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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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saint aïeul se porta au secours des Lieux saints en Palestine. Et puis cela : il y a dix-huit mois à peu près, le roi Philippe, qui est veuf, a demandé à faire partie de notre ordre.
    — Pourquoi ? s’exclama le magistrat.
    — Pour la gloire. Pour notre trésor, peut-être. Ou pour percer à jour notre grand secret.
    — Quel grand secret ?
    Jacques de Molay échangea un regard avec Branquier et affirma avec calme :
    — Il est digne de le connaître.
    L’argentier poussa un bruyant soupir.
    — J’en ai décidé ainsi, annonça Molay.
    Délaçant le col de sa chemise, il sortit un petit reliquaire en or, au côté recouvert de verre épais, et le plaça sur la table. Il approcha la bougie.
    — Qu’est-ce ? s’enquit Corbett.
    — Un morceau de la vraie croix, révéla Jacques de Molay. Sauvé avant que nous perdions celle-ci à la bataille de Hattin. Posez-y la main.
    Corbett s’exécuta.
    — Jurez de ne jamais parler à âme qui vive de ce que vous allez voir ce soir, ni d’y faire la moindre allusion.
    — Je le jure !
    Corbett savait qu’ils allaient lui révéler leur grand secret, source de leurs rites mystérieux et explication des cérémonies célébrées au beau milieu de la nuit.
    — Je le jure, par la Croix de Notre-Sauveur ! répéta-t-il.
    Jacques de Molay remit le reliquaire autour de son cou et, sans ajouter une parole, Branquier et lui quittèrent la salle, suivis de Corbett. Ils gravirent l’escalier jusqu’à la galerie qui menait à la chambre secrète, bien gardée par une compagnie de soldats. Le grand maître ouvrit la porte à clef, mais ne fit pas entrer Corbett. Il ressortit, les bras chargés de la tapisserie qu’avait remarquée Corbett lors de sa précédente visite. Les soldats, immobiles comme des statues, baissèrent la tête sur leur passage, avant qu’ils ne montent un autre escalier et pénètrent dans une chapelle secrète. La tapisserie fut suspendue à un petit crochet encastré dans le bord de l’autel surélevé. Les torches murales et les bougies illuminèrent soudain la pièce obscure. Trois coussins furent placés par terre. Branquier fît signe à Corbett de s’agenouiller et l’imita. Jacques de Molay manipula le cadre en bois de la tapisserie. Il l’ôta pour découvrir un morceau de lin pâle. Corbett vit que le tissu, très vieux, était jauni par le temps et devina un vague contour dessus. Molay posa deux bougies de chaque côté du linge, mettant en relief l’image qu’il représentait. Il vint s’agenouiller près de Corbett.
    — Contemplez, Sir Hugh ! Contemplez et adorez !
    Corbett se concentra. Tout d’un coup, il oublia jusqu’à l’existence de ses compagnons et de la pièce. Ses yeux s’habituèrent au contraste entre le clair et le sombre. Son coeur battit à tout rompre et il eut des sueurs froides. Comme peinte avec une substance couleur rouille, l’image représentait une face couronnée d’épines. Les paupières étaient fermées, les cheveux emmêlés et sanglants encadraient un visage allongé. Le nez, pincé dans la mort, surmontait des lèvres charnues, entrouvertes, et les hautes pommettes portaient encore la marque des coups, des ecchymoses et des plaies. Molay et Branquier se prosternèrent en chantant le cantique : « Nous T’adorons, ô Seigneur, nous Te louons Toi qui as apporté Ta rédemption au monde par Ta sainte Croix. »
    Corbett ne pouvait détacher son regard de l’image. On aurait dit qu’elle était vivante. S’il tendait la main et la touchait, la tête bougerait certainement, le visage s’animerait, les yeux s’ouvriraient.
    — Est-ce... ? murmura-t-il.
    Il se souvint alors des récits et des légendes sur le linge sacré qui avait couvert la face du Crucifié. D’aucuns le disaient à Lucques, en Italie. D’autres à Rome, Cologne ou Jérusalem, Molay se releva. Il laissa Corbett à sa contemplation avant d’éteindre les bougies et de cacher, derrière la tapisserie, le visage inoubliable. Il s’assit sur la petite estrade, en face de Corbett.
    — Vous ne rêvez pas, déclara-t-il à mi-voix. C’est le Mandylion, le linge dont Joseph d’Arimathie et Nicodème recouvrirent le visage du Christ dans son tombeau, le linge qui a gardé l’empreinte de la Sainte Face. On le dissimula pendant des siècles, mais lors du Sac de Constantinople en 1204, il fut remis à notre ordre.
    Ses mains soulignèrent son propos.
    — Voici ce que nous vénérons, la nuit. Voici

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