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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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soir, c’est moi qui serai votre prisonnier quand je vous accompagnerai à York afin de rencontrer le roi Édouard.
    Il inclina la tête.
    — Mais ce n’est pas le motif de votre visite, n’est-ce pas ?
    — Non. Je suis venu solliciter une faveur. J’aimerais que Branquier, Symmes, Legrave et vous rédigiez un compte rendu détaillé de ce qui s’est passé depuis votre arrivée en Angleterre.
    — Pourquoi ?
    — Parce que telle est ma volonté.
    — Qu’est-ce que cela prouvera ?
    — Rien... ou plutôt si, beaucoup, mentit Corbett. Mais dites à vos compagnons qu’après mon entretien avec Messire de Craon, ils vont peut-être souhaiter déposer une plainte contre moi. Ce récit pourra donc s’avérer fort utile.
    Il se dirigea vers le seuil.
    — Ils ont quelques heures devant eux, lança-t-il. En fait, plus de temps qu’il n’en faut avant le crépuscule.
    Il revint à l’hostellerie pour une courte sieste. On lui apporta un repas des cuisines. L’après-midi tirait à sa fin lorsqu’un écuyer de Jacques de Molay lui annonça l’arrivée d’Amaury de Craon. Sir Hugh voudrait-il se préparer à le recevoir ? Une heure plus tard, Corbett, escorté de ses serviteurs, pénétra dans le réfectoire. Les templiers s’étaient déjà réunis autour de la grande table. Craon se leva à l’entrée du garde du Sceau privé, un sourire radieux illuminant ses traits burinés.
    — Sir Hugh, le grand maître m’apprend que vous vous apprêtez à partir, alors qu’il y a des sujets de discussion que nous n’avons pas encore abordés.
    Corbett serra sans enthousiasme aucun la main du Français et refréna l’envie de souffleter ce visage anguleux et retors.
    — C’est un être à double face, avait-il un jour confié à Maeve. D’une part, c’est un envoyé du roi de France, et d’autre part, on décèle, dans ses yeux, la présence du mal et de la perversité.
    Les commandeurs assistaient à l’entrevue, ainsi qu’un des clercs de Craon : un jeune homme pâle, aux yeux de fouine et aux cheveux châtains coupés court, qui, tout vêtu de noir, était là en qualité de témoin pour le compte de son maître.
    Dès qu’ils eurent pris place, Amaury de Craon se leva.
    — Monseigneur, je salue cordialement Sir Hugh Corbett, mais on m’a donné à entendre que vous désiriez me parler et je ne comprends pas très bien la raison de sa présence.
    Le clerc de Craon écrivait déjà, fort occupé à transcrire les protestations de son maître. Molay sourit. Il sembla rajeunir, comme si défier l’envoyé de Philippe l’amusait énormément. Quelles relations entretenait-il avec le roi de France ? se demanda Corbett. Quant à Craon, il se rassit, complètement désemparé par le silence souriant du grand maître.
    — Sir Hugh est ici, déclara enfin Jacques de Molay en se frottant lentement les mains, parce que c’est un chasseur d’âmes et un briseur de secrets.
    Il regarda Corbett.
    — Le temps passe, murmura-t-il. Le soir tombe.
    Corbett s’avança jusqu’au haut bout de la table pour que tous puissent le voir et que lui puisse les surveiller. Selon ses instructions, Ranulf montait la garde sur le seuil en compagnie de Maltote, leurs arbalètes armées appuyées contre le mur.
    — Il y a longtemps, commença Corbett, vivait en France un roi pieux et vaillant – le roi Saint Louis – qui voulut planter l’étendard de la Croix sur les remparts de Jérusalem. Il échoua, périt à Tunis et fut récompensé par la couronne de martyr.
    Amaury de Craon, sa colère oubliée, le dévisageait avec curiosité.
    — À cette époque, poursuivit Corbett, ce saint monarque reçut l’aide des templiers, ce grand ordre de moines-chevaliers dont la règle fut rédigée par saint Bernard lui-même. Ils étaient habités par une vision : la prise et la défense des Lieux saints en Palestine. Les années passèrent, la roue de la fortune tourna... et le rêve du roi actuel, Philippe le Bel, descendant de Saint Louis, est plutôt de voir flotter ses bannières sur les tours de Londres et d’Anvers.
    — C’est intolérable ! s’écria Craon en bondissant.
    — Rasseyez-vous ! commanda Molay d’un ton tranchant, et veillez à ne plus nous interrompre, Messire.
    — Mais ce rêve s’écroula, reprit Corbett d’une voix égale. Aussi le roi de France tissa-t-il une autre toile. Ce qu’il ne pouvait acquérir par force, il l’acquerrait par ruse. Sa fille doit épouser le

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