du coin de l’oeil, il vit l’envoyé français arracher la plume des doigts de son clerc.
    — C’est en Angleterre que le complot prit forme, poursuivit-il. Le roi Édouard avait combattu en Terre sainte autrefois. Les Assassins avaient tenté de le tuer. Ce genre de souvenirs ne s’efface pas aisément, aussi, lorsque les menaces de mort furent clouées à la porte de St Paul, notre souverain y fut-il fort sensible. Le message lui glaça le sang. Il convoqua à York un grand conseil. Il rencontra le seigneur de Craon pour discuter des termes du prochain mariage princier. Son trésor étant vide, il chercha à obtenir un prêt des templiers.
    — Mais ces menaces de mort ? s’écria Branquier.
    — Clouées à St Paul par l’un d’entre vous, le Judas devenu l’agent du roi Philippe.
    — Absurde ! protesta Amaury de Craon. Hypothèses sans fondement !
    — Attendez un peu ! rétorqua Corbett. Une fois à Londres, le traître ne se contenta pas de clouer le message, il acheta également quantité de salpêtre, soufre et autres substances chez certains marchands. Ce templier avait servi en Terre sainte autrefois et connaissait donc ce feu mystérieux qui brûle avec une telle violence que même l’eau ne peut en venir à bout. Lorsqu’on mélange ces substances et qu’on les enflamme, on croit voir jaillir toutes les flammes de l’Enfer.
    — J’en ai entendu parler, dit

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